Ray Allen – He Got Game

Du Big Three des Celtics des années 2000, seul Paul Pierce reste encore actif en NBA à ce jour. Car, après de nombreux mois de tergiversation et d’aussi nombreuses sollicitations de contenders, Ray Allen a décidé de mettre fin à sa carrière. Un des plus grand sharpshooter de l’Histoire du basket s’en va, retour sur son parcours et ses exploits.


UCONN ET LA RIVALITÉ AVEC IVERSON

Walter Ray Allen Jr. est né le 20 juillet 1975 dans une base militaire près de Merced en Californie, où ses parents vivent à travers la carrière militaire du paternel. Il est le troisième d’une fratrie de cinq, vivant une enfance heureuse. Il a pu voyager grâce aux mutations de son père, notamment en Angleterre, où il se familiarise pour la première fois avec les sports collectifs et plus particulièrement le football américain, où il excelle déjà par ses qualités athlétiques.

Il joue au football, au baseball, et intègre rapidement les circuits de jeunes. Il choisit le basket de retour en Californie pour ses 10 ans, sa mère le voit jouer et admire son talent, elle voit qu’il a quelque chose en plus que les autres jeunes, tout en insistant sur l’importance de suivre le parcours académique du jeune Ray. A 12 ans, il est remarqué par un certain Phil Pleasant, alors éducateur pour jeunes dans le sud de la Californie, qui lui apprend les fondamentaux sur son temps libre. A l’approche de ses 15 ans, il intègre le lycée Hillcrest du Sud de la Californie où il plante 18pts par match pour son coach James Smith.

facebook_27669Il devient rapidement la star du lycée, reconnu pour ses qualités athlétiques mais aussi et surtout pour son QI basket très élevé ainsi que sa capacité à être un leader naturel dans le vestiaire. Au printemps 1993, après sa saison junior (18 ans), il apprend que sa bien-aimée est enceinte, lui indiquant de nouvelles priorités, notamment celle de décrocher un diplôme universitaire. Il réussit à décrocher une bourse grâce à son talent de basketteur en travaillant plus dur que jamais, ses parents le suppléant dans son rôle de jeune père à multi-casquettes. Il se révèle au camp Nike d’Indianapolis abritant la graine des champions de la nation, écrasant la compétition de son jeu versatile.

Ses entrainements s’intensifient à mesure qu’il réalise le travail à abattre pour arriver en NBA: il continue de fortifier son corps et son mental. On dit de lui qu’il est l’un des joueurs les plus intelligents de Californie, Hillcrest terminant la saison à 26-4 pour aller en final pour le titre de Champion D’État, une première dans leur histoire. Ray termine le match avec 25pts-12rbds pour donner aux « Rams » leur titre de Champion.

La hype est réelle autour du phénomène Allen, ce dernier choisi de continuer ses études à UConn (Connecticut), en dépit de plusieurs grandes universités le courtisant, notamment Rick Pitino et Kentucky. C’est un assistant de Jim Calhoun qui va convaincre les Allen de faire venir leur prodige à UConn, en s’intéressant à la vie du jeune homme et à sa famille. Calhoun promet à Ray que les « Huskies » seraient SON équipe pour au moins deux années s’il décide d’y aller. Il rejoint à l’été 94 une équipe de Connecticut qui sort d’une saison prometteuse, sous la houlette de Donyell Marshall (meilleur joueur de la Big East) et de l’arrière israélien Doron Scheffer.

Les Huskies débutent par huit victoires consécutives après une défaite contre Ohio, Ray fait partie de la seconde escouade où il a toute latitude pour exprimer ses talents de scoreur (12.6pts, 4.6rbds). Fin février 95, UConn est la deuxième meilleure équipe du pays (2nd seed à la March Madness), échouant au TOP 16 après des lancers manqués de Donyell Marshall face aux Gators de Glenn Robinson (élu joueur de l’année). La décision de Marshall de faire le grand saut en NBA la saison suivante permet de donner les rênes de l’équipe à Allen, au poste 3: il claque 21.1pts par match accompagnés de 6.8rbds, 2.3ast, 1.9st et un sacré shooting longue-distance: 44.5% de réussite avec 2.7 paniers primés convertis pour 6 tentés.

UConn va créer l’upset en battant Duke d’entrée de jeu en saison régulière, grâce à sa défense et son nouveau leader offensif. Les Huskies passent premier des ranking pour la March Madness en restant invaincus plus longtemps que n’importe quelle autre équipe cette année là. La Big East leur revient, mais la défaite les attend au tournant, à cause du Némésis d’Allen, un certain Kerry Kittles des Wildcats:


UConn est donc 2nd seed, Ray continue de tenir son équipe à bout de bras claquant 36pts contre UCLA mais il est esseulé, défaite logique en fin de compte. Naturellement, beaucoup de médias mentionnent son nom comme un Top prospect à l’horizon NBA, avec Michael Finley et Jerry Stackhouse. Après mûre réflexion en compagnie de ses parents, il choisit de rester une année de plus à l’université, admettant plus tard qu’il n’était pas sûr d’être prêt à 100% pour jouer avec les professionnels. Calhoun va alors construire une équipe autour de sa star pour l’épauler offensivement.

Cet été 1995 est l’occasion pour Ray de rejoindre Team USA aux championnats du monde Japonais universitaires où il est nommé capitaine. On retrouve Tim Duncan et Allen Iverson dans cette équipe, et les jeunes américains vont remporter une médaille d’or facile avec un bilan de 8-0, Ray compilant plus de 15pts par match. La rivalité Allen-Iverson est alors montée en épingle par plusieurs médias pour attirer l’attention sur ces deux prodiges, qui se retrouveront sur les terrains NCAA. UConn va alors remporter 23 matchs consécutifs porté par un Ray Allen en pleine maturation de son jeu longue-distance (23.4pts, 6.5rbds, 3.3ast, 1.7st et 3.3/7.1 à 3pts en moyenne, 46% de réussite)!

Entre les Huskies d’Allen et les Hoyas d’Iverson, la bataille est rude. La Hype autour du duel Allen-Iverson est totale, on se bat à savoir qui sera le numéro #1 de la draft 1996 entre les deux bougres, en finale du tournoi de la Big East:


Le bilan 30-2 des Huskies leur permet d’être top seed pour la March Madness, mais l’histoire se termine contre le trio Erick Dampier – Dontae Jones et Darry Wilson de Mississippi State. Ray Allen intègre la First-Team All America, sans problème. Son coach, Calhoun, tente de le convaincre de jouer la saison sénior mais Ray ne veut plus attendre, il annonce se présenter à la draft, les Workout se passant très bien notamment avec les Raptors.


HE GOT GAME, TRUE DAT

La Draft NBA 1996 est exceptionnelle par la densité de talents présents: Iverson, Marbury, Camby, Abdur-Rahim, Twane Walker, Stojakovic, Nash, Kobe Bryant….et bien sûr, Ray Allen. C’est Allen Iverson qui a les honneurs du first pick des Sixers, puis Camby et SAR…on se demande quand viendra le tour d’Allen, qui espère tenir jusqu’au pick 6 des Celtics. Cependant, son destin n’est pas entre ses mains, les Bucks et les Wolves respectivement 4ème et 5ème pick, décident d’un deal pendant la draft pour échanger Marbury contre Ray Allen, car les loups du Minnesota veulent associer deux amis, Marbury et Garnett.

On rappelle le contexte: les Bucks ont deux grands joueurs dans leur roster: Glenn Robinson et Vin Baker, plus le vétéran Sherman Douglas, et veulent vraiment ajouter Ray à leurs côtés. Ce dernier est évidemment titulaire dès le début de la saison NBA dans l’équipe de Chris Ford. Comme le destin fait bien les choses, le premier match est un duel Bucks-Sixers:


La victoire est au bout pour les Bucks, qui bénéficient des 13pts d’Allen et d’un 3pts décisif du rookie. Il va beaucoup artiller sur cette première saison, au fur et à mesure que l’équipe perd pied en terme de compétitivité (terminant à 33-49), il rend 13.4pts par match à 43% de réussite, 4rbds, 2.6ast et 39% à 3pts, son point fort, toujours. Il intègre logiquement l’équipe All-Rookie pour son apport.

Durant l’été, Spike Lee approche Allen pour lui parler de son projet de film « He Got Game » où l’on suivrait les pas d’une jeune star du basket incarné par Ray et ayant comme mentor son père, joué par Denzel Washington. D’autres joueurs ont été approché: Iverson, Marbury et Garnett, pour incarner Jesus Shuttlesorth. C’est Ray Allen qui décroche le rôle, il réussit à caler 1-2h d’entrainement par jour malgré les tournages et fera partie d’un film iconique du basket de l’époque.

Les Bucks entrent dans la saison 1997/98 avec un nouveau look: Vin Baker et ses soucis d’alcool ne sont plus là, Terrell Brandon intègre avec Ervin Johnson et Tyrone Hill le roster. Le 5 majeur est limpide, Ray assigné au poste 2 puisque Glenn Robinson est SF. Le trio Brandon-Allen-Robinson pousse à des sessions de tirs longue-distance ininterrompues, d’autant que les blessures (Robinson/Brandon) obligent Chris Ford à faire jouer Ray Allen sur plusieurs postes, même celui de meneur….

A la fin de la saison, Allen est le seul à tenir le choc: deux saisons de suite avec 82 matchs joués, une augmentation nette de ses statistiques, claquant 19.5pts par match, 4.9rbds, 4.3ast, 1.4st, et surtout seize tirs par match (1.6/4.5 à 3pts). Milwaukee reste néanmoins cantonné aux bas fonds du classement (36-46) et manque les Playoffs. Le film « He Got Game » rend célèbre auprès du grand public à l’été arrivant notre jeune star en devenir, probablement une bonne chose puisque le lockout NBA était en cours. Les Bucks vont profiter de ces 50 matchs pour faire des changements: Ford est remplacé par un coach synonyme de victoires, George Karl.

La Conférence Est de 1999 est une autoroute tracée pour une Finale puisque Jordan et les Bulls ne sont plus. Les Bucks font alors l’acquisition de Sam Cassell en tradant Brandon, pour créer un Big Three hautement qualitatif avec Cassell – Allen – Robinson.


Karl réussit sa prise en main (28-22), Allen trouvant son rôle plus adéquat en shootant moins (17ppg) mais beaucoup mieux (45%), en étant le quatrième joueur le plus adroit aux lancers-francs de la NBA (90.3%). Milwaukee fait logiquement les Playoffs, et Ray réalise une post-saison impressionnante malgré une élimination rapide contre les Pacers: 22.3pts, 7.3rbds, 4.3ast avec un impressionnant 47.4% à 3pts (3.0/6.3). Le coach des Pacers de l’époque, Larry Bird, confiera à la presse qu’Allen est définitivement un des meilleurs shooteur de la ligue.


UN BIG THREE DE RENOM

Les Bucks ont un trio qui est prometteur et entrent dans une saison 1999/00 avec encore plus de pression pour Ray Allen, qui murit dans son jeu offensif. Il devient le leader de l’équipe avec 22.1pts par match (quatrième meilleur scoreur de la NBA) et claque 172 tirs à 3pts dans la saison, seulement battu par les 177 de Gary Payton. Il est logiquement sélectionné en tant qu’All-Star pour la première fois de sa carrière (14pts en 17mins) pour cette année de la confirmation.

Sam Cassell et Glenn Robinson sont sur la même longueur d’onde tandis que Tim Thomas sort du banc pour devenir un des meilleurs sixièmes homme de la ligue. Néanmoins, la poisse ne lâche pas cette équipe et les blessures font encore leur apparition. Les Bucks sont à l’équilibre (42-40), suffisant pour les Playoffs, afin de recroiser une nouvelle fois le fer contre les Pacers de Reggie Miller. Les Bucks poussent la série au Game 5 mais la fin de match est un crève-cœur pour Allen et ses coéquipiers:

Ray Allen avait pourtant réalisé une bonne série cette fois encore (22pts, 6.6rbds, 2.6ast, 1.6st à 38% à 3pts et 91.9% aux lancers). Il décide de passer l’été à se préparer pour les Jeux de Sydney avec Team USA. Il est rapidement un pilier de l’effectif avec 10ppg et plus de 50% de réussite à 3pts pour arracher la médaille d’or contre la France.

De retour en NBA pour la saison 2000/01, le cinq majeur des Bucks ressemble à quelque chose de très prometteur avec le trio Cassell-Allen-Robinson qui trouve des relais de choix en Tim Thomas et surtout la défense de Earvin Johnson et Lindsey Hunter. L’équipe remporte 49 des 70 derniers matchs de la saison après un début compliqué, et emporte son premier titre de division depuis 1986, terminant notamment en battant les Lakers (Bryant/Shaq), Jazz (Stockton/Malone), Kings (Stojakovic/Webber) et Spurs (Duncan/Robinson) tout en sécurisant l’avantage du terrain (31-10 à domicile).

Ray explose par une efficacité de tous les matchs, il score 22pts de moyenne à 48% au shoot dont 43% à 3pts (2.5/5.7) et 88% aux lancers, en sus de ses 5.2rbds, 4.6ast et 1.5st. Son jeu est dépouillé de tout le déchet qu’il a pu connaitre en étant souvent le dernier recours des Bucks; il est à présent entouré, sans blessé notoire. Il continue d’être un Iron man, jouant 366 matchs consécutifs à l’époque, et une équipe à sa disposition pour gagner.

En Playoffs, les Bucks passent le Magic de T-Mac puis les Hornets de Baron Davis viennent poser plusieurs complications. La série est remportée en sept matchs au final, Glenn Robinson ayant élevé son niveau de jeu pour l’occasion. Il ne reste alors qu’un adversaire avant d’aller en Finals, et ce sont les Sixers d’Allen Iverson qui se présentent, le coup du sort, une fois encore. Les Bucks ont les faveurs des insiders et naturellement, le suspense dure jusqu’au Game 7. Là, l’Histoire s’écrit avec Allen Iverson:


Allen réalise pourtant une campagne de Playoffs exemplaire, il tourne alors à 25.1pts par match avec 47.7% de réussite au shoot et un impressionnant 47.9% à 3pts (3.2/6.6!!), 91.9% aux lancers-francs, le tout agrémenté de 4.1rbds, 6ast et 1.3st. Il est partout sur le terrain et se charge surtout d’être d’une propreté éclatante. La seule critique qui apparait à son égard concerne son rôle de leader, pas assez affuté et tyrannique avec ses coéquipiers selon certains.

Cette saison était la dernière avec un bilan positif des Bucks de Ray Allen. Malgré neuf victoires en dix matchs pour l’ouverture de  la saison 2001/02, un trio qui s’entend bien et performe, un jeune Michael Redd prometteur dans l’effectif….ce sont les blessures qui ruinent toutes chances de réitérer l’exploit de l’année passée. Allen, Tim Thomas et Michael Redd seront tous trois touchés au genou au cours de la saison, Cassell se traine une blessure lancinante au pied et Glenn Robinson se foule la cheville à plusieurs reprises. Seul Anthony Mason joue ses 82 matchs, et George Karl ne peut rien faire à part croiser les doigts pour le 8ème spot. 14 défaites sur les 19 derniers matchs tuent ce mince espoir.

Anthony Mason sera le plus virulent face à une dernière bévue contre les Pistons, dernier match leur permettant une qualification en Playoffs, et le front office des Bucks entend son message à l’été: Glenn Robinson s’en va aux Hawks – pour former un nouveau trio avec Jason Terry et Shareef Abdur-Rahim – tandis que Tim Thomas devient titulaire. Ray Allen devient l’option offensive numéro une, on lui demande d’être bien plus agressif au panier et d’attaquer frénétiquement tel Iverson.

Résultat: il se plie la cheville et ne revient qu’en janvier. Une blessure qui le titillera toute la saison, ne lui permettant pas d’être aussi explosif sur ses départs en dribble qu’auparavant et ses adversaires le voient, ça. Nouveau constat: ses pourcentages sont en chute libre: il score 22.5pts par match (son plus haut) mais aux dépens de pourcentages suspects avec 43.9% au tir, 37% à 3pts (en sortant de deux saisons à plus de 40%). Il n’est pas connu pour être un grand défenseur, cette blessure ne l’aide pas, les Bucks ne sont pas contents. A la deadline du 20 février, les Bucks réalisent un gros trade: ils envoient Ray Allen et Kevin Ollie aux Sonics en échange de Gary Payton et Desmond Mason.


UN NOUVEAU SHOOTEUR S’IMPOSE

C’est au Seattle SuperSonics que Ray Allen va connaitre le pinacle de sa carrière de scoreur. Plus impliqué, il rejoint un roster qui avait l’habitude de tout faire transiter à travers Payton. A présent, on court, on court et on court. Il atterrit dans une équipe en reconstruction, qui pense former un duo avec Allen et Rashard Lewis. Les Sonics finiront à 18-12 suite à l’arrivée d’Allen, et lui apporteront du soutien avec deux picks de la draft: Nick Collison, intérieur polyvalent et plus intéressant, le passing d’un Luke Ridnour.

Il faut cependant du temps pour reconstruire, on fait confiance à Nate McMillan pour réaliser la construction d’un objet gagnant Sonics. Ray manque cependant les 25 premiers matchs de la saison 2003/04 à la suite d’une arthroscopie du genou. Son retour en forme est rapide et il devient le leader offensif des Sonics avec 23pts (44%/39%/90%), 5.1rbds, 4.8ast, 1.3st avec le concours de Ronald Murray (18ppg), Rashard Lewis (17.5ppg, 1.3 3PTM) et le valeureux Radmanovic. Ce n’est pas la jouissance d’un effectif hautement qualitatif comme aux Bucks, dans une Conférence Ouest bien plus compétitive que la Est, il a donc fallu faire une croix sur les Playoffs (37-45) pour la septième saison consécutive du côté de Seattle.

Allen développe un jeu plus complet en tant que Sonics, il remonte le ballon, score, rebonde, passe, et prend surtout à cœur d’embrasser un vrai rôle de leadership qu’on lui confie. Sa confiance allant de paire, il pousse ses jeunes coéquipiers à exceller et son partenaire, Rashard Lewis, à devenir son meilleur alliée offensif possible.

SEATTLE - APRIL 26: Ray Allen #34 and Rashard Lewis #7 of the Seattle SuperSonics rest against the Sacramento Kings in Game two of the Western Conference Quarterfinals during the 2005 NBA Playoffs April 26, 2005 at Key Arena in Seattle, Washington. The Sonics won 105-93 to take a 2-0 series lead. NOTE TO USER: User expressly acknowledges and agrees that, by downloading and or using this photograph, User is consenting to the terms and conditions of the Getty Images License Agreement. Mandatory Copyright Notice: Copyright 2005 NBAE (Photo by Jeff Reinking/NBAE via Getty Images)

Un changement déterminant qui se retranscrit dans les chiffres: les Sonics font une saison 2004/05 de rêve, terminant à 52 victoires et en tête de la Northwest. Ray Allen joue 78 matchs, enquille plus de 3000 minutes de jeu et tourne à 23.9pts (10ème meilleur scoreur de la ligue), 4.4rbds, 3.7ast mais des pourcentages en chute libre du fait qu’il tente 19.2 tirs par match. L’équipe le prolonge pour une extension de 5 ans et 80M$ sans sourciller.

Seattle passe le premier tour en écartant les Kings de la belle époque mais se retrouve face aux futurs champions, les Spurs de Tim Duncan, défaite en six matchs (quand même!)

Allen n’aura pas démérité, élevant son niveau de jeu comme à chaque campagne post-saison. Il score 26.5pts par match à 47% de réussite au tir dont un plus haut en carrière de 2.8 tirs à 3pts convertis pour 7.5 tentatives! Il ne le sait pas encore mais c’est la première et dernière fois qu’il connaitra le goût des Playoffs avec les Sonics.

Car oui, cette superbe campagne n’était en fait qu’une fulgurance, il n’y aura plus de saison à 50 victoires aux Sonics. A l’été, Nate McMillan accepte un job mieux payé aux Blazers et se voit remplacé par Bob Weiss qui durera moins de la moitié de la saison avant de laisser son poste à Bob Hill. Des noms qui ne font pas rêver. Les Sonics vont réaliser une horrible saison 2005-06 (35-47), laissant le tandem Allen-Lewis claquer 40-50 points par match, voire plus.

Ray va connaitre ses deux saisons les plus prolifiques offensivement parlant à partir de cette saison, il termine à 25.1 pts de moyenne et des pourcentages de toute beauté l’accompagnent (45% au tir, 41.2% à 3pts avec 8.4 tirs par match!! 90% aux lancers), une chose rare pour le volume de jeu qu’il abat.

Comment oublier ce tir dans ce match dantesque contre les Suns en double prolongation?


En coulisse, les Sonics sont vendus à Clay Bennett, un business man qui cherche à faire revenir une franchise à Oklahoma City. Tout cela, Ray Allen n’en a cure, il continue d’affoler les compteurs dans une équipe perdante, terminant la saison à 31-51 de bilan. En Janvier, il rappelle à la NBA qu’il est un scoreur destiné au Hall of Fame en claquant 54pts contre le Jazz, en prolongation:


Il réalise là, en 2006/07, sa meilleure saison d’attaquant: 26.4pts de moyenne, 3 tirs à 3pts convertis sur 8.1 tentés, 90.3% aux lancers-francs et 4.5rbds, 4.1ast, 1.5st (sa 1000ème en carrière) sans jamais (tout au long de sa carrière) dépasser les trois pertes de balle par match (2.8), son plus haut. Malheureusement pour lui, une blessure à la cheville le contraint à stopper ce bel élan après 55 matchs joués. Il a 30 ans.

Après trois saisons dans les bas fonds de la ligue, les Sonics réussissent à avoir le second pick de la Draft 2007 et choisissent Kevin Durant, annonçant s’il fallait encore le faire, que le temps de Ray Allen et Rashard Lewis était révolu. On parle d’un tandem qui dans sa dernière saison compilait un 5.5/14.6 à 3pts par match et 48.4pts de moyenne par match. Les Sonics vont déménager, Durant va arriver, il faut faire de la place: Allen est envoyé aux Celtics contre Jeff Green, Wally Szczerbiak et Delonte West tandis que Rashard Lewis est envoyé au Magic.

C’est le fameux été 2007 où Danny Ainge détruit son effectif pour entourer Paul Pierce et former un Big Three avec Ray Allen et Kevin Garnett. L’ironie du destin veut que Ray atterrit dans l’équipe où il voulait jouer dès le début de sa carrière NBA.


BOSTON CELTICS BIG THREE (BIS)

Il intègre, sous la coupe de Doc Rivers, une véritable équipe de contenders au titre NBA, ce qu’il a toujours souhaité. Il est entouré et son rôle dans l’équipe très clairement établi: il est là pour étirer les défenses avec son tir longue-distance et ses shoots mi-distance, afin de laisser Garnett tout engloutir sous l’arceau ou Pierce de recevoir des caviars. On connait la gestion exceptionnelle des égos de Rivers, il arrive à tirer la quintessence de Ray Allen dès les premières minutes,  son arrière tournant à 20pts par match sur le mois de novembre.

Il réduit la voilure en terme de volume de jeu cependant, prenant 7 tirs en moins par rapport à la saison précédente terminant tout de même à 17.4pts de moyenne, soignant de facto ses pourcentages (44%/39%/90.7%). Il joue moins longtemps (40.3mins à 35) et perd très peu de ballons (1.7). Le plan de Doc Rivers est sans faille, il intègre à merveille Allen, et les Celtics dominent rapidement la division Atlantique pour surclasser la Conférence Est.

Boston devra suivre la pente la plus rude pour sa campagne de Playoffs: victoire en sept matchs contre les Hawks, les 3pts de Ray ont aidé; victoire en sept matchs contre les Cavs de James, la défense et le volume de Pierce/Garnett ont été décisifs; puis les Pistons où là, Ray Allen se métamorphose et devient le leader offensif avec un match à 29pts dans le Game 5. On retrouve une match-up bien connu de l’histoire de la NBA avec un choc Lakers-Celtics en Finals.

Doc Rivers a besoin de lui plus que jamais car Pierce est bien trop occupé à défendre sur Kobe Bryant et Garnett avec Gasol, l’attaque lui est donc naturellement confiée. Allen va tourner à 20.3pts par match sur ces Finals avec plus de 50% de réussite au tir pour donner aux Celtics leur 17ème titre et remporter sa première bague de champion.


Boston revient défendre son titre de Champion pour la saison 2008/09 avec le même Big Three, qui prend de l’âge. Rondo prend une place proéminente à la mène et soulage les stars. Mais Allen, à 33 ans, continue de se bonifier avec l’âge de façon assez extraordinaire: il finira la saison avec 18.2pts par match, en shootant à 48% de réussite dont 40.9% à 3pts (2.5/6.2) et un plus haut en carrière de 95.2% de réussite aux lancers-francs! Il n’y a plus de fioriture dans son jeu, il se concentre intégralement à devenir l’ultime sharpshooter, sans défaut, sans pertes de balles et dans les systèmes imposées de Doc Rivers.

Les Celtics se qualifient en Playoffs pour un premier tour contre les Bulls. Sept matchs plus tard, ils en sortent vainqueurs, Ray Allen ayant connu un match à 1/11 au Game 1, puis devenant l’auteur d’un game-winner de toute beauté dans le Game 2:

Et enfin un match à 51pts:


Une perf’ qui ne sauvera pas les Celtics d’une défaite contre le Magic en demi-finale à cause de l’absence sur blessure de Garnett. Ce pépin physique signera le déclin inéluctable du Big Ticket et a fortiori, du Big Three. Des rôles players vont venir renforcer Boston pour une ultime quête d’un titre, avec Rasheed Wallace, Glen Davis et Perkins notamment. Ray? Il se concentre sur son parti-pris de devenir le shooteur le plus adroit de la ligue: en 2009/10, il marque encore à 34 ans, 16.3pts par match avec 47.7% de réussite au tir, 36.3% à 3pts et 91.3% aux lancers-francs.

Boston remporte 50 matchs, quatrième bilan de l’Est et ouvre les hostilités contre le Heat de D-Wade et Beasley, bien trop court pour faire trembler la solidité défensive des hommes de Rivers. Ray en profite pour mener au scoring sur deux des quatre victoires et un premier tour expédié en cinq matchs. La suite est plus intéressante avec les Cavaliers de LeBron James. Le Game 5 à Cleveland est un tournant (120-88) pour Boston qui peut s’appuyer sur les 25pts de Ray Allen dont neufs points sur 3pts marqués à la suite d’une récupération après balle-perdue.

On assiste à un rematch Celtics-Magic en Finales de Conférence, notre shooteur insatiable claque 25pts dès le premier match pour imposer le ton des discussions, et remporter, au final, en 6 rencontres la match-up. A nouveau, les Celtics font face aux Lakers. La lutte est âpre, Allen claque 32 pts dans le Game 2 pour donner la victoire aux siens avec un 8/11 à 3pt, record des Finals NBA:

Au Game 3, Derek Fisher met sa meilleure sa défense au service de Ray Allen qui manque tout (0/13). La bataille est intense, il faut que Boston emporte un des deux derniers matchs qui se joue à Los Angeles mais ce ne fût pas le cas. Dans le Game 7, le collectif des Lakers a pris le dessus et Ray n’a jamais trouvé la mire, avec un étonnant 1/7 à 2pts. Une dernière occasion manqué pour le Big Three de ramener une bague, Allen n’ayant pas eu non plus les ressources nécessaires pour faire la différence.

Il termine quand même avec 16.1pts marqués sur ces Playoffs à 2.3/6 à 3pts en moyenne.

A l’été 2010, Ray Allen est Free Agent, sur ses 35 ans et cherche à rejoindre un contender. Il accepte de resigner pour deux saisons aux Celtics pour 20M$. Il profite d’un match contre les Lakers en février 2011 pour devenir le All-Time leader de la NBA aux paniers à 3pts convertis (2562), dépassant les 2560 unités de Reggie Miller. C’est aussi en cette saison 2010/11 que le quatuor des Celtics participe au All-Star Game, il apparait à son 10ème à titre personnel.

Avec Shaq dans l’effectif, Boston continue de dominer les débats en tête de la division Atlantique en dépassant les cinquante victoires. On peut compter sur un Ray Allen toujours aussi affuté (16.5pts à 49%/44%/88%) et présent dès le premier tour pour renvoyer les Knicks en vacances, auteur de 32pts à 35 ans:

Boston perdra au tour suivant contre le Big Three du Heat en 5 matchs en dépit d’une campagne irréprochable de son artilleur maison: 18.9pts de moyenne, 52.3% au tir, 57.1% à 3pts (3.6/6.2!!), 96% aux lancers 3.8rbds, 2.4ast, 1.2st. Preuve que l’apport de ce joueur est encore sous-estimé tant il ne fait qu’impressionner par sa régularité dans le temps.

Allen jouera sa dernière saison 2011/12 avec Boston, celle du lockout, non sans batailler ferme pour ce dernier run. Les Celtics passent les Hawks puis les Sixers avant d’avoir droit à un match retour contre le Heat en Finales de Conférence. L’âge rattrape enfin notre shooteur préféré, qui s’écroule totalement en cette post-saison, ne culminant qu’à 10.7ppg et des pourcentages affreux l’accompagnant. Il se dit qu’il prendra sa retraite après cette dernière pige aux Celtics:


BIG THREE MIAMI (BIS BIS)

Néanmoins, Ray Allen aime gagner des titres et son éthique de travail lui permet une longévité rare à haut niveau. Il refuse une prolongation de deux années et 12M$ offerte par les Celtics car Miami peut se permettre de lui offrir un deal sur trois ans avec leur mid-level exception, pour seulement 3M$ par an. Cela montre bien qu’il ne courait pas après les dollars mais les titres, le Big Three de Boston était sinon mort, à l’agonie.

Pour sa première saison aux côtés de Lebron, Wade et Bosh, il reste un striker en sortie de banc de très bonne qualité (10.9pts), et la véritable quatrième option offensive du roster, en sus de Chalmers, Battier et, surprise, son ancien coéquipier des Sonics, Rashard Lewis! C’est avec un roster plus que fourni autant qualitativement que quantitativement, que le Heat se prépare à chercher un second titre.

Au premier tour contre les Bucks, comme un symbole, Ray Allen bat le record détenu jusque-là par Reggie Miller pour le plus grand nombre de 3pts convertis en Playoffs avec 332 réalisations. Un exploit qui coïncide avec le retour de son numéro préféré sur le maillot, le #34. Cependant, il restera dans les mémoires de tout fan NBA pour son fameux tir à 3pts égalisateur contre les Spurs, en Finals, dans le Game 6, le tir MIRACULEUX:

Son commentaire:

C’est un tir dont je me souviendrai très longtemps. J’en ai mis pas mal des tirs clutchs mais celui-ci est vraiment mon préféré.

Le Heat aura fait un retour exceptionnel pour forcer le Game 7! Allen joue 41 minutes dans ce match 6 décisif et termine avec 9pts à 3/8, son seul 3pts étant cet Ave maria. Le Heat conclura le match 7 pour gagner son second titre de champion consécutif, encore une bague aux doigts de Ray Allen, à 37 ans révolus.

Ray Allen décide de rester au Heat une saison supplémentaire, il joue 73 matchs, tourne à 9.6pts, shoote à 37% de réussite à 3pts et se révèle toujours aussi précieux en sortie de banc. Il se réveille en demi-finales de Conférence en plantant 19pts à 4/7 à 3pts contre les Nets, ou encore en enquillant plusieurs 3pts décisifs contre les Pacers. Le Heat ne réussira pas le Three-Peat en perdant contre les Spurs en 5 matchs en Finals

A la suite de quoi, Ray décide de faire le point. Le suspense dure mais sa décision est communiquée: il fera l’impasse sur la saison 2014/15 pour réfléchir à un éventuel retour ou une retraite bien méritée. Plusieurs équipes se sont bousculées au portillon de son agent pour le recruter, les Cavs d’Irving-Lebron-Love et même les Warriors de Curry. Cependant, il annonce sa retraite après le début de la saison 2016, il a 41 ans.

C’est’un homme de 41 ans qui a décidé de mettre fin à sa carrière de basketteur qui vous écrit. Je suis en paix avec moi-même.


LE JOUEUR

Ce sont les mots de Ray Allen qui expliquent le mieux la raison de son succès et de sa longévité:

Tout repose sur votre régularité et votre constance. Si vous voulez être un grand shooteur, il faudra tirer de la même manière à chaque fois.

La mécanique de son shoot a été étudié maintes et maintes fois, tant il aura impressionné par une régularité sans faille. On dit souvent qu’un shooteur le reste toute sa carrière, qu’il sera clutch à 25 comme à 35 ans; c’était le cas de Ray Allen. Il représente un prototype de joueur « parfait », dans le sens où il n’a jamais été dans les dramatiques joutes verbales par presse interposé par exemple, ou par le fait qu’il ait toujours été un joueur fair-play et propre sur le terrain.

Il aura donné un coup de polish assez admirable sur le poste d’arrière dans une NBA qui se vendait sur le modèle, complètement inversé, du joueur dominant et claquant des cartons, on pense aux Bryant, McGrady, Carter, Francis, Marbury et consorts. Allen n’a jamais aspiré à autre chose qu’à devenir un ultime shooteur, régulier et fiable. Ses qualités athlétiques couplées à son intelligence de jeu ont fait de lui un joueur redoutable, pouvant pénétrer pour enquiller à mi-distance, comme effectuer un petit step-back afin d’aligner la mire de loin.

C’est un superbe finisseur qui plus est, un joueur au service du collectif qui savait être mortel sur les catch-and-shoot, plus particulièrement. La liste serait encore longue à dérouler tant il n’aura été qu’un absolu positif dans tous les clubs qu’il a intégré. Le seul regret qu’il pourrait avoir, réside dans l’absence de reconnaissance assez flagrante de la part de la NBA. Il n’aura connu aucune All-NBA First Team, ce qui est une aberration. D’autant qu’il a connu dix premières années compliquées, aux Bucks et aux Sonics, sans véritable carcan pour le porter vers la victoire.

On se souviendra de ses tirs à 3pts et de son tir, indéfectible.

Leur avis

Doc Rivers: Ray est d’un professionnalisme exemplaire. Les choses qu’il ramène avec lui raisonnent à plein dans le vestiaire, c’est quelque chose que peu de fans comprennent de sa part. Des joueurs peuvent apprendre à d’autres joueurs comment se comporter en professionnel, pas les coachs. C’est aussi pour ça qu’on adore l’avoir avec nous.


Glenn Robinson: Ray est quelqu’un de très naturel, c’est très facile de jouer avec lui.


George Karl: C’est un joueur qui ressemble beaucoup à George Gervin. Il a une fluidité, une facilité à être et vivre, en plus d’être quelqu’un de très fin et très intelligent.


PALMARÈS

  • 2x Champion NBA (2008 avec Boston; 2013 avec Miami)
  • 3x médaillé d’or avec Team USA
  • 10x NBA All-Star
  • Plusieurs trophées de Fair Play ou Sportsmanship Award
  • Champion du 3pt contest du ASG en 2001

RECORDS

  • Nombre de tirs à 3pts convertis : 2973
  • Nombre de tirs à 3pts tentés: 7429
  • Nombre de tirs à 3pts tentés (Playoffs): 18 en 2009
  • Nombre de 3pts convertis en Finals: 8 en 2010 (dont 5 en un quart-temps, 7 en une mi-temps)

Statistiques en carrière

  • 18.9pts par match – 24505 pts cumulés
  • 1300 matchs joués
  • 1149 minutes jouées par saison
  • 45.2% de réussite au tir, 40% de réussite à 3pts (2.3/5.7), 89.4% aux lancers-francs
  • 5272 rebonds, 4361 passes décisives, 1451 interceptions
  • 2709 balles perdues pour 2858 fautes

Ecrit par:

N.K

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