Latrell Sprewell – The Spree

Tantôt chouchou du Madison Square Garden, tantôt paria totalement ingérable, Latrell Sprewell fait partie des joueurs fascinants des 20 dernières années. Joueur et homme agressif, caractériel voire déjanté, Spree n’a jamais rien fait à moitié. C’est bien pour ça qu’on l’a aimé / détesté (rayez la mention inutile).

Le coup de bluff des Warriors

Natif de Milwaukee, Latrell Sprewell évolue dans un environnement instable. Son père deale de la marijuana et bat sa mère. À 7 ans, ses parents divorcent, son père prend 2 ans de prison et le petit Latrell est envoyé un temps chez ses grands parents. Il aurait pu mal tourné mais sa taille, 1.92m à 17 ans, intrigue le coach de son lycée.

tumblr_ma1c1q4Vsb1redybyo1_400Latrell Sprewell ne joue qu’un an pour le lycée Washington de Milwaukee mais il claque 28 points par match, mène son équipe à 24 victoires en 26 matchs et obtient le Jack Takerian Award, trophée du… fair play. Arrivé trop tardivement au basket, il n’a pas d’exposition nationale et ne reçoit aucun intérêt de la part de la NCAA. Il file alors à Three Rivers CC, dans le Missouri, en NJCAA.

Il commence alors à porter le numéro 15, en référence à sa fille née le 15 mai 1988. Sa première année est marquée par une suspension pour vol dans un magasin, la deuxième par 26.6 points et 9.2 rebonds de moyenne. Après ces deux saisons, il quitte le Missouri pour la fac d’Alabama, où ses 17.8 points par match et sa défense tenace commencent à attirer les recruteurs, notamment un scout des Warriors impressionné par son potentiel et sa marge de progression.

Les Warriors, titulaires du 24e choix de la draft ’92, cachent leur pépite. Ils ne l’invitent pas aux traditionnels tests physiques et médicaux et annoncent à qui veut l’entendre qu’ils cherchent un pivot. Le coup de bluff est payant : Latrell Sprewell passe sous le radar et les Warriors peuvent le sélectionner à la surprise générale.

Récompenses et altercations

Ses débuts sont prometteurs : 69 titularisations en 77 matchs, 15.4 points, 3.8 assists et 3.5 rebonds en moyenne et une place dans la All-Rookie Second Team. Spree – diminutif qui signifie fête et folie – se signale aussi par une bagarre à l’entraînement avec Byron Houston. Les Warriors, minés par les blessures et les mauvais choix (départ de Mitch Richmond contre Billy Owens, ce qui a mis fin au Run TMC), gagnent 34 matchs et recrutent Chris Webber à la draft suivante.

Le tandem Sprewell – Webber est séduisant et compense la baisse de régime de Chris Mullin. Latrell Sprewell monte à 21 points, 4.9 rebonds, 4.7 assists et 2.2 steals en 43.1 minutes. Il débute les 82 matchs de la saison régulière et GSW remporte 50 matchs. Sophomore, il est l’invité surprise du All-Star Game, de la All-NBA First Team et de la All-Defensive Second Team. La belle aventure s’arrête toutefois par un sweep au premier tour des playoffs face aux Suns. Dans le match 2, il se permet un dunk sur Charles Barkley et un peu de trash talk.

Seulement, aux Warriors, il règne une instabilité destructrice. C-Webb est transféré au bout d’un an, Don Nelson quitte son poste en février 1995 et Tim Hardaway est tranféré au Heat après le All-Star Game ’95. Une bagarre avec Jerome Kersey fait aussi la Une des journaux en 1995. L’arrière des Warriors aurait même menacé son partenaire avec un flingue. Les résultats chutent, malgré les belles pointes de Spree au scoring (24.2ppg en 1997). Latrell Sprewell reste un invité récurrent du All-Star Game (1995, ’97) mais disparait des récompenses de fin de saison.

Latrell Sprewell : « Je n’ai pas étranglé PJ si fort que ça »

Au terme de la saison 1996-97, Rick Adelman est remplacé par PJ Carlesimo. Latrell Sprewell débute la saison dans ses standards habituels (21.4ppg-4.9apg-3.6rpg) mais les Warriors encaissent 13 défaites en 14 matchs. Le 1er décembre, lors d’un entraînement, le nouveau coach demande à son arrière d’appuyer un peu plus ses passes. La réponse du joueur est cinglante : il n’est pas d’humeur à écouter des critiques. Coach Carlesimo s’approche de son joueur, Latrell Sprewell menace alors de le tuer et le prend à la gorge. L’étranglement dure une dizaine de secondes avant que les deux hommes ne soient séparés. Une vingtaine de minutes plus tard, Sprewell, douché et changé, revient à la charge et se fait définitivement virer par le staff de Carlesimo.

P.J.-CarlesimoLatrell Sprewell est alors suspendu 10 matchs. Le lendemain, les Warriors vont plus loin et veulent annuler les 23.7M$ sur 3 ans qu’ils doivent encore à leur joueur. La NBA suspend finalement le joueur pour un an. Pendant sa suspension, il ne se tient pas à carreau. Il est impliqué dans un accident où il blesse deux personnes. Il est assigné à résidence pendant 3 mois mais évite la prison. Quant aux regrets, il n’en exprimera jamais.

Latrell Sprewell : Je n’ai pas étranglé PJ si fort que ça, il pouvait respirer. Je ne veux pas que les gens pensent que je suis un mauvais gars. Je n’ai pas dit que je ne devais pas être puni, j’ai seulement dit que c’était excessif.

Entre sa suspension et le lockout, Latrell Sprewell revient finalement à la compétition en février 1999. Les Warriors le transfèrent aux Knicks contre John Starks, Chris Mills et Terry Cummings. Il manque 13 matchs à cause d’une blessure au talon mais apporte 16.4 points. Il est surtout très complémentaire de l’élégant Allan Houston. Il apporte de la hargne et de l’agressivité en sortie de banc. Les Knicks (27-23) terminent huitièmes de la saison régulière et réalisent l’exploit d’atteindre les finales. Battus en 5 manches, les Knicks privés de Pat Ewing ne font pas le poids. Toutefois, lors du match 5, Latrell Sprewell prend feu, 35 points et 10 rebonds. Il aligne les tirs impossibles, pose un dunk d’anthologie sur Jaren Jackson mais les partenaires de Tim Duncan s’impose 78-77. Lors des NBA Finals ’99, il tourne à 26 points par match.

L’année suivante, il intègre le 5 majeur des Knicks et tourne à 18.6 points par match. Il obtient alors une prolongation de 62M$ sur 5 ans mais l’après-Pat Ewing éloigne les Knicks du titre. Retenu pour son dernier All-Star Game en 2001, il réalise sa meilleure saison statistique new-yorkaise en 2002, 19.4 points, 3.9 assists et 3.7 rebonds. Il signe notamment 3 matchs à plus de 40 points, dont son record en carrière, 49, face aux Celtics.

Latrell Sprewell : « Je veux vraiment cette bague »

À l’intersaison, Latrell Sprewell se casse la main. Son excuse est floue : il se serait fait ça en dormant sur son yacht. Les Knicks, non prévenus, lui infligent une amende de 250 000$. Le New York Post évoque une bagarre et s’attire les foudres, et une plainte, du joueur. La réaction de Sprewell à sa sanction est là encore bien étrange.

Latrell Sprewell : Il y a beaucoup de tensions à New York. Ils veulent vous sanctionner pour n’importe quelle petite chose que vous faites.

Sa dernière saison à New York est marquée par un 9/9 à 3-points face aux Clippers, un record égalé depuis par Ben Gordon. Les Knicks de Don Chaney remportent 37 matchs et sont absents des playoffs pour la deuxième année consécutive. En juillet 2003, Latrell Sprewell est une pièce centrale d’un deal à quatre (Knicks, Wolves, Hawks, 76ers) qui l’envoie dans le Minnesota et amène Keith Van Horn à New York. Il fait alors partie d’une stratégie ambitieuse de Kevin McHale qui veut faire franchir le cap du premier tour des playoffs à sa franchise. Kevin Garnett reçoit ainsi le soutien de Spree, Sam Cassell et Michael Olowokandi.

Latrell Sprewell : J’ai 33 ans maintenant. Je veux vraiment cette bague. J’ai eu ce goût à New York. Je vois une chose. Ces gars, KG et tout le monde, ils ont faim. Sam est le seul à avoir la bague. Tous les autres, nous la voulons vraiment.

Latrell Sprewell (16.8ppg-3.8rpg-3.5apg) s’installe dans le cinq majeur à la place de Wally Szczerbiak, Kevin Garnett livre une saison de MVP, Sam Cassell devient All-Star à 34 ans et les Wolves remportent 58 matchs. En playoffs, Spree claque 31 points face aux Nuggets au premier tour, 34 contre les Kings au deuxième et accompagne la progression des T-Wolves jusqu’aux finales de conférence. Mais les blessures de Cassell et Szczerbiak, ainsi que la méforme persistante d’Olowokandi, condamnent les T-Wolves à une élimination en finale de conférence face aux Lakers (4-2).

Durant l’été, les Wolves offrent 21M$ sur 3 ans à leur vétéran. Une proposition honnête pour un joueur de 34 ans. Néanmoins Latrell Sprewell répond avec son fameux : « J’ai une famille à nourrir. » Il termine son contrat sans passion, tournant à 12.8 points par match. Son agent annonce après la saison qu’il refusera les offres au salaire minimum et qu’une MLE (environ 5M$) ne serait pas suffisante. Les Mavs, Spurs ou Lakers ont tenté de l’engager pour jouer le titre mais, finalement, Latrell Sprewell n’est jamais revenu sur un parquet. Il apparait par contre de temps à autre dans la colonne faits divers. Une vie d’homme à l’image de la carrière du mal surnommé American Dream

 

Sa fiche

  • Né le 08/09/1970 à Milwaukee, Wisconsin
  • Poste: arrière
  • Taille: 1.96m
  • Poids: 88kgs
  • High School: Washington HS (Milwaukee, Wisconsin)
  • College: Three Rivers CC (1988–1990) puis Alabama (1990–1992)
  • Drafté par les Golden State Warriors en 24ème position de la draft ’92

Franchise

  • Golden State Warriors (1992-98)
  • New York Knicks (1998-2003)
  • Minnesota Timberwolves (2003-05)

Palmarès

  • 4x NBA All-Star (1994, ’95, ’97 et 2001)
  • 1x NBA All-NBA First Team (1994)
  • 1x NBA All-Defensive Second Team (1994)
  • NBA All-Rookie Second Team (1993)

Stats en carrière

  • Points : 16 712 soit 18.3 par match.
  • Rebonds : 3 724 soit 4.1 par match.
  • Assists : 3 664 soit 4.0 par match.
  • Steals : 1 294 soit 1.4 par match.
  • Matchs : 913 (dont 868 comme titulaire) de saison régulière, 62 en playoffs.

 

Ecrit par:

Jérôme

8 Commentaires

  1. Free_Eagle -  9 mars 2014 - 18:42

    Hhhaaaa ! le retour des bio que je désespéré voir revenir !!

    Merci N.K, et j’en profite pour te demander quand, ou tout du moins, à quelle rythme vont nous revenir les nombreuses autres ? dont le taf est en général remarquable, et qui manque cruellement au site…

    Répondre
    • N.K -  9 mars 2014 - 20:16

      Le rythme de 4 articles par semaine sera tenu, cela donne à lire tous les deux jours, nous sommes deux pour l’instant et c’est déjà bien tout ce qu’on peut faire. Les choses vont continuer à changer dans les mois à venir donc tout vient à point à qui sait attendre 😉

      Répondre
  2. Cédos -  9 mars 2014 - 20:50

    j’ai le jersey époque Knicks 😀

    Répondre
  3. stephyx -  10 mars 2014 - 10:40

    Latrell qui?

    Répondre
  4. Jérôme -  10 mars 2014 - 21:00

    C’est méchant de ne pas m’avoir cité comme auteur 🙁

    Répondre
    • stephyx -  11 mars 2014 - 09:19

      oui je suis d’accord c’est le meilleur article de toute sa vie. J’irais même plus loin, c’est la meilleure (et la seule?) chose qu’il ait jamais réalisé dans sa vie! donc ne lui enlève pas ce privilège, svp…

      Répondre

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