Moses Malone – Chairman of the Board

C’est le 13 septembre 2015 que les médias US l’annoncent: Moses Malone est mort, à l’âge de 60 ans. Un géant souvent oublié de la NBA s’en est allé, nous lui rendons hommage.


UNE DOMINATION SANS PARTAGE

Moses Malone était un géant. Pourtant, il est un peu oublié lorsqu’on évoque les plus grands. Il a le palmarès, les awards, les stats — il flirte avec les 30 000 points en carrière et il écrase le classement des rebonds offensifs –, l’impact et la longévité. Peut-être souffre-t-il de ne pas avoir joué aux Celtics ou aux Lakers, de son homonymie avec Karl Malone ou encore de son passage par l’ABA plutôt que la NCAA. En tous les cas, il est grand temps de rappeler à quel point Moses Malone était dominant.

Stars 74-75 Road Moses Malone 4Né le 23 mars 1955, Moses Malone grandit à Petersburg, Virginia. Sur le playground local, trop grand, trop dominant, il est interdit de raquette, sinon on refusait de jouer avec lui. Au lycée, il mène son équipe à 50 victoires de rang et deux titres d’État. Il obtient une bourse pour Maryland mais effectue le choix rare, surtout dans les années 70, de renoncer à l’université pour se présenter à la draft ABA ’74. Pas le plus grand (2.08) et surtout pas le plus épais (97kgs), il n’est retenu qu’au troisième tour par les Utah Stars.

Le choix est judicieux pour ne pas dire incroyablement rentable. Moses Malone, 19 ans, signe une saison rookie à 18.8 points et 14.6 rebonds (dont 5.5 offensifs) de moyenne. Il est retenu au ABA All-Star Game ’75 et dans la All-Rookie Team. Les Stars sont par contre éliminé au premier tour des playoffs par les Denver Nuggets (4-2). Cependant, durant l’intersaison, la franchise vend les droits de son pivot aux St. Louis Spirits pour qui il assure 14.3 points et 9.6 rebonds en 43 matchs.

Durant l’intersaison, l’ABA est absorbé par la NBA. Lors de l’ABA Dispersal Draft, Moses Malone est retenu par les Portland Trail Blazers qui l’envoient immédiatement aux Buffalo Braves pour un tour de draft. Il ne joue que 2 matchs dans la banlieue new-yorkaise puis est à nouveau transféré aux Houston Rockets. Le jeune intérieur y trouve enfin la stabilité sous les ordres de Tom Nissalke, le coach des Stars lors de son année rookie. Immédiatement, Moses Malone s’impose comme un rebondeur féroce, en particulier dans la raquette adverse. Il termine sa première saison à 13.2ppg et 13.1rpg et établit un record de rebonds offensifs sur une saison (437, le second, Paul Silas, en a pris 365). En playoffs, il s’offre un autre record NBA en gobant 15 rebonds offensifs face aux Bullets.

En 1978, Moses Malone est aussi All-Star. Il recevra 12 invitations consécutives. Sa moyenne de points monte à 19.4 auxquels il faut ajouter 15 rebonds par match. Sa saison se termine toutefois prématurément à cause d’une fracture au pied droit. S’il avait accepté la bourse de Maryland, la saison 1978-79 aurait été son année rookie. Au lieu de cela, à 23 ans, il attaque sa cinquième saison avec 7 kilos supplémentaires et claque 24.8 points et 17.6 rebonds par match. Il domine le rebond, 857 prises offensives (7.2 par match). Les New Orleans Jazz subissent son agressivité et concèdent 37 rebonds ! En fin de saison, Moses Malone est MVP et membre des All-NBA First Team et NBA All-Defensive Second Team. En playoffs, les Rockets sont sweepés au premier tour par les Hawks.

La domination de Moses Malone ne fait que débuter. La NBA découvre un pivot plus athlétique que la moyenne, puissant, rapide et féroce au rebond. En 1980, il tourne à 25.8ppg et 14.5rpg. En playoffs, il signe 37 points et 20 rebonds lors d’un match décisif au premier tour face aux Spurs. Mais les Rockets sont balayés au tour suivant par les Celtics. En 1981, Moses Malone domine encore et toujours le classement des rebonds tout en terminant deuxième scoreur de la league (27.8ppg).

Le 11 mars, il score 51 points, 20/28 au tir et 11/12 aux lancer-francs, face aux Warriors. Passés à l’Ouest, les Rockets se qualifient en playoffs malgré un bilan négatif (40-42) puis surprennent tout le monde en accédant aux NBA Finals ’81 où ils perdent en 6 matchs face aux Celtics.

L’année suivante, Moses Malone gagne un second titre de MVP avec 31.1 points et 14.7 rebonds par match. All-Star, meilleur rebondeur NBA, second scoreur derrière George Gervin, numéro 1 au nombre de minutes jouées (3 398, 42 par match), Moses Malone est encore et toujours au sommet de la league. Il signe également deux records personnels en 10 jours, 53 points face aux San Diego Clippers le 2 février puis 21 rebonds offensifs contre les Seattle SuperSonics le 11 février. Seulement, les Rockets ne rééditent pas l’exploit de la saison précédente en s’inclinant au premier tour contre les Sonics. Moses Malone tourne à 24ppg et 17rpg lors de ces trois matchs.


MARQUER DE SON EMPREINTE PHILLY

Restricted free agent en 1982, Moses Malone accepte une offre des Philadelphie 76ers. Les Rockets s’alignent puis acceptent un transfert contre Caldwell Jones et un tour de draft. Les 76ers, menés par Julius Erving, sont alors une équipe redoutée, en lutte régulière avec les Celtics. Ils restent surtout sur deux finales perdues en trois ans et ont besoin d’un pivot d’impact pour lutter avec Kareem Abdul-Jabbar.

A Philadelphie, le pivot ne change pas ses bonnes habitudes : 24.5 points et 15.3 rebonds. Il est membre des All-NBA First Team et NBA All-Defensive First. Les 76ers remportent 65 matchs et Moses Malone annonce « Fo, fo, fo » en playoffs. Une prédiction légendaire quasi respectée, puisqu’ils ne perdent au final qu’un match. Les finales sont une formalité : un sweep et le trophée de MVP des finales pour Moses Malone.

L’année suivante, il manque 11 matchs et le All-Star Game à cause d’une blessure à la cheville mais conserve sa couronne de meilleur rebondeur. Seulement, en playoffs, les 76ers sont surpris par les New Jesey Nets au premier tour. En 1985, Moses Malone devient le premier joueur depuis Wilt Chamberlain à dominer le classement des rebondeurs durant 5 saisons consécutives. Un an plus tard, il souffre d’une fracture de l’orbite autour de l’œil droit. Il manque les 8 derniers matchs et les playoffs mais perd sa couronne de meilleur rebondeur de la league. Il est quatrième derrière notamment Bill Laimbeer et son nouveau coéquipier Charles Barkley. Par contre, Moses Malone est absent pour la première fois depuis 1978 des All-NBA Team.

Après cette saison, le pivot devenu trentenaire est transféré aux Washington Bullets. Il rebondit positivement : 24.1 points, 11.3 rebonds, une 10e sélection pour le All-Star Game et un retour dans la All-NBA Second Team. Cependant, les Bullets sont trop limités pour bien figurer en playoffs. Sa deuxième saison à Washington est du même ordre. En 1988, Moses Malone, free agent, signe aux Atlanta Hawks. Il épaule parfaitement Dominique Wilkins avec 20.2 points et 11.8 rebonds et obtient sa 12e convocation consécutive pour le All-Star Game. Ce sera sa dernière. Mais en playoffs, Atlanta, comme Washington, n’a pas les armes pour passer le premier tour.

wilkins_7

Lors de sa deuxième saison aux Hawks, Moses Malone, qui restait sur 11 saisons à 20-10, ne score plus que 18.9 points. Il gobe toujours 10 rebonds par match et mène la league au rebond offensif. Les Hawks (41-41) manque les playoffs. L’année suivante, Mike Fratello est remplacé par Bob Weiss qui décide de faire confiance à Jon Koncak. Pour la première fois de sa carrière NBA, Moses Malone est remplaçant et joue moins de 2000 minutes. Par sa longévité, il entre tout de même dans l’histoire : il rentre son 7 695e lancer-franc, un record. Il passe aussi la barre des 25 000 points en novembre et des 15 000 rebonds en mars. Il signe aussi un 1 046e match sans être expulsé, record de Wilt Chamberlain battu.

Au terme de cette saison, Moses Malone quitte les Hawks pour les Bucks où il est à nouveau titulaire. Mais, malgré 15.6 points et 9.1 rebonds, son équipe ne gagne que 31 matchs. La saison suivante, il ne joue que 11 matchs en raison de problème de dos. Sa retraite semble proche mais les 76ers parviennent à le convaincre à revenir pour une 20e saison comme doublure et mentor de Shawn Bradley. À 40 ans, il joue même une 21e saison, aux Spurs, derrière David Robinson mais l’aventure est stoppé au bout de 17 matchs à cause d’une grave blessure à la jambe droit. Opéré le 15 janvier 1995, il ne peut revenir sur les parquets.

Son dernier panier en carrière:

Au moment de sa retraite, Moses Malone a pris plus de rebond offensif que n’importe qui — 7 382, Artis Gilmore, deuxième, en a pris 4 816 — et inscrit plus de lancer franc que n’importe qui — 9 018, seul Karl Malone (9 787) fera mieux. En 21 saisons, il a inscrit 29 580 points pour 20.3 points et 12.3 rebonds (7.2 défensifs, 5.1 offensifs) par match. Il a une bague de champion, le trophée de MVP des finales, trois MVP, 12 sélections au All-Star Game consécutives, ainsi que 2 en ABA, 4 nominations dans la All-NBA First Team, 1 dans la NBA All-Defensive First Team et 6 fois meilleur rebondeur NBA. Enfin, il n’a pas été expulsé lors des 1 212 derniers matchs de sa carrière, un record.

BqyB4LwIIAEe_G9

Les Rockets ont retiré son numéro 24 et les 76ers son numéro 2. Il est d’ailleurs le seul joueur à avoir signé un 20-10 avec quatre équipes différentes. Il fait partie de l’ABA All-Time Team et de la sélection du 50e anniversaire de la NBA. Enfin, il entre au Hall of Fame en 2001.

Ecrit par:

Jérôme

Laisser un commentaire

Votre Email ne sera pas publié. Les champs obligatoires sont indiqués (obligatoire):

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Revenir en haut