Programme phare du championnat NCAA depuis maintenant 20 ans, les Huskies de Connecticut effectuent pourtant une saison dans l’anonymat le plus complet. Bien loin de leurs standards habituels, les hommes de Kevin Ollie sont très loin d’être qualifiés pour la March Madness. Pourquoi et comment UConn en est là aujourd’hui ?

On en aurait presque oublier que ce sont quand même les champions en titre…

Une équipe en reconstruction

La mauvaise passe actuelle des Huskies s’explique par le fait que UConn est en pleine reconstruction suite au titre obtenu l’an passé. C’est ça la NCAA, vous construisez une équipe sur un ou deux ans, 3 ou 4 ans pour les plus chanceux et vous recommencez. Ryan Boatright est ainsi le seul joueur d’impact qui reste de l’équipe championne. Le senior a pris les commandes de l’équipe et tourne à 18.0ppg, 4.5rpg, 4.4apg et 1.3spg. Mais derrière, c’est pratiquement le néant. Mis à part le freshman Daniel Hamilton auteur de 10.2ppg, 7.0rpg et 3.2apg, le reste de l’effectif est très jeune et très peu expérimenté. Kevin Ollie compose avec des joueurs qui ne disputaient que des miettes de match l’an passé.

Là où des facs comme Kentucky ou Duke arrivent à attirer les meilleurs lycéens, UConn a du mal à se vendre et à aller chercher des joueurs de tous horizons.

On pourrait donc penser que la mauvaise saison des Huskies soit avant tout liée à la jeunesse de l’effectif. Oui bien sur, mais pas que.

Le grand perdant du réalignement des conférences

La véritable raison vient du réalignement des conférences. UConn se retrouve dans cette conférence hybride qu’est l’American Athletic Conference (AAC ou American). Une conférence nouvelle, sans passée, sans tradition, sans aucune logique géographique. Une conférence où UConn se retrouve à jouer SMU (situé à Dallas), Tulsa (Oklahoma) ou South Florida. Alors que les Huskies avaient un vrai passé avec Syracuse, Boston College, Villanova, Providence, St John’s ou Seton Hall. Autrement dit, les équipes de l’ancienne Big East.

Le réalignement des conférences a été fatal à UConn qui n’a pas rejoint la nouvelle Big East qui est devenue une conférence exclusivement basket, et qui a loupé le coche lorsque l’ACC cherchait un nouveau membre suite au départ de Maryland vers la Big Ten. L’ACC a préféré Louisville à UConn. Comme c’est le football qui dicte ces changements de conférences, l’ACC a choisi en priorité un programme avec un bon programme de football. Entre Louisville et UConn, le choix est vite fait : le programme de football de UConn est catastrophique, celui de Louisville est bon. Autre facteur : les résultats académiques. Chaque conférence va faire en sorte de choisir des universités avec de bons résultats et une bonne réputation académique.

Et on se souvient que UConn avait été suspendu et privé de tournoi NCAA juste avant le réalignement pour cause de mauvais résultats académiques et d’une moyenne trop basse de la part des joueurs de basket. Le timing est horrible et a refroidi l’ACC.

UConn se retrouve donc dans l’American, cette conférence « fourre-tout » où on retrouve des programmes qui étaient, comme UConn, dans l’ancienne Big East et n’ont pas rejoint la nouvelle comme Cincinnati ou South Florida. On retrouve également des programmes qui ont rejoint l’American pour élever leur niveau car ils étaient dans une conférence plus faible comme la Conférence USA : Memphis, Temple, SMU, Houston entre autre.

UConn voyage donc du Texas à la Floride en passant par le Tennessee, pas idéal pour des « étudiants » dont on se demande quand peuvent-ils bien aller en cours entre tous ces voyages.

Evidemment, cela impacte sur le recrutement. Voir UConn dans l’American n’est pas un signe d’attractivité pour les lycéens stars du pays. Pas de programmes phares, pas de rivalités, alors quand un joueur du Connecticut a une offre de UConn, Boston College ou Providence, les 3 facs principales de Nouvelle-Angleterre, il réfléchit car BC est dans l’ACC avec Duke, UNC et Syracuse et Providence se trouve dans la Big East avec Georgetown ou Villanova. Alors qu’auparavant, c’était UConn assuré. Alors bien sur, UConn attire toujours grâce à son palmarès et la réussite de ses joueurs souvent draftés haut en NBA mais on peut se demander si le peu de compétitivité et d’attractivité de l’American ne va pas être fatal à UConn.

Une saison galère

Le champion en titre vit une saison chaotique, bien loin de ses standards habituels. Avec un bilan de 7-5 en conférence et 14-10 en cumulé, les Huskies sont loin d’être qualifiés pour la March Madness et de pouvoir défendre leur titre. Ils n’ont pas encore battu une équipe classée : défaites contre Texas, Duke et SMU (3 adversaires classés rencontrés dont un seul en conférence montre bien la faiblesse de l’AAC) et perdent des matchs qu’ils ne peuvent pas perdre : Yale, Temple, Houston par exemple.

La seule possibilité de voir les Huskies présent en mars sera de remporter leur tournoi de conférence, qui leur donnera un billet automatique vers la March Madness. Le tournoi se déroulera cette année à Hartford, dans la salle des Huskies, un espoir de plus pour les hommes de Kevin Ollie…

Lors de leur dernier match, les Huskies se sont fait corriger par SMU, en tête de la conférence. Pourtant bien rentré dans le match et menant 10-3 grâce à deux paniers à 3pts de Ryan Boatright, les Huskies ont ensuite été submergés par les Mustangs de Larry Brown, s’inclinant finalement 73-55. Avec 19pts, 5rbs et 3 passes, Boatright est de nouveau le meilleur Huskie alors que Daniel Hamilton marque 13pts à 3/11.

Après 3 victoires de suite dont une importante face à Tulsa, UConn s’incline une nouvelle fois contre une équipe classée et chute à la 6^e place de la conférence. Ils doivent de nouveau affronter SMU ainsi que Memphis deux fois et Temple qui reste sur 7 victoires de suite.

Top 25

Kentucky est toujours invaincu et semble plus que jamais se diriger vers la saison régulière parfaite. Les Wildcats ont passé avec succès et non sans frayeur, leurs deux plus difficiles déplacements de la saison : à Florida et à LSU. La réception d’Arkansas, 2^e de la conférence, samedi prochain s’annonce intéressante. Sans doute le dernier obstacle à franchir.

Virginia continue son impressionnante saison et se pose plus que jamais en candidat au Final Four. Les Cavs finissent la saison par deux déplacements compliqués à Syracuse et Louisville lors de la première semaine de mars.

Je n’ai rien contre Gonzaga mais je me demande toujours comment une équipe avec un si faible calendrier peut être classée #3 devant Duke ou Wisconsin. L’année où les Zags étaient seed 1 et ont échoués lamentablement au 2^e tour n’a pas convaincu les journalistes ?

Duke monte en puissance, c’est une évidence. Les Blue Devils ont corrigé Notre Dame de 30pts il y a deux semaines et rencontrent UNC ce soir pour un classique toujours aussi passionnant.

Enfin Wisconsin conclue le top 5 de la semaine. Les Badgers restent sur 8 victoires de suite et semblent innaretable depuis leur faux pas à Rutgers. Les déplacements à Maryland et Ohio State seront de bons tests pour la bande à Kaminski.

Rendez-vous

Mercredi :

• Duke (4) – North Carolina (15)
• Penn State – Wisconsin (5)
• Syracuse – Louisville (12)
• Oklahoma State (22) – Iowa State (14)

Samedi :

• Kentucky (1) – Auburn
• Saint Mary’s – Gonzaga (3)
• Duke (4) – Clemson
• Wisconsin (5) – Minnesota
• Arizona (7) – UCLA
• Oklahoma State (22) – West Virginia (23)

Dimanche :

• Virginia (2) – Florida State
• Michigan – Ohio State (24)

Lundi :

• Kansas State – Kansas (8)

Mardi :

• Maryland (16) – Wisconsin (5)
• NC State – North Carolina (15)

Bien sur, l’affrontement de la semaine oppose ce soir Duke à UNC. Les Tar Heels restent sur 3 défaites en 4 matchs, peut-être pas le meilleur moment pour se rendre à Durham. L’affrontement reste passionnant et comme d’habitude, il va se passer quelque chose…

Excepté ce match, seulement 3 autres affiches entre équipes classées cette semaine. Oklahoma State a une semaine compliquée vu que les Cowboys affrontent coup sur coup Iowa State et West Virginia.

Gonzaga se rend samedi chez son grand rival Saint Mary’s, de même que Kansas à Kansas State ce lundi.

Enfin on suivra la rencontre entre Maryland et Wisconsin dans la Big Ten mardi.

Jerry Tarkanian nous quitte également

Dure semaine pour les coachs légendaires de NCAA. Après Dean Smith, c’est Jerry Tarkanian qui s’est éteint à 84 ans, quelques jours après Smith. Tarkanian c’est 729 victoires en carrières, plus de 75% de victoires en général, 4 Final Four et un titre avec UNLV en 1990. On se souvient de cette équipe de fou furieux de UNLV au début des années 1990 avec Larry Johnson, Greg Anthony et Stacey Augmon. C’était attaque à outrance avec régulièrement la barre des 100pts dépassée et cette finale contre Duke qui se solde par une victoire de 30pts, plus gros écart jamais vu dans une finale NCAA. Beaucoup de controverses également car UNLV flirtait régulièrement avec l’illégalité dans les règlements NCAA.

Mais Tarkanian se posait en rebelle contre cette institution qu’est la NCAA et ses règlements tordus et protégeait toujours ses joueurs. Tarkanian a également coacher en NBA chez les Spurs où cela ne c’est pas très bien passé avant de revenir en NCAA à Long Beach State puis Fresno State. Il était connu pour recruter en Junior College et souvent des joueurs difficiles qui ne rentrait pas dans le moule NCAA et qui avaient déjà été suspendu ou avaient des soucis avec la justice. C’était un peu le coach des 2e chances qui aura inscrit UNLV sur la carte du basket NCAA.

Les casinos de Las Vegas se trouvant sur le Strip vont même lui rendre hommage en éteignant leurs néons pendant quelques minutes, un hommage que seul Elvis Presley, Frank Sinatra, Ronald Reagan et John F. Kennedy ont reçu.