Rétrospective des jeux video de basket : les années 90 (Part 2)

EA Sports lance NBA Live

Electronic Arts ayant lancé avec succès sa branche « EA Sports », notamment via FIFA, il ne faut pas tarder à voir un nouveau rebranding avec l’apparition de NBA Live 95. L’enjeu est de taille avec cette nouvelle franchise qui doit s’installer dans la durée avec une identité sportive forte, de laquelle NBA Showdown n’était qu’une prémisse.

Le soft est distribué sur Super Nintendo et Megadrive et plusieurs innovations majeures dans la série font leur apparition. C’est l’introduction d’une vue isométrique (Angle à 30°) qui tranche nettement avec les opus précédents (vue horizontale) et reprise dans FIFA, la présence d’un « T-mètre » pour les lancers-francs et d’un bouton de turbo ou d’accélération temporaire. Le magazine américain Game Players dira que c’est « le meilleur jeu de sport de la Super Nes » en janvier 95.

 

Et naturellement, EA peut se targuer d’avoir toutes les licences, même le All-Star Game. D’autant que le jeu développe le côté « gestion » avec la possibilité de faire une saison, des trades et des stats précises. En ajoutant une petite touche arcade via les alley-oop, les dunks et des playbooks offensifs, dans un jeu jouable de 1 à 4, c’est le succès assuré. A noter que la version PC aura des rosters plus à jour mais comme la version console, n’aura pas Charles Barkley et David Robinson. On retrouvera une itération de cette franchise chaque année, avec des améliorations graphiques et de gameplay toujours intéressantes alors que la concurrence ne fait pas rage.

En 1995, les autres franchies notables sont Barkley Shut up and Jam! 2, une suite assez anecdotique, mais c’est surtout NBA Give ‘n Go édité par Konami qui se fait remarquer. Il est publié sur la Super Nes et possède également la licence NBA, il diffère de NBA Live dans le fait qu’il base son gameplay sur le fun et l’arcade, à l’instar de Run&Gun, en pompant les mêmes aspects graphiques et le gameplay. Visant un public moins averti, il tente de grappiller des parts à NBA Jam, il manque néanmoins Shaquille O’Neal et Charles Barkley, tandis que Michael Jordan avait pris sa retraite.

N’oublions pas de parler de Sega, qui continue de développer sa franchise avec NBA Action’95 starring David Robinson pour alimenter la Megadrive. Le jeu se joue avec une « Fast Break View » , une sorte de vue du dessus qui fait pâle figure face aux concurrents d’EA ou Konami. Il n’empêche que le soft possède la Licence NBA, un temps où le monopole n’existait pas vraiment sur ce point.

Le PC n’est pas oublié dans l’affaire, puisque un certain NBA Full Court Press est édité et développé par Microsoft himself. Le titre se veut une véritable simulation de basket avec des commentaires pour chaque action décrite à la perfection par les consultants. On peut également être un coach avec la possibilité d’éditer sa propre équipe NBA, les licences sont évidemment de la partie. Microsoft fait le choix graphique d’un prérendu 2D avec de faibles détails, une décision qui ne lui vaudra pas les éloges des testeurs de l’époque, d’autant que le jeu manquait cruellement de réalisme (scores etc..) et possédait une intelligence artificielle ridicule. Last but not least, Konami essaie de faire son trou avec son label Konami XXL Sports Series via la franchise NBA In the Zone, déclinée sous le nom Power Dunk au Japon et NBA Pro en Australie, et qui ne connaîtra pas un succès commercial mais d’estime. L’effort est centré sur le rendu graphique avec des textures 3D et un gameplay fluide rempli d’animations très attrayantes pour l’époque :

Loin des sirènes d’EA Sports, ce jeu a la réputation d’être apprécié par les « connaisseurs », l’atout majeur résidant dans son intelligence artificielle plus élevée que la moyenne et les possibilités de moves (Sky-Hook, passe dans le dos…). Il n’en reste pas moins que le grand gagnant en 1995, c’est EA Sports, qui récidive avec NBA Live 96 distribué sur la old Gen (Snes, Megadrive, GameBoy) mais également sur Playstation et sur PC. Ces deux dernières versions vont d’ailleurs avoir la primeur d’une jaquette avec Shaquille O’Neal au Magic d’Orlando, ainsi qu’un rendu véritablement 3D du parquet permettant de changer les angles de caméra avec ce que EA va appeler la technologie de stade virtuel (Virtual Stadium Technology). Les joueurs sur le parquet restent des sprites en 2D :

Et comme en prendra l’habitude EA Sports, les ajouts ne sont pas que cosmétique, on voit apparaître un nouveau mode Coach, des diagrammes animés, des tactiques, de nouvelles animations etc…c’est aussi grâce au support CD que les premières introductions en vidéo font leur apparition, même si le NBA Action de Sega sorti sur Saturn avait déjà réalisé cette petite révolution.

Le marché du jeux vidéo est en 1996 distribué encore entre les 16-bits et 32-bits, mais la Nintendo 64 fait son apparition avec ses 64-bits. Si EA Sports domine, la concurrence est ouverte plus spécifiquement sur le segment « arcade, fun » qu’avait emprunté NBA Jam. Fin 96, apparaît donc la licence NBA Hangtime publiée et développée par Midway sur presque tous les supports de l’époque. Midway avait produit l’excellent NBA Jam mais c’est maintenant Acclaim Entertainment qui détient les droits de sa licence et qui va d’ailleurs publier la même année un NBA Jam Extreme. Hangtime a la particularité de proposer la création de personnages, des doubles dunks et des alley-oops inédits, il bénéficiera d’une update uniquement en Arcade (NBA Maximum Hangtime). Point de révolution, juste des petits ajouts pour améliorer l’ancienne version de NBA Jam TE, on retrouve toujours les modes « on fire », les paniers détruits et les voix digitalisées mémorables.

Quant à la nouvelle franchise de Acclaim, elle diffère clairement par son rendu graphique en 3D ainsi qu’avec la présence du commentateur Marv Albert à la place de Tim Kitzrow. La nouvelle feature réside aussi dans le bouton « Extreme », un turbo-boost complètement abusé. Le jeu a été utilisé pour faire une démo technique de la Playstation :

Le jeu reçoit néanmoins un accueil plus que mitigé, notamment à cause des joueurs manquants, au hasard Michael Jordan, Charles Barkley et Shaquille O’Neal. Le Shaq et Jordan avaient signé des contrats d’exclusivité desquels résulteront deux titres: Michael Jordan: Chaos in the Cindy City, un jeu de plateforme à scrolling horizontal, et le fameux Shaq-Fu pour O’Neal, un jeu de combat mythique par sa qualité affligeante. Barkley, lui, est toujours avec Accolade pour les Barkley Shut Up and Jam!

Enfin, on termine sur deux opus moins connus de l’époque, le premier concerne essentiellement le continent nord-américain c’est College Slam, publié par Acclaim et qui reprend les mécaniques de jeu de NBA Jam avec cette fois-ci la licence de la NCAA (sauf quelques oublis comme Tennesse, Notre Dame et Mississippi State); et dans un registre plus burlesque et cartoonesque, Looney Toons B-Ball, publié par la Warner et développé par Sculptured Software (NBA Jam Extreme par la suite). Toujours dans la même veine des Jam, c’est de l’arcade mais surtout une pré-quelle pour Space Jam, le jeu tiré du célèbre film avec Michael Jordan.

EA Sports à son apogée

L’itération NBA Live 97 invite Mitch Richmond (Kings) sur la jaquette et se concentre sur le multi-support CD (PC, Saturn et Playstation), même si des versions SNES et Megadrive voient le jour pour la fin de vie des consoles 16-bits. La principale nouveauté d’EA est graphique, avec des modèles 3D réalistes, un rendu proche de NBA In the Zone de Konami. On retrouve toutes les franchises, tous les stades et l’utilisation de la motion capture pour la première fois du genre, afin de capter tous les mouvements des joueurs le plus fidèlement possible. Petit à petit, les finger rolls, crossovers et passes dans le dos se diversifient. Le diable se trouvant souvent dans le détail, EA met un point d’honneur à engager le speaker officiel de la NBA et d’incorporer le Shaq! On repassera pour Jordan et Barkley par contre… il n’empêche que le jeu se rapproche de la réalité en proposant des rosters de 15 joueurs, c’est inédit. La Saturn accueille pour sa part la série d’EA pour la première fois.

NBA Live reste la franchise la plus populaire du fait de sa combinaison entre un gameplay arcade et simulation, un compromis qui fonctionne. Pour trouver une véritable simulation, il faut se tourner vers Konami qui continue d’éditer sa franchise avec NBA In the Zone 2. Le site américain IGN est d’ailleurs élogieux pour chaque itération de ce titre qui possède toutes les licences NBA mais surtout des graphiques réalistes car, selon eux, les joueurs bougent « de manière fluide et avec des petits détails qui rendent le jeu vraiment authéntique comme Rodman ou le bandeau de Cliff Robinson » :

Difficile à l’époque, de venir s’immiscer entre ces deux géants. C’est pourtant ce que va tenter Sony Computer Entertainment America (SCEA) en lançant dés 1996 NBA Shootout , mieux connu en Europe sous le nom de Total NBA. La série n’est pas réputée qualitativement, par un manque criant de réalisme et des défauts de gameplay. La presse britannique l’accueille pourtant bien grâce aux licences, à la motion capture et même au système de passing un peu plus élaboré mais ce n’est pas la révolution, une seule itération du titre verra jour sur une autre console que celle de Sony, c’est la version 2000 sur Windows. Comme à chaque fois, Barkley et O’Neal ne sont pas présents.

Fin 97, c’est au tour de Nintendo de publier un titre sur sa console Nintendo 64, on a donc droit à Kobe Bryant in NBA Courtside. La jeune star des Lakers fait déjà l’objet d’un titre à son effigie, et sera pour le coup vendu à plus d’un millions de copies. Le jeu est somme toute basique, il possède toutes les licences NBA sauf Michael Jordan surnommé élégamment « Roster Player #98″ . La console de Nintendo n’avait encore accueilli qu’un seul titre de basket, c’était NBA In the Zone 98‘ de Konami mais qui s’avère en fait très laid graphiquement et reçoit un accueil très froid. La série des NBA Live sort quant à elle encore sur la Super Nintendo… avec Tim Hardaway en cover, c’est la dernière mouture du jeu qui arrivera sur Snes, Megadrive et Saturn, cette dernière console de Sega est en plus la seule à ne pas être pourvu de commentaires action par action.

C’est  le titre d’EA Sports va ravir les fans cette année-là grâce à un véritable bond graphique, un effort est fourni pour que les stades et les joueurs soient modélisés en 3D, on reconnait beaucoup mieux les visages des joueurs ainsi que leur look. EA réussit à modéliser les visages grâce aux photos des joueurs et c’est sur la version PC du titre, qui supporte l’accélération 3D (utilisant le Glide API de 3DFX’s) des fameuses cartes graphiques Vaudoo, que la prouesse est de mise. Il est certain qu’aujourd’hui, cela a très mal vieilli comme tous ces jeux 3D :

En terme de gameplay, le jeu propose une technologie « Total Control », permettant à l’utilisateur de choisir entre un dunk ou un layup ou une passe à un coéquipier par simple pression d’un bouton. Il est également possible de faire des spinmoves, crossovers, fausses passes à la volée. Et pour une fois, Charles Barkley daigne faire son apparition dans le titre d’EA! Un éditeur de joueurs, de stades et de maillots était aussi présent, pour mettre à jour et patcher le jeu.

Sega tente comme Nintendo et Sony de concurrencer le jeu, avec sa série des NBA Action et le soft NBA Action 98 qui met également en cover Kobe Bryant. C’est un des rares jeux à arriver sur la Saturn mais il traîne toujours des défauts en terme d’intelligence artificielle et de rendu visuel.

Au final, le milieu stagne durant l’année 1998 avec les mêmes franchises qui subissent un très léger lifting, comme NBA Live 99 avec Antoine Walker et les quelques modes entraînements ou multi-saison; NBA Jam 99′ qui arrive sur Nintendo 64 et Game Boy Color uniquement proposant en guest star de couverture un certain Keith Van Horn et Bill Walton aux commentaires, il reçoit un accueil favorable du public pour le travail d’Acclaim (absence licence de Jordan, as usual) sauf sur la version GB. Midway n’en a pas fini non plus, après Jam, Hangtime, c’est NBA Showtime NBA on NBC qui voit jour, toujours avec ce gameplay arcade et typé fun. L’opus sera même édité sur la Dreamcast et comme la N64, jouable à quatre sur le même écran. On retrouve également des secrets avec des personnages secrets (Frankenstein, la momie ou encore le staff de chez Midway). Les fans sont heureux d’apprendre que Tim Kitzrow, le speaker originel de NBA Jam, est de retour.

L’arrivée de 2kSports

Difficile de trouver un véritable challenger pour le géant EA Sports qui emporte tout sur son passage et dans tous les sports confondus. On verra bien apparaitre un nouveau Nba Courtside 2: featuring Kobe Bryant sur N64, il n’est distribué que sur le continent nord-américain néanmoins. C’est le 10 novembre 1999 que se lance une nouvelle franchise exclusive à la Dreamcast, appelée sobrement NBA 2K, avec en couverture Allen Iverson, développée par Visual Concept et édité par Sega Sports. Le jeu reçoit des critiques unanimes de la part de tous les magasines et sites de jeux vidéo, c’est la meilleure simulation de basket sur le marché, ni plus, ni moins. Beaucoup plus difficile à aborder qu’un NBA Live, en terme de gameplay, édifiant de part sa fluidité (60FPS) et avec des animations sans précédents notamment au niveau des visages des joueurs. NBA 2K devient la nouvelle référence du genre.

Le jeu ne met pas encore l’accent sur la défense, c’est encore un compromis entre arcade et simulation. Rien n’est laissé au hasard car la modélisation des joueurs est impressionnante, d’autant qu’un éditeur très poussé est présent. C’est cependant le seul épisode de la franchise qui ne propose pas de mode online alors que la Dreamcast en était capable. Il faut cependant se replacer dans le contexte: NBA Live jouit encore d’une grande notoriété et s’avère multi-support, son statut de leader n’est donc pas remis en question. Les développeurs de Visual Concept se démarqueront par les progrès fulgurants accomplis sur chaque opus, loin de se reposer sur leurs lauriers comme EA Sports.

Ce n’est certainement pas un nouveau titre comme NBA Basketball 2000 édité par la Fox, qui changera grand chose. Le marché est saturé, l’itération d’un prochain NBA Jam 2000 sur N64, sert un parc de console faible, il faudra attendre deux années pour revoir la franchise sur un support.

 

Ecrit par:

N.K

1 commentaire

  1. Evan J. Ferguson -  7 février 2014 - 03:32

    Vu que tu as su trouver des chiffres pour ces 2 jeux, tu peux facilement en trouver pour les autres je pense, et donc voir si c’est le cas Après question appréciation, je ne parlais que des ventes, je suis moi-même bien plus fan des licences 2K que des licences EA (NFL en tête). D’ailleurs c’est cette bonne qualité (progressive au fil des opus) qui me fait encore plus estimer que cette licence a du mal à décoller (constat triste).

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