Andre Iguodala: le parcours d’un MVP

MVP des dernières NBA Finals, Andre Iguodala est devenu, au fil des années, l’un des symboles d’un nouveau type de joueur dont la principale qualité est une polyvalence hors-du-commun. Petit retour sur son parcours, son histoire, et son évolution, entre Springfield (Illinois), Glendale (Arizona), Philly, Denver et Golden State.


Un athlète brillant, un étudiant sérieux

Né le 24 janvier 1984 à Springfield, capitale de l’Etat de l’Illinois, Andre Iguodala grandit, comme presque tous les gosses de sa génération (et encore plus ceux de l’Illinois), au rythme des coups d’éclat de Michael Jordan. Il fréquente la Lanphier High School, et ses performances sur le parquet attirent l’attention de plusieurs universités, sans toutefois le placer parmi les meilleurs joueurs de sa promo (26ème selon Scouts.com, et 6ème SF). Déjà, Andre Iguodala présentait un potentiel physique impressionnant, lui qui brillait aussi bien sur les pistes d’athlétisme, que sur les parquets ou dans les salles de cours.

arizona

Après avoir longuement hésité entre Arkansas et Arizona, il opte finalement pour rejoindre les Wildcats de l’Arizona en 2002. Si de nombreux colleges ont été refroidis et peinaient à voir en Iguodala plus qu’un athlète transféré sur un terrain de basket, Luke Walton (nouveau coéquipier et à Arizona depuis 1999) balançait en 2002:

Luke Walton (Arizona, de 1999 à 2003): Au moment où il sortira d’ici, il sera l’un des meilleurs joueurs à avoir évolué dans cette équipe.

Sans vraiment devenir une terreur des parquets au niveau national, il s’impose comme l’un des joueurs les plus polyvalents du roster (qui compte également Luke Walton et Channing Frye, entre autres) et de la Pac-10 dès sa freshman year. Il poursuit sur sa lancée en 2003-04, terminant la saison en étant nommé dans la All-Pac-10-First Team, après avoir terminé meilleur rebondeur, passeur et intercepteur à Arizona. La polyvalence du bonhomme explose durant cette saison: il rend 3 triple-double sur la saison, rejoignant Jason Kidd comme seul joueur de l’histoire de la Pac-10 à compiler plus de 2 triple-double sur une saison.

Après cette deuxième saison à Arizona, Andre Iguodala engage l’agent Rob Pelinka (qui travaillait déjà avec Kobe Bryant, Carlos Boozer, entre autres) pour le représenter en vue de la draft 2004.


AI-to-AI: quand Iggy retrouve The Answer

slam dunk contestEn 2004, Andre Iguodala est sélectionné au 9ème rang (juste après Rafael Araujo, pris en 8ème position par les Raptors) par les Sixers. Le choix des Sixers est critiqué par certains. Dick Vitale, mythique commentateur désormais membre du Basketball Hall of Fame, s’avance sur le sujet.

Dick Vitale: Iguodala tirait à 27% de réussite à 3 points en NCAA. Il sera incapable de s’en sortir en NBA.

A Philadelphie, il tombe dans une équipe en souffrance, entre un Allen Iverson plus esseulé que jamais, un Chris Webber plus souvent à l’infirmerie que sur les parquets et des roles players devenus colonels, tels Kyle Korver, l’intérieur Marc Jackson ou Corliss Williamson.

Dans ce contexte, Iguodala devient rapidement un starter incontournable: il joue – et est dans le starting five – des 82 matchs de la saison. Il fait preuve d’une polyvalence remarquable pour un rookie, rendant à la fin de la saison des moyennes de 9 points, 3 assists, 5,7 rebonds, 1,7 steals par match. Ses perfs lui permettent de finir 4ème au classement du Rookie de l’année, et il valide son ticket pour la All-Rookie Team, aux côtés de Luol Deng, Dwight Howard, Emeka Okafor et Ben Gordon.

Iguodala s’épanouit à Philly, aux côtés de Allen Iverson. Polyvalent balle en main et athlétiquement hallucinant, il s’impose parmi les fans avec son style de jeu aérien et spectaculaire. MVP du Rookie Challenge en 2006, il perd en finale du Slam Dunk Contest face à Nate Robinson. Moins épisodique, la connexion AI-to-AI (Allen Iverson to Andre Iguodala) devient un classique:

Aux côtés de Iverson, Iguodala grandit, se développe, s’impose. Sa polyvalence, ainsi que son énorme moteur physique (il démarre 486 des 492 matchs de ses 6 premières saisons, avec près de 40 minutes par match en moyenne), le posent comme bras droit de Iverson, et comme légitime successeur de The Answer à Philly.

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Après deux ans et demi ensemble, dans une franchise pataugeant au milieu de la conférence Est, les deux AI sont séparés avec le transfert de Iverson vers Denver en décembre 2006. Iguodala devient le leader de la nouvelle génération de Sixers, épaulé par Lou Williams (drafté en 2005) et Thad Young (drafté en 2007); il lui incombe la lourde tâche de faire oublier Iverson. Iguodala s’en sort bien dans son nouveau rôle. Toujours aussi polyvalent et présent partout sur le parquet, il maintient les Sixers au milieu de la conférence Est, tout en réussissant à intégrer le Team USA, en route vers le titre mondial 2010 et les JO 2012.

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Un peu à l’image de leur leader, ni incroyablement bons, ni excellemment mauvais, les Sixers ont un roster jeune dont on peut légitimement attendre de belles choses. La saison 2011-12 en est l’illustration, Philly est une franchise qui, avec ses jeunes Lou Williams, Jrue Holiday, Thad Young, Nik Vucevic, Evan Turner, Jodie Meeks, termine enfin au-dessus de la barre des .500 et passe un tour de playoffs. Individuellement, il se fait une petite réputation: nommé dans la All-Defensive Second Team en 2011, il est sélectionné par les coachs pour le All-Star Game en 2012.

Si, sur les parquets, les Sixers peuvent entrevoir le bout du tunnel, dans les coulisses, c’est une autre histoire. Dans un roster limité par un surplus d’ailiers et un manque de poids inside, les Sixers sacrifient Iguodala dans le deal envoyant Dwight Howard aux Lakers. Les Sixers envoyaient ainsi Iggy à Denver, Vucevic à Orlando, et recevaient en échange Andrew Bynum et Jason Richardson (entre autres, le deal impliquant 4 équipes en plus de 15 joueurs).


Un petit tour et puis s’en va à Denver…

nuggetsIl débarque durant l’été 2012 dans le Colorado au sein d’un roster riche et dense, dans une franchise qui cherche à passer un cap pour pouvoir jouer le titre après 8 éliminations au premier tour des playoffs lors des 9 dernières saisons. Entre autre, il rejoint des Ty Lawson, Andre Miller, Danilo Galllinari, Kenneth Faried et Wilson Chandler.

Starting SG, il vit à Denver une saison de transition. Chef de file à Philly, il devient la troisième option offensive sous les ordres de George Karl derrière Lawson et Gallinari. Si statistiquement AI est en déclin, son rôle change, et la dimension défensive devient de plus en plus présente dans cette conférence Ouest bien plus dense. Mais bon, George Karl n’est pas réputé pour être le coach mettant le plus l’accent sur la défense. Et comme c’est bien souvent le cas avec ces équipes portées sur l’offense, les succès de la saison régulière (57-25, 3ème de la conférence ouest) ne se traduisent pas en playoffs. Au premier tour, les Nuggets, privés de Gallinari, retrouvent les Warriors de Mark Jackson (avec, déjà, Steph Curry, Klay Thompson, Andrew Bogut, David Lee, Harrison Barnes et Draymond Green) et, malgré l’avantage du terrain, se font sortir 4-2…

Free agent à la fin de cette saison, Iggy est rapidement sollicité par les Warriors. Il rejoint la Californie le 10 juillet 2013 dans un sign-and-trade impliquant Warriors, Nuggets et Jazz.


Les Warriors: la route vers les sommets

En Californie, la transformation d’Iguodala se poursuit. Dans un roster rempli de potentiels offensifs démentiels (Steph’ Curry, Klay Thompson et David Lee en tête), il enfile un nouveau costume: SF essentiellement défensif et intimidateur, dans le style de ce que fait un Tony Allen à Memphis ou faisait Ron Artest il y a quelques années. Sous les ordres de Mark Jackson, Iguodala est le starting SF, avec comme backups les rookies Draymond Green et Harrison Barnes.

Forcément, avec ce nouveau statut de chien de garde N°1 en charge de garder les ailiers les plus performants de la Ligue, Iguodala change radicalement de style de jeu. La transformation entrevue à Denver se confirme: les stats ‘bruts’ sont en baisse, mais il impose son style et sa présence. Golden State, 27ème rating défensif en 2011-12 et 14ème en 2012-13, devient la 4ème défense de la Ligue en 2014. Ces progrès sensationnels en défense sont, en partie à tout le moins, la conséquence des arrivées de Bogut en 2012 et de Iguodala en 2013. Cette évolution permet aussi de grandement crédibiliser les Warriors dans la masse d’outsiders à l’ouest.

Statistiquement, donc, Iguodala semble en chute libre. Lui qui tournait à Philly à du 20-5-5 lors de ses plus impressionnantes saisons devient une option offensive marginale. Moins gourmand, il devient diablement plus efficace, permettant aussi à Curry et Thompson de briller de plus belle.

Il adopte son nouveau rôle, et ses qualités sont reconnues par les insiders, qui le propulsent dans la First NBA All-Defensive Team, aux côtés de Chris Paul, Paul George, Serge Ibaka et Joakim Noah.

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Demi-finaliste à l’Ouest la saison précédente, les Warriors livrent une belle saison, améliorant leur record de 2012-13 en signant un 51-31 (mais ne leur offrant pas l’avantage du terrain lors du premier tour). Ils retrouvent alors les Clippers, vainqueur de la Pacific Division avec un bilan de 57-25. Privés de Bogut, les Warriors parviennent à pousser les Clippers au game 7 décisif. Ils s’inclinent sur le fil 126-121 au Staples Center, dans un duel âprement disputé qui restera le dernier match de Mark Jackson sur le banc de la franchise.

Exit donc Jackson, et Steve Kerr rentre sur la photo pour le remplacer sur le banc. Et qui dit changement de coach, dit redistribution des cartes et des responsabilités dans le roster. Et l’un des principaux changements apportés concerne directement Iguodala qui, littéralement pour la première fois de sa carrière, démarre les rencontres sur le banc, Steve Kerr préférant le starting five composé de Steph Curry-Klay Thompson-Harrison Barnes-Draymond Green-Andrew Bogut.

La suite, on la connait tous: Iguodala sort du banc lors des 77 rencontres de saison régulière qu’il joue, ainsi que lors des 3 premiers tours des playoffs. Les Warriors sont parfaits en saison régulière (67-15) et survolent leurs adversaires en playoffs.

Et lors des Finales face aux Cavs de LeBron James, le scénario est le même: Andre démarre les rencontres sur le banc. Mais ici, l’équipe perd rapidement l’avantage du terrain. Et Steve Kerr procède à un changement de sa rotation: passant sur un modèle small ball, il intègre Iguodala dans le starting five à la place de Bogut, décalant Barnes en 4 et Green en 5. Andre « muselle » LeBron et, presque à lui seul, renverse la série avec son énergie illimitée et sa « fraîcheur » bien conservée durant saison régulière. Et de remporter le titre de MVP des Finals, au nez et à la barbe des flashy Splash Brothers ou de Lebron James.


En bref…

Parcours

  • 2002-2004: Arizona (NCAA)
  • 2004-2012: Philadelphia Sixers
  • 2012-2013: Denver Nuggets
  • Depuis 2013: Golden State Warriors

Palmarès

  • 2015: NBA Champions (Golden State Warriors)
  • 2015: MVP des NBA Finals (Golden State Warriors)
  • 2014: All-Defensive First Team (Golden State Warriors)
  • 2012: Médaille d’or aux Jeux Olympiques (Team USA)
  • 2012: All-Star Game (Philadelphia Sixers)
  • 2011: All-Defensive Second Team (Philadelphia Sixers)
  • 2010: Vainqueur des Championnats du Monde (Team USA)
  • 2006: MVP du Rookie Challenge (Philadelphia Sixers)
  • 2005: All-Rookie First Team (Philadelphie Sixers)
  • 2004: First-team All Pac-10
  • 2002: Vainqueur du Tournoi des Amériques U18 (Team USA)

Ecrit par:

Max

1 commentaire

  1. N.K -  26 juillet 2015 - 18:31

    Il a surtout volé le trophée à Lebron James, faut le retenir. Il retourne la série à lui seul avec sa défense. C’est quand même l’histoire d’un mec qui n’a jamais aimé être le leader dans son équipe et qui s’épanouit en laissant les égos s’exprimer devant lui.

    Toujours humble, toujours fort, jamais vraiment dans la duperie et physique avec ça. Andre!

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