Jason Kidd, un maestro à la baguette (Part 1)

Dans la foulée de Grant Hill, au printemps 2013, c’est un autre All-around player à la carrière encore plus étoffée, et mythique pour certains, qui s’en va. Jason Kidd, alias Mister Triple-double. Le meneur de jeu par excellence, qui a brillé par son altruisme, son côté show-time dans le passing et sa force de caractère, nous a quitté. Retour sur la carrière d’un très grand, qui raccroche les sneakers à 40 ans, excusez du peu.


LE CHALLENGE DANS LA PEAU

Jason Frederick Kidd est né le 23 mars 1973 à San Francisco (Californie), de parents blancs et noirs (Steve et Anne Kidd), qui auront cinq autres enfants. Son père travaille comme porteur de bagages à la TWA (compagnie aérienne) jusqu’à devenir superviseur dans un aéroport tandis que sa mère est ingénieur informatique pour la Bank of America. De son éducation, Jason retient des leçons importantes, à savoir le respect des autres et le travail, dur, et forcené pour accomplir ses buts, attitude qu’on retrouvera tout au long de sa longue et fructueuse carrière.

9048_392375014209879_1103641275_nAu début, Jason pratique le football européen (soccer). Ses parents divorcent mais le climat familial reste amicale et les enfants vivent dans la banlieue d’Oakland près du Colisée d’Oakland. Ils possèdent même trois chevaux, Jason ne vient pas vraiment du ghetto, donc mais plutôt de la classe moyenne supérieure. Il s’oriente progressivement vers le basket, alors que ses amis restent au foot. Il doit alors jouer avec des joueurs plus âgés avec lesquels il développe, selon son propre aveux plus tard, son sens du passing, son « instinct » de passeur. Car, pour revenir jouer avec eux, il faisait en sorte de jouer uniquement pour les faire marquer, flattant leur égo par une stratégie assez maline.

Mais plus que ça, il révèle un vrai talent, d’autant que physiquement il est musclé et doué de ses mains, très rapides, en plus d’être très endurant. La seule chose qui ne lui sied pas, c’est le shoot, il possède par contre une vision du jeu déjà impressionnante jusqu’à apparaître dans la gazette local.

Son inspiration, il la trouve chez Magic Johnson, qui l’influence énormément, par le biais des Lakers.  Au lycée, il acquiert une certaine renommée notamment en fréquentant les bitumes d’Oakland où il rencontre, par exemple, Gary Payton, alors roi des playgrounds et qui aimait le trashtalk. Quand il se rendait au NBA Stardom, tout le monde le savait et Jason allait au challenge contre lui. Au lycée St Joseph Notre Dame, sous la bienveillance du coach Frank Laporte, il mène les « Pilots » à plusieurs titres d’État en cumulant 25 points 7 rebonds 10 assists et 7 steals dans son année Senior. Il reçoit les honneurs individuels à plusieurs reprises dont le titre de joueur de l’année par Parade et USA Today. Il est même nommé par deux fois Joueur de l’année de la Californie, intronisé en 2012 comme un des 35 meilleurs joueurs du McDonald’s All Americans. L’été, il continue de travailler en jouant avec Gary Payton et Brian Shaw, rien que ça.

Gary Payton: Jason a grandi sur ces terrains. Mais il ne connaissait rien des playgrounds, où beaucoup de gars viennent faire du trash talk, en mettant en question sa virilité et d’autres choses. On a commencé à aller dans des endroits où ça joue vraiment dur et physique avec beaucoup d’insultes. Il ne connaissait pas ce monde; dés qu’il s’y est fait, en changeant son jeu, il a gagné en courage et en puissance, avec beaucoup de cœur.

Il faut savoir qu’à l’époque, on lui propose carrément de devenir professionnel, par l’intermédiaire de Don Nelson (coach des Warriors) ou encore du coach Jim Harrick (UCLA). Des dirigeants de la côte Est comme Willis Reed reçoivent des vidéos de J-Kidd, qui aiguisent leur appétit. Joueur très en vue et grosse hype sur sa prochaine destination universitaire, il choque son monde en choisissant de jouer à Berkeley (Université de Californie), une équipe qui sortait d’une piètre saison (10-18) et n’ayant pas gagné de titre depuis 1960 alors qu’Arizona, Kentucky, Kansas et Ohio State lui ouvraient leurs portes.


LE MESSIE, DEUX SAISONS DURANT

Jason Kidd arrive à Berkeley avec beaucoup de pression sur ses épaules en 1992. Les Golden Bears sortent d’une piètre saison (10-18) sous la houlette de Lou Campanelli et n’ont rien gagné depuis trente ans et Pete Newell. Dans l’équipe il retrouve les sophomores Lamond Murray, Alfred Grigsby, KJ Roberts et Monty Buckley.

jkiddDés sa première année à Berkeley, il tourne en moyenne à 13 points, 7.7 passes, 4.9 rebonds et 3.8 interceptions par match, lui valant les honneurs du titre de Freshman de l’année et d’être nominé dans la All-Pac-10. Ses 110 interceptions sont un record NCAA pour un freshman et un record pour son école également. Il permet aux Golden Bears de participer au tournoi NCAA où ils créent l’upset d’abord face à LSU, puis face au double-champion en titre, Duke, au second tour avant de perdre contre Kansas au Sweet 16. Cette année est importante pour Kidd, il est appelé en équipe nationale après la fin de la saison et fait partie de Team USA qui joue cinq matchs en Europe, Jason Kidd tourne à 8.4 pts, 4.2 rbds, 4 passes et 1.4 interceptions. Seul freshman de l’effectif, il côtoie des joueurs comme Travis Best, Michael Finley, Donyell Marshall, Aaron McKie, Eric Montross et Bryant Reeves.

Il travaille dur, prend 5 kilos de muscle durant l’été et s’entraîne à shooter de loin. Il continue donc sur sa voie en tant que sophomore, où il monte en cadence avec 16.7 pts, 6.9 rebonds, 9.1 assists et 3.1 interceptions par match, réalisant un record all-time dans son école au nombre de passes distribuées et menant dans cette catégorie au niveau national. Il est également sélectionné dans la First Team All-American, le premier joueur de cette université à être nommé depuis 1968.

Il est également joueur de l’année de la Pac-10. Il permet aux Golden Bears de se qualifier une nouvelle fois pour la March Madness, en tant que cinquième seed mais cette fois-ci, l’upset est inversée, ce sont les joueurs de Wisconcin-Green Bay qui l’emportent. Malgré un tournoi décevant, Jason Kidd en a fini avec l’université, il se déclare éligible à la draft NBA où il est en concurrence avec de nombreux guards comme Grant Hill, Jalen Rose, Eddie Jones et Wesley Person.

Pour finir sur sa scolarité, son université décrit sa venue en cette phrase:

Même si sa carrière à Cal’ n’a duré que deux saisons, Jason Kidd a eu sans doute le plus grand impact sur ce programme universitaire.


UNE AVENTURE QUI COMMENCE DANS LE TEXAS

Les Milwaukee Bucks ont le premier choix, ils choisissent Glenn Robinson, l’ailier au fort scoring de Purdue. Puis viennent les Dallas Mavericks. Même si Grant Hill avait une énorme hype lors de cette draft, les Mavs décident de prendre Jason, qui signe pour un contrat de 9 ans et 54M$ début septembre. Il reçoit aussi de beaux contrats publicitaires de la part de Nike, Classic Cards et Sega Megadrive. Il n’empêche que l’été n’est pas rose. Avant la draft, Jason Kidd est arrêté pour un accident avec délit de fuite. Il plaide coupable, prend une amende de 1000$ ainsi que 100 heures de travaux d’intérêt général assortis de deux ans de mise à l’épreuve.

D’autres problèmes font surface. Il est contraint d’admettre la paternité d’un enfant après avoir été poursuivi par sa mère et en avoir nié l’existence. Puis, une autre femme l’accuse de l’avoir giflé à une fête, ce cas sera classé sans suite. Finalement, trois jours après avoir signé son juteux contrat, sa nouvelle voiture lui est volé. Il doit déjà se racheter envers les fans des Mavs qui placent des espoirs nourris en lui. Il fait construire un nouveau gymnase près d’une église à Dallas ou encore achète un block de 30 tickets à la saison pour les enfants les moins privilégiés.

Cela ne rassure pas les spécialistes, Jason Kidd est synonyme de problèmes, d’autant que Dallas avait gagné 24 matchs seulement lors des deux saisons précédents son arrivée. Qui plus est, les Mavs s’étaient mutinés contre leur coach Quinn Buckner au printemps écoulé et le moral ne pouvait donc qu’être au plus bas. Dick Motta est engagé pour calmer les esprits, il accueille le pivot Roy Tarpley, qui a manqué trois saisons consécutives pour utilisation de stupéfiants, il devait néanmoins être au centre du système de Motta comme Jim Jackson ou Jamal Mashburn. Jason était là pour contenter tout le monde avec des passes, point. Et contrairement à ce qu’on peut penser, la formule fonctionne à merveille !

Les Mavs remportent 9 de leurs 16 matchs et le duo Jackson-Mashburn compilent souvent 50 points. Les Mavs terminent avec un bilan négatif (36-46) mais inespéré, Kidd reçoit beaucoup de crédit dans ce renouveau.

 

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Pour beaucoup, aucun meneur rookie n’a eu autant d’impact sur un collectif. Un quart des victoires de Dallas proviennent de come-back impensables, Jason Kidd prend de l’ampleur quand Jim Jackson a une blessure fatale pour sa saison, compilant 15 pts et 8 passes en son absence. Il explose dans les trois dernières semaines de l’année avec quatre triple-double enregistrés dont une performance marquante, en double prolongation contre Houston avec 38 points, 11 rebonds, 10 passes et 3 interceptions. Il est le seul rookie finissant dans le top 10 de deux catégories (10ème aux passes, 7ème aux steals) et se voit consacrer co-rookie de l’année avec Grant Hill, qui bénéficie des lumières médiatiques pour son jeu offensif et la sympathie du public. Il termine la saison avec 11.7 points, 5.4 rebonds et 7.7 passes en menant la ligue au nombre de triple-double.

Jason Kidd : A mon sens, je suis juste allé sur le parquet pour exprimer mon talent et laisser le jeu se dérouler de lui-même. Certains veulent avoir des publicités et se faire bien voir de cette façon mais je pense qu’en jouant bien, on convainc les gens, il ne suffit pas de se faire bien voir.

On surnomme rapidement le trio Jason Kidd-Jim Jackson-Jamal Mashburn les « 3J ». A l’orée de la saison 1995-96, on attend beaucoup de ces Mavs. Les fans et les médias sont en ébullition avec ce trio de stars pour ramener les Mavs en playoffs, quittés depuis cinq années. Malheureusement, cette saison est un désastre dès les prémices. A la mi-décembre, Dallas est à 6-12, Tarpley doit faire face à une possible suspension à vie pour avoir violé son aftercare agreement, un contrat reposant sur l’absence de consommation de stupéfiants, le pivot Donald Hodge est arrêté en possession de Marijuana et Mashburn, qui avait des prises de bec avec Jackson, se blesse pour le reste de la saison au genou.

Toutes ces péripéties coulent la saison et le club, qui termine avec un bilan catastrophique (26-56), malgré les efforts de Jason Kidd pour relancer son équipe. Mais ses coéquipiers n’ont jamais répondu à son appel. L’ambiance délétère et souffreteuse va finir par exploser en février, dans l’Utah. Jim Jackson et Scott Brooks sont à deux doigts d’échanger des coups de poing à la mi-temps alors que le Jazz mène de 20 points. Dallas perd le match et Jason est remonté contre Jackson pour son attitude égocentrique, il finit par pratiquement ne plus lui adresser un mot jusqu’à la fin de la saison. Lors d’un sondage réalisé par le Fort Worth Star-Telegram, Jason est l’athlète le plus populaire de Dallas juste derrière Troy Aikman (NFL) mais devant Emmitt Smith (NFL).

Pour illustrer son talent, on se souvient de ce double-crossover qui a fait le tour des TOP 10.

Malgré une année sans intérêt, Jason Kidd termine avec de très belles statistiques: 16.6 points, deuxième meilleur passeur de la ligue et meilleur rebondeur parmi les guards. Avec 783 passes et 553 rebonds, il devient le sixième joueur de l’histoire de la NBA à enregistrer au moins 500 rebonds et 700 passes en une saison, le dernier à réaliser cet exploit n’était autre que Magic Johnson en 1990-91, cela lui vaut d’être intégré au All-Star Game où il brille avec 7 points, 6 rebonds, 10 passes et 2 interceptions. Enfin, il termine avec 175 interceptions pour seulement 155 fautes, c’est un des quatre joueurs à avoir eu ce ratio positif. Son meilleur match apparaît contre le Jazz avec 25 passes décisives distribuées.

Durant l’été, et un voyage au Japon avec les joueurs sponsorisés par Nike, Jason Kidd reçoit une véritable leçon de morale de la part de Michael Jordan qui l’accuse de gâcher son énorme potentiel. Pendant ce temps-là, le propriétaire des Mavs, Donald Carter, vend la plupart de ses parts de la franchise et le nouveau groupe de propriétaires s’empresse de virer Motta pour engager un Jim Cleamons (ancien assistant des Bulls), connu pour sa discipline. Jason n’est pas particulièrement ravi de cette arrivée, car il n’a pas été consulté. Quand les deux se rencontrent, ils semblent néanmoins sur la même longueur d’onde.

Quelques jours plus tard, Jason impose un ultimatum: les Mavs doivent choisir entre lui et Jim Jackson. Il retire rapidement ses propos, mais le mal est fait. La controverse refait surface et Jason Kidd ne s’entend finalement pas avec Cleamons. Début décembre, les Mavs veulent se débarrasser de leur meneur signé 9 ans.


BY THE TIMES I GET TO ARIZONA

Pour calmer les fans, qui ne comprendraient pas la solution, l’équipe balance quelques dossiers à certains journalistes spécialisés locaux dont des rumeurs fumeuses; puis un accident de voiture dans lequel il n’était que passager, continue de diminuer sa cote, le faisant paraître comme un élément à problème. Le Noël suivant, Dallas envoie Jason Kidd, Tony Dumas et Loren Meyer aux Suns contre Sam Cassell, A.C.Green et Michael Finley.

Les fans de l’Arizona sont excités à l’idée de recevoir ce meneur talentueux, tandis que Kidd est content de trouver chaussure à son pied pour un nouveau départ. Durant ses premiers matchs, il cumule 7 rebonds et 9 passes en jouant à peine 20 minutes. La malchance le frappe côté blessure, avec une fracture de la clavicule. Il manque 21 matchs durant lesquels l’équipe a des soucis (9-12). Il revient après quelques semaines, coach Danny Ainge le fait jouer en tandem avec Kevin Johnson (aujourd’hui maire de Sacramento) avec lequel il forme un tandem explosif, finissant tous les deux dans le TOP 5 des meilleurs passeurs de la ligue.

Les Suns enchaînent un 23-9 et sécurisent leur place en playoffs avec plus de 107 points marqués par match. Jason tourne à 10.9 points, 9 passes et 2.25 interceptions en 55 matchs. Il réussit un de ses meilleurs matchs contre les Warriors en mars avec 33 points dont huit shoots longue distance. Le bilan de fin de saison plaide en faveur des Suns qui terminent à 40-42 tandis que Dallas s’enfonce à 24-58. En playoffs, Phoenix tombe contre Seattle mais les choses tournent vite au vinaigre, défaite 3-2. Il termine malgré tout les playoffs avec des stats très honorables (12 pts, 6 rbds, 9.8 passes et 2.2 interceptions).

Il est heureux tant sportivement que dans sa vie privée, il en profite pour se marier avec Joumana Samaha, une jeune fille qui aspirait seulement à devenir reporter télévisuel plutôt qu’à épouser un basketteur. Bien dans sa tête, Jason Kidd arrive aux training camps 1997 avec la bave au coin de la bouche. Joumana travaille avec lui pour améliorer son image de marque, à faire plus d’interviews notamment.

Côté Suns, des changements sont bienvenus avec les arrivées de Cedric Ceballos, Rex Chapman, Danny Manning et Cliff Robinson. On pense alors que le run&gun de Danny Ainge pourra, avec ce roster, fleurir et emporter l’Ouest. D’autant qu’Antonio McDyess va rejoindre les rangs des Suns en provenance de Denver.

Phoenix réussit son pari, malgré de nombreuses blessures, l’équipe reste en chasse de la pôle position de la division Pacifique. Ce qui bluffait, à l’époque, avec cette équipe, est la répartition parfaite du scoring. Avec une série de dix victoires consécutives en avril, les Suns terminent avec un bilan élogieux (56-26), et troisième de la division. Ils tombent contre les Spurs de Tim Duncan et David Robinson, dont le jeu défensif a raison de leur attaque rapide.

En dépit de cette fin de saison en queue de poisson, l’année de Jason est encore florissante (11.6 pts, 6.2 rbds, 9.1 assists et 2 steals). Huit de ses coéquipiers tournent en double-figure, il est élu All-Star et deux fois joueur de la semaine, second meilleur passeur de la ligue juste derrière Rod Strickland. Il compte également quatre triple-double, le même nombre que Grant Hill, dont deux contre son ancienne équipe de Dallas. Il s’améliore aussi drastiquement au niveau de son shoot et des lancers-francs, obligeant les équipes à défendre sur lui à présent


LA RÉUSSITE EN ÉQUIPE NATIONALE

Son hygiène de vie et son éthique de travail en font un bourreau pendant l’inter-saison, qui dure cette fois-ci plus longtemps que prévue dû au lockout de 1998/99. Il s’entraîne toujours en hiver, sa femme Joumana l’aide en novembre et décembre pour ses exercices quotidiens (suicides, sprints, passing, jumpers…) et tout ça alors qu’elle est enceinte de leur premier enfant, le futur Trey Jason Kidd (T.J). Une fois le lockout terminé, une saison de 50 matchs commence et Jason y brille de mille feux. Il devient le premier Sun à mener la grande ligue au niveau des passes décisives, réussit le plus de triple-double cette année là avec 7 itérations, d’autant qu’il tourne à 17 points par match. Il intègre logiquement la All-NBA First Team et la All-Defensive First Team avec 16.9 pts, 6.8 rbds, 10.8 passes et 2.3 interceptions.

Il n’en reste pas moins que les critiques le visent dans son inhabilité à faire gagner son équipe en playoffs. Car les Suns ont tout pour avancer dans la campagne de post-saison mais se font laminer par les Blazers dés le premier tour, dû notamment au manque d’intérieurs dans leur frontcourt. Il faut avouer que les Suns comptent sur Clifford Robinson, Danny Manning, Luc Longley et un nouveau venu, en échange de McDyess, Tom Gugliotta, pour faire face à des PF/C dominants. Jason Kidd, star de l’équipe, porte la responsabilité de cet échec. C’est après cet évènement que Jason fait face à sa période la plus difficile en carrière, quand, au printemps 1999, son père décède d’une crise cardiaque. Une épreuve qui le fera mûrir, selon ses proches.

L’été venu, il voyage à Porto Rico pour jouer le tournoi de pré-qualification olympique. Pendant que ses coéquipiers profitent des palmiers et des casinos, Jason devient un véritable patron dans le vestiaire en compagnie de Tim Duncan, pour remettre l’équipe dans le droit chemin. Team USA remporte tous ses matchs (10-0) et prendra en 2000 la médaille d’or aux J.O de Sidney contre la France.

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Avec cette image de leader à Porto Rico et ses bonnes perf’ en saison, il devient une véritable star à Phoenix. La NBA commence à l’engager pour en faire une véritable mascotte tandis qu’aux Suns on réfléchit à la manière de l’entourer pour aller au titre. Jason est impliqué dans les négociations et fait le forcing pour recruter Penny Hardaway et Oliver Miller, qui signeront avec Phoenix. L’ équipe est à présent taillée pour combattre les grands de l’Ouest. Danny Ainge surprend son monde en démissionnant après seulement 20 matchs dans cette saison 99/00. Scott Skiles, 36 ans, est nommé à la tête de l’équipe et mène les Suns à la victoire 40 fois sur les 62 derniers matchs ! Jason Kidd est une part essentielle de ce succès jusqu’au mois de mars, où il se casse la cheville droite.

Cela ne l’empêche pas d’être dans la All-NBA First Team et d’être le meilleur passeur de la saison une fois encore, les stats parlent pour lui avec 14.3 pts, 7.2 rbds, 10.1 passes et 2 steals par match!  Il bat ses propres records en cumulant plus de 7 rebonds par match, soit mieux que 17 des 29 pivots titulaires de la ligue. Les blessures entourent cette équipe des Suns, puisque Hardaway, Chapman et Gugliotta passent beaucoup de temps à l’infirmerie également. Cependant, grâce à l’émergence de Shawn Marion, au retour de sa retraite de Kevin Johnson et au travail de Skiles, Phoenix termine avec un bilan de 53-29.

On se demande alors si Jason Kidd pourra revenir à temps afin de participer aux playoffs, avec un premier tour contre les Spurs qui s’annonce détonnant. A la surprise générale, les Suns remportent deux des trois premiers matchs sans Jason, qui ne revient que pour le match 4 afin d’aider son équipe à boucler la série ! En 31 minutes, il compile 9pts-10rbds-3sts. Les Suns sont l’underdog de cette campagne de playoffs mais doivent s’incliner au tour suivant contre les Lakers, Jason Kidd réalise un match dantesque au Game 4 avec son premier triple-double en playoffs (22pts-10rbds-16ast), et une fois encore, les Suns perdent contre le futur vainqueur du trophée.

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La saison 2000/01 est sujette à d’autres problématiques, cette fois, en dehors du terrain. Penny Hardaway est accusé d’avoir pointé une arme à feu contre une femme, Cliff Robinson est arrêté pour conduite en état d’ivresse alors qu’il est le top scoreur de l’équipe; et Jason se voit arrêté pour avoir battue sa femme dans une dispute qui a mal tourné. L’histoire fait le tour des journaux, en Une évidemment. Jason Kidd doit s’excuser en direct, avec sa femme à ses côtés pour amortir le choc. Elle dira qu’il s’agit d’une histoire malheureuse et qu’elle avait l’habitude d’être maltraitée par son homme. Kidd est obligé de quitter l’équipe plusieurs jours… et son retour revigore son équipe comme l’année précédente suite à sa blessure. Il devient même un scoreur, avec six matchs à plus de 30pts dans l’année et un career-high de 43 points en mars contre Houston.

Les Suns redeviennent dangereux avec un bilan très positif (51-31) Jason réalise une saison toujours plus impressionnante de régularité  au scoring avec 16.9 pts, 6.4 rbds, 9.8 assists et 2 steals par match. Il rejoint avec ce titre de meilleur passeur, John Stockton, Oscar Robertson et Bob Cousy comme un des seuls joueur ayant mené la NBA au passing trois saisons d’affilée.

Il ne manque plus qu’une consécration collective à cette débauche d’énergie, les Suns tombent contre les Kings des Webber, Stojakovic, Divac. Après avoir remporté le premier match, malheureusement, Phoenix tombe. Cette énième défaite en post-saison donne une raison valable – en plus des soucis extra-sportifs – pour l’organisation de se débarrasser de Jason.

Une phrase viendra hanter ce deal, c’est Kobe Bryant qui exprime la réaction de toute la ligue:

Kobe Bryant : Ils ont perdu la tête à Phoenix, qu’est-ce qu’ils font là???


ÉPILOGUE AVEC LE DÉPART AUX NETS

Il faut dire que l’organisation des Suns, et particulièrement le président de l’époque, Jerry Colangelo, ont une image très conservatrice de leur équipe. Malgré les efforts de Jason Kidd pour redorer son image auprès des médias et du public, le club voit son faux pas comme une trahison et une réputation que le club ne peut endosser. Une excuse, donc, pour faire un trade en juin avec les New Jersey Nets : Stephon Marbury arrive, Jason Kidd part.

L’intéressé n’est pas forcément en faveur de ce trade car New Jersey est à l’époque une véritable équipe à la dérive et composée de joueurs blessés. Kerry Kittles revenait d’une lourde opération du genou droit, Kenyon Martin s’était cassé le péroné et Keith Van Horn… devait encore prouver qu’il était le grand scoreur qu’on attendait. L’équipe engage également Todd MacCulloch à la Free Agency pour étoffer sa raquette et un quartet de rookies (Richard Jefferson, Jason Collins, Brandon Armstrong, Brian Scalabrine) est prêt à récupérer du temps de jeu. Tout ce petit monde est dirigé par Byron Scott, qui se cherchait encore en tant que coach.

A la demande de Byron Scott, Jason est chargé de s’adresser à ses nouveaux coéquipiers avec un discours pour les préparer mentalement. Il le fait, car il sait qu’il a ce tempérament de leader que recherchent les coachs dans le vestiaire. Il pointe du doigt le fait que cette année est vraiment spéciale et qu’il y a une opportunité de réaliser quelque chose avec ce groupe.

Cela se vérifie dans le premier match de la saison contre les Pacers, les Nets ont 11 points de retard dans le quatrième quart-temps et Jason Kidd mène un come-back de folie pour une victoire 103-97 ! Selon ses propres mots, cette victoire a fait le ciment du vestiaire pour le reste de la saison. Décembre arrive et les Nets sont leaders de la Division Atlantique (pas la plus relevée, qu’on se le dise bien). Les fans commencent à y croire et la Continental Airlines Arena, si souvent déserte, se remplit petit à petit pour devenir un véritable avantage à domicile.

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Jason n’a pas oublié les Suns et est très impatient de rencontrer ses anciens coéquipiers. Lorsque le Nets-Suns est annoncé, on s’attend à du grandiose de sa part et c’est le cas: il délivre 11 passes décisives avant de marquer son premier panier et l’équipe l’emporte 106-97. Jason mène une équipe étonnante, qui surprend toute la NBA notamment lors de deux énormes victoire contre Minnesota mais surtout Washington, qui prend 44 points d’écart dans la musette !

Cette équipe met en avant le fastbreak, avec une rapidité d’exécution qui sied au jeu d’anticipation que mène Kidd. Le All-Star Break arrive à grand pas et on cite déjà dans les médias, Jason Kidd comme potentiel MVP avec une équipe au bilan très flatteur (35-12) en sus de ses double-double à la pelle. Plus important encore, il n’hésite pas à montrer la voie à toute la hiérarchie pour mieux faire avancer l’équipe. New Jersey termine avec un bilan intéressant (52-30) sur le toit de la côté Est et avec son premier titre de division Atlantique depuis la saison 1976/77!

Individuellement, Jason tourne à 14.7 pts (malgré des pourcentages toujours risibles en dessous des 40%), 7.3 rebonds, 9.9 assists et 2.1 steals. La NBA l’attend toujours en playoffs, endroit où il n’a jamais vraiment réussi. Les Nets affrontent les Pacers, perdant l’avantage du terrain dés le premier matchs et on se dit déjà, que Jason va sortir, une nouvelle fois, par la petite porte. Il répond aux critiques sur le terrain avec deux solides perf’ dont 25 points dans le match 3 afin de redonner l’avantage à son équipe. Le Game 5 (2-2) est haletant, Jason Kidd et Reggie Miller entrent dans une danse endiablée offensivement, de laquelle le Net ressort vainqueur (31 pts, 8 rebonds, 7 assists contre les 31 pts de Reggie), son meilleur match en carrière selon ses propres mots.

La campagne continue, contre les Hornets cette fois et les Nets sont remontés contre une nouvelle : Tim Duncan sera MVP. Même si les stats de Jason Kidd ne sont pas stratosphériques offensivement, sa polyvalence et son impact sur les Nets auraient mérité mieux.

Les Nets l’emportent, non sans se faire peur, notamment quand Jason rentre en collision avec David Wesley, nécessitant 15 points de suture mais il conclut un Game 4 important en scorant 13 points dans le quatrième quart-temps. New Jersey n’est qu’à quatre rencontres des NBA Finals, et rencontre les Boston Celtics de Paul Pierce et Antoine Walker. Jason annonce le ton dès le premier match: 18pts – 13rbs – 11pds, et une victoire. Il réitère la perf’ au Game 2 mais l’équipe perd le match.

Au Boston Garden, encore une déception vient émailler cette campagne quand les Nets gâchent une avance de 26 points dans le QT3, Jason étant limité à zéro point dans les 12 dernières minutes du match, prenant sur lui la responsabilité de cette défaite.

Le Boston Garden est moqueur et n’hésite pas à taunter (se moquer) la famille Kidd pendant les matchs. Et il le prend personnellement, en éteignant le Garden dans le Game 4 avec une victoire sur le fil.  Les deux derniers matchs sont dans la poche après cette victoire dont un Game 6 à 15 pts – 13 rebonds et 13 passes, Kidd et son équipe sont en Finals pour la première fois de leur histoire.

L’Histoire ne se termine pas en happy end car en face le duo Bryant-O’Neal va agir en véritable rouleau compresseur avec un sweep qui concrétise leur Three-Peat.

Ecrit par:

N.K

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