L’homme est peut-être encore inconnu pour certains, mais c’est une étoile montante sur les réseaux sociaux de basket aux Etats-Unis, via ses analyses et ses « breakdown » (littéralement, analyse d’un match). Étant ouvert à la discussion – comme son slogan l’indique, You IN? – Coach Nick a bien voulu répondre à nos questions.

« Je pense faire quelque chose que beaucoup n’osent pas »

1) Pouvez-vous vous présenter, et parler de votre parcours?

Je suis Coach Nick de BBALLBREAKDOWN. J’ai coaché au niveau du lycée pendant 8 ans, dont 4 en tant que Head Coach.

2) Avez-vous déjà joué à haut niveau? Si oui, pouvez-vous nous raconter comment est l’expérience de l’intérieur?

J’ai joué au plus haut niveau d’une équipe de lycée, et la chose la plus importante, quand vous arrivez à ce niveau, ce n’est finalement pas votre « skill ». Il faut avoir la bonne mentalité, celle qui vous permet d’exploiter votre potentiel. Car tout le monde suit le même entrainement au final, c’est votre capacité à rester concentrer et à exécuter les consignes de jeu qui séparent les meilleurs joueurs des moins bons.

3) Avez-vous toujours eu une préférence pour l’aspect stratégique du basket ou vous préfériez votre place de joueur?

J’adore jouer, j’ai toujours été le mec qui s’entrainait toujours plus que les autres. Une fois arrivé à l’université, je me suis orienté vers le coaching et tous les matchs qui n’avaient pas d’importance, sans organisation ou autre, ne m’ont plus intéressé.

4) Quand avez-vous commencé à faire des vidéos? Et pourquoi?

J’ai commencé à disséquer les matchs NBA en mai 2010, en premier lieu pour réagir à la série Bulls-Celtics des playoffs 2009. La série est allée aux 7 matchs et les gens s’extasiaient partout sur la toile pour dire que chaque match était génial, d’anthologie. Or, je pouvais voir que c’était un basket très pauvre qui se jouait, particulièrement du côté des Bulls. J’avais le besoin de le dire et de l’exprimer.

5) Faites-vous ce travail tout seul? Avez-vous une équipe pour vous épauler?

J’ai quelques volontaires qui m’aident pour certains aspects de mon travail mais pour la plus grande partie, je fais tout. [NDRL: Aujourd’hui, il a le soutien d’une véritable logistique, il a pu faire de la promotion pour 2K et d’autres choses relatives au basket]

6) Comment parvenez-vous à maintenir un emploi et abattre autant de travail en même temps? Êtes-vous coach de profession?

C’est difficile de jongler entre les différentes casquettes et je reste souvent tard le soir à veiller pour réussir à mettre en ligne du contenu. J’ai également une famille, qui n’aime pas me voir tout le temps focalisé sur le basket.

7) Êtes-vous surpris par votre soudaine popularité, pas uniquement aux États-Unis?

A chaque fois que je vois d’autres vidéos Youtube que j’admire, qui n’ont pas le même succès que nous, je reste pantois. Cela dit, je crois que nous avons lancé des discussions avec les internautes sur le sport, une chose que beaucoup ne veulent pas faire. C’est ce qui fait notre popularité, donc je ne suis pas tant surpris.

8) Combien de matchs regardez-vous chaque saison? Est-ce difficile de devoir regarder jouer les Bobcats, Kings et autres équipes de bas de tableau?

Au contraire, je regrette de ne pouvoir regarder des matchs entier de ces équipes avec des bilans négatifs. Je ne pense pas pouvoir estimer combien de matchs je regarde mais pour information, sachez que je regarde, tous les jours, plusieurs parties de matchs. Je ne les regarde pas forcément en entier mais je sélectionne certaines parties.

« Le licenciement de Mike Dunlap, un scandale! »

9) Votre avis sur l’état de la NBA aujourd’hui?

Je pense que nous revenons de plus en plus à un basket basé sur les systèmes, avec à la racine les fondamentaux du travail d’équipe, collectif. Quand on combine ces fondamentaux avec notre incroyable potentiel athlétique, on peut se retrouver avec du basket mémorable. C’était le cas cette année, avec les Finals. Je pense que les avancées en terme d’analyse statistique ont provoqué d’importants changements, ainsi qu’une aide devenue indispensable. Et nous continuerons à voir ce sport évoluer vers plus du jeu très efficace.

10) Quelle époque de la NBA vous a le plus inspiré et pourquoi? Quelle époque fut la plus intéressante, tactiquement parlant, car la NBA n’a pas toujours été uniquement basée sur le un contre un?

Je pense que la fin des années 70 est la meilleure époque de la NBA. C’est la dernière fois qu’on voyait en NBA toutes les équipes avoir un système offensif bien distinct (Triangle, Princeton, UCLA High Post) avec des athlètes incroyables. Depuis lors, on a lentement dérivé de ces systèmes à l’exception de Phil Jackson, Jerry Sloan et Greg Popovich.

11) On parle souvent de grands coachs mais quid des autres? Les coachs qui ont de petites équipes, avec un marché restreint et qui sont virés très rapidement. Certains d’entre eux ont-il été viré prématurément? Ont-ils pu vous impressionner malgré leurs échecs?

Je pense que l’éviction de Mike Dunlap des Bobcats était un véritable scandale. On ne lui a même pas donné une seconde chance pour rendre l’équipe meilleure. Néanmoins, je pense avoir été d’accord sur la plupart des licenciements. Certainement que Vinny Del Negro fut notre tête de turc un long moment quand il était aux Bulls tant son équipe jouait sans réel but.

12) Sans transition, selon vous, quand un coach est à la tête d’une équipe jeune ou en reconstruction, est-il condamné à avoir un plan de jeu simplifié? A-t-il le temps d’imprégner sa propre philosophie? Peut-on dire que le manque de technicité de certaines équipes est un mélange de responsabilité entre coachs et joueurs?

Je pense que pour être un coach à succès, il faut avoir une philosophie de jeu très forte et distincte des autres, et surtout ne jamais la quitter. C’est inconcevable de changer de tactiques offensives à chaque saison juste pour qu’elle soit en phase avec vos joueurs. L’attaque doit être assez flexible pour y imbriquer toutes les forces que vous possédez, c’est aussi simple que ça. La pauvreté technique tend en général à être du fait du coach, les joueurs sont responsable de son exécution (bonne ou mauvaise). Et quand bien même, l’exécution des systèmes tend, à un moment donné, à être aussi une responsabilité du coach, car il n’arrive pas à faire adopter sa philosophie de jeu à ses joueurs, ceux-ci ne sont pas assez concentrés pour bien l’exécuter. Cela peut sembler injuste mais un coach qui n’arrive pas à imposer son plan de jeu, quelle que soit la situation, finira par être viré.

13) Est-ce que vous regardez le basket européen (Euroleague, championnats, Euro)? Si oui, pouvez-vous nous donner une analyse des forces/faiblesses du jeu européen?

J’ai commencé à regardé un peu de l’Eurobasket et j’ai aimé ce que j’ai vu. C’est vraiment divertissant, il y a ÉNORMÉMENT de systèmes utilisés, de nombreuses équipes avec des schémas différents en attaque. La défense est encore un chouillat en retard par rapport à ce qu’on pratique ici mais de manière globale, j’aime regarder car il y a beaucoup de passion et d’intensité.

« Évidemment, Michael Jordan est mon joueur préféré, de tous les temps »

14) Seriez-vous prêt à aller travailler en NBA? Que ce soit en tant que scout, assistant coach ou autre? Voire en NCAA, ou en tant qu’analyste pour une chaine TV?

Évidemment, si une équipe NBA m’offrait un travail, je serais fortement intéressé. Mais je suis un coach avant tout et plus encore, ce serait un honneur que de coacher au niveau NBA ou universitaire. J’ai toujours admiré les grands analystes télévisuels également et je crois réellement pouvoir offrir quelque chose d’unique par rapport à la situation actuelle.

15) Quel est le futur de BBALLBREAKDOWN? Avez-vous des nouveautés à nous présenter?

Nous allons continuer à faire croitre notre chaîne Youtube, probablement en faisant un peu moins de « breakdown » de matchs et avec des choses plus régulières en semaine. Nous aurons plusieurs show qui vont se focaliser, par exemple, sur les pires coups de sifflet de la semaine ou encore sur la meilleure utilisation du schéma offensive HORNS. Nous prévoyons également de nous déplacer et de faire des segments directement sur des parquets.

16) Avez-vous une équipe préférée/détestée?

Mon équipe préférée, c’est les Chicago Bulls de 1978 à 1998. Quand j’ai déménagé de Chicago, j’ai perdu cet affect qui me rendait si fan de cette équipe, de ces joueurs. Au final, je ne suis pas un fan d’un emblème en particulier, j’aime les gens dans les équipes, leurs histoires, la façon dont ils se lient sur le terrain, c’est vraiment ce qui m’intéresse.

17) Avez-vous un joueur préféré? Quelle que soit l’époque.

Je pense que LeBron est aujourd’hui le meilleur joueur au monde, Kevin Durant est aussi exceptionnel. Puis il y a des gars comme Chandler Parsons, Steph Curry et Klay Thompson qui font partie des joueurs que j’adore voir jouer, je paierai cher pour les voir manquer des shoots ! Naturellement, Michael Jordan est mon joueur préféré all time et personne ne sera aussi bon que lui.

Nous remercions chaleureusement Coach Nick pour avoir pris le temps de nous répondre, n’hésitez pas à suivre ses analyses toujours pertinentes ou sujettes à débat, il a notamment passé au crible la demi-finale France-Espagne de l’Euro 2013: