Rétrospective des jeux video de basket : les années 90 (Part 1)

L’ère des 16 bits

Electronic Arts n’entend pas laisser la simulation de basketball couler, et délivre deux opus en 1990/91. La stratégie marketing change pour le moins, puisque les noms des joueurs (Jordan, Bird…) sont remplacés par celui des équipes et c’est comme cela que nait Lakers vs. Celtics and the NBA Playoffs. Il est d’abord publié sur une version MS-DOS compatible avec les PC (en 1989), avec les vraies licences NBA. Huit équipes sont disponibles et jouables dans un seul match, c’est la première fois qu’on voit ça, avec les effectifs qui ont disputé les playoffs de la saison 1988/89.

Une version Sega Megadrive arrive un an plus tard avec les effectifs des playoffs 89/90 pour la remettre au goût du jour. C’est le premier opus de la future série des jeux NBA Playoffs (ou NBA Live). On notera que Kareem Abdul-Jabbar n’était disponible que dans la version DOS, mais aussi que des features télévisuelles font leur apparition (introduction avant le tip-in, un show à la mi-temps, des commentaires…) dans cette version Megadrive vraiment supérieure:

EA récidive avec Bulls vs. Lakers and the NBA Playoffs en 1991 exclusivement sur la Sega Megadrive. C’est la suite logique de Lakers vs. Celtics, le nom réfère toujours à la finale NBA de la saison précédente.   Les changements sont tout de même présents, avec l’invention du Electronic ArtS Sports Network, une chaîne de TV fictive créée pour l’occasion. C’est également le jeu qui introduit pour la première fois des replays instantanés et les logos des équipes NBA sur les terrains. On se retrouve au niveau des modes de jeux sur les classiques Exhibition ou Playoffs avec un choix entre 16 équipes (les deux conférences) des playoffs 1991, incluant Michael Jordan. LA nouveauté du soft en terme de gameplay c’est l’apparition d’une forme d’étoile sous le joueur contrôlé, aidant les utilisateurs à mieux jouer.

La concurrence n’était pas absente pour autant, la même année (1991) sort David Robinson Supreme Court (ou David Robinson Basketball au Japon) toujours sur Megadrive exclusivement. Le jeu est développé par Acme Interactive et édité par la firme Sega qui réussit à avoir le nom de David Robinson mais aucune licence NBA, on se retrouve avec des équipes fictives américaines. L’innovation de ce soft vient dans l’ajout d’un mode de jeu dit « role-playing », une sorte de mode carrière qui permet aux utilisateurs de faire des matchs contre des équipes All-Star sélectionnés par David Robinson en personne. On se retrouve avec une vue isométrique qui tranche d’avec le soft d’EA Sports mais le jeu est plus nerveux.

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L’apparition de la NCAA et de franchises cultes

En 1992, les développeurs commencent à diversifier l’offre, prenant en compte les audiences de leur principal public: celui des États-Unis. Il faut savoir que la NCAA, de part son implantation local et son réseau universitaire, est plus suivi que la NBA. C’est dans cette brèche que s’engouffre Sculptured Software avec le soutien de Nintendo qui ne possède pas encore de licence pour sa Super Nintendo. Apparait donc NCAA Basketball connu en Europe sous le nom de World League Basketball et au Japon en tant que Super Dunk Shot. C’est le premier soft de basket à utiliser la perspective 3D en utilisant le Mode 7 de la Super Nes afin de créer des joueurs en perspective, une avancée majeure qui deviendra un standard des jeux de sport et qu’on retrouvera dans NHL Stanley Cup par exemple, du même développeur.

Véritable révolution, ce jeu se classe selon le magazine spécialisé américain Flux comme le 75ème meilleur jeux vidéo de tous les temps. En terme de gameplay, c’est très simpliste: il suffit de marquer le plus de paniers possibles en dribblant et en passant le ballon, les utilisateurs ont la possibilité de sauvegarder leur partie, de changer les options et la difficulté. Il est également possible de jouer soit un match d’exhibition, soit une saison entière! Et la localisation faisant son office, les USA récoltent une version du jeu avec les cinq équipes majeures de la NCAA tandis qu’en Europe ce sont des équipes fictives autour du monde, le Japon aura même ses équipes fictives de NBA…

La même année, EA décide d’être inventif et répond à Nintendo avec Team USA Basketball. Surfant sur la hype mondiale de la Team USA de 1992 composée de Magic Johnson, Larry Bird, Pat Ewing and co. Le jeu n’est disponible que sur Sega Megadrive et se veut un spinoff du Bulls vs Lakers, qui connaîtra un succès énorme du fait de la popularité des stars présentes. On retrouve pour la première fois une notion marketing de collector avec un bundle du jeu qui comprend trois cartes à collectionner, une grande passion sur le continent nord-américain. Question mode de jeu, rien de bien nouveau: Exhibition et Tournoi. L’internationalisation du titre se fait cependant grâce à la possibilité de choisir des équipes nationales entre USA, Yougoslavie, Croatie, Lituanie, France, Espagne, Canada, Chine etc…il existait également une All-World Team pour affronter la Team USA, et composée de Toni Kukoc, Bill Wennington, Rik Smits, Vlade Divac et Andrew Gaze. Enfin, pour le détail, les dimensions des parquets étaient aux dimensions de la FIBA avec une forme en trapèze de l’arc et une ligne à 3pt plus proche.

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On citera pour 1992 le titre Tecmo NBA Basketball, prévu pour la NES (8-bits) et qui propose des cut-scènes pendant le jeu mais constitue graphiquement, un véritable pas en arrière. A son crédit, le jeu a les licences pour jouer avec Michael Jordan et toutes les équipes NBA de la saison 1991-92, c’est rare, on retrouve même Magic Johnson aux Lakers, en dépit du fait qu’il n’a pas joué cette saison-là. Sur SNES, un certain NBA All-Star Challenge est proposé et nous offre du bon vieux One-on-One avec des stars comme Jordan, Ewing, ou Bird. On y retrouve, de manière inédite, des épreuves comme le H-O-R-S-E, un concours de lancers-francs ou un concours à 3pt par exemple. On respecte par contre les règles, tout est sifflé, même les goaltendings. Le jeu connaitra une suite sur Game Boy exclusivement et développée par Beam Software.


BOOMSHAKALAKA

Tous les aficionados de la NBA à l’époque, suivant Canal+ et ayant un intérêt pour la grande ligue, sont à peu près comblés. Il reste néanmoins à faire connaître ce genre pour le grand public et c’est Midway qui s’en préoccupe avec la sortie du mythique NBA Jam. Contrairement à ses prédécesseurs, ce soft est distribué sur toutes les machines possibles de l’époque, de l’Arcade en passant par la Super Nes, la Game boy, le Sega CD etc…d’autant que des itérations du titre seront présentes sur la PS2/Xbox et plus récemment sur la Playstation 3 avec un reboot. Acclaim prend le contre-pied total de tous ses concurrents en proposant un jeu parodique, d’abord en Arcade, qui promeut le spectacle servi par un gameplay accessible et jouissif immédiatement. Ce n’est pas une surprise quand on sait que le chef designer et programmeur du jeu n’est autre que Mark Turmell, l’auteur de Arch Rivals en 1989 ainsi que High Impact et Super High Impact (1990 et 1991), des jeux de football US basés sur un gameplay analogue.

Le jeu devint extrêmement populaire, car convivial et pour tout public, générant des milliards de dollars de recettes (cf cette interview sur 1up). On retrouve même le pitch de Midway pour vendre son jeu, avant que celui-ci ne soit appelé NBA Jam, une vidéo assez fascinante révélée par Kotaku:

Ce jeu part donc du principe qu’il n’y a pas de règles à part celles de prendre le ballon des mains de son adversaire pour marquer avec panache, sans réalisme et tout en dunks stratosphériques qui enflamment le panier. D’autant que les voix digitalisées à l’époque rendaient chaque action plus éclatante que l’autre. Trêve de description, voilà NBA Jam:

Là où Midway a joué la carte du fun jusqu’au bout, c’est que le jeu est rempli de petits secrets (easter eggs) activables par une combinaison de bouton. Par exemple, en pressant le bouton A cinq fois et droite cinq fois, sur la Megadrive, on active le « Super Clean Floors » qui fait que les joueurs glissent sur le parquet s’ils vont trop vite et tombent, même chose avec le mode « grosses têtes ». On peut même débloquer Bill Clinton (président US) ou Hugo, la mascotte des Charlotte Hornets. Petite anecdote sur le jeu: la version Arcade comprend la saison 92/93 tandis que la version console a les rosters de la saison 93/94; d’autres rosters seront disponibles au fur et à mesure que les versions sortent sur Sega CD ou Game Gear en 1994 mais Midway n’a pas pris la peine de sécuriser le nom de Michael Jordan (His Airness est propriétaire de son nom) qui ne devient plus jouable dans les dernières versions. On note aussi l’absence de Shaquille O’Neal, qui était au Magic dans la version Arcade, de Drazen Petrovic et de Reggie Lewis, ces deux derniers étant mort après la sortie de la version Arcade.

NBA Jam

Enfin, une version limitée du jeu existe, avec Payton et Jordan coéquipiers, uniquement pour les deux intéressés… Mark Turmell l’explique dans une interview: La chose la plus intéressante à faire c’était l’association de Gary Payton et Michael Jordan. Payton n’avait pas été retenu pour être dans le jeu et Jordan n’était plus disponible. Mais un jour je reçois un coup de téléphone d’un distributeur de la côte Ouest qui me dit que Gary Payton est prêt à me payer le montant que je veux pour être dans le jeu. Donc on lui transmet no tarifs, ce que l’on fait en terme de photographies et il nous renvoie une photo de lui et Jordan en disant « nous voulons être ensemble dans le jeu ». Donc on a fait une version spéciale du jeu et on leur a donné. Shaq a même acheté deux machines pour y jouer, il en a une pour sa maison et croyez-le ou non, ils en ont emmené une avec eux pendant leurs voyages pour jouer dans les hôtels!

Ce que l’on retient le plus de ce titre, finalement, ce sont les expressions comme « He’s on fire » ou « Boomshakalaka » , commentaires du désormais légendaire Tim Kitzrow, ce jeu est définitivement rentré dans la culture populaire et est devenu un culte du genre.


Avant l’arrivée des 32-bits

La simulation de basketball ou même le style « Arcade », vont faire des émules après ce succès. On se retrouve avec des jeux comme Michael Jordan in Flight en 1993 qui sort sur DOS et édité par Electronic Arts. Il n’y a aucune licence NBA, juste Michael Jordan, on ne retrouve même pas de public près des terrains alors que leurs applaudissements sont présents. Le jeu est néanmoins tout en 3D et dieu sait que les personnages cartoonesques de NBA Jam manquent devant ce genre de tentative de caméra 3D. En Arcade, la sortie de RunandGun qui permet de jouer jusqu’à quatre sur une double-borne, propose un vrai showtime avec des personnages très réalistes et même des replays:

Le PCB de ce jeu est toujours à l’achat sur Ebay pour ceux qui veulent tenter l’aventure! EA doit rattraper son retard chez les fans tant NBA Jam a gagné leur cœur, et la firme sort coup sur coup deux jeux. D’abord un Bulls vs. Blazers and the NBA Playoffs sur Megadrive et Super Nes qui reprend le principe de la série des NBA Playoffs avec l’apparition du logo de EA Sports pour la première fois. Puis c’est au tour de NBA Showdown d’être produit fin 93, même si le jeu arbore le 94 à la fin de son titre sur Megadrive. C’est une suite du Bulls vs Blazers et une première tentative de EA pour renommer la franchise, avec le soutien de la Licence officielle NBA et donc de toutes les équipes NBA pour la première fois dans un seul jeu (seul Tecmo NBA Basketball l’avait fait en 1991). Avec ce rebranding, c’est l’entité EA Sports qui est officialisée:

L’année 1994 peut se résumer en une expression: le calme avant la tempête. Plusieurs éditeurs continuent de produire des jeux plus ou moins obscurs. On peut citer dans le genre NBA Action 94′, édité par Sega et qui possède toutes les équipes NBA avec plus de 400 joueurs disponibles. Le jeu pousse le vice assez loin puisque des playbooks sont utilisables, avec de l’attaque ou de la défense, d’autant que plusieurs angles de caméras sont disponibles. Sega pense à la convivialité, car en utilisant un adaptateur péritel, il est possible de jouer de 6 à 10 joueurs sur la même cartouche. Il ne reste que trois jeux édités en 1994 dont deux futurs succès.

Le premier c’est Street Hoop sur la Neo-geo, connu également au Japon sous le nom Dunk Dream ou en Amérique comme Street Slam. Il est développé par Data East et propose des matchs en 3 vs 3 avec plusieurs équipes. Dans les versions européennes et japonaises du jeu, le choix était réduit à 10 pays tandis qu’aux USA, les pays sont remplacés par des villes. A l’instar d’un King of Fighter, chaque équipe a des forces et faiblesses dans différentes catégories (dunk, 3pts, vitesse, et défense).

Le second n’est autre que la suite de NBA Jam nommée sobrement NBA Jam Tournament Edition, qui subit logiquement une mise à jour des rosters mais aussi des secrets et des bonus, seul le gameplay reste inchangé. On se retrouve avec des équipes de trois joueurs (sauf pour les rookies, qui sont cinq) et il est possible de faire des changements à la mi-temps. Midway subit pourtant les foudres de la NBA quand il est rendu public qu’un des easter egg consiste à débloquer des personnages de son autre jeu culte, Mortal Kombat. La NBA n’apprécie évidemment pas le niveau de violence du jeu et force Midway à retirer les personnages pour le reste des cartouches vendues. Plus vicieux, sur la version arcade un jeu de tank était caché, pour le découvrir, il fallait éteindre la machine puis la rallumer en maintenant haut et tous les boutons du joueur 1 et bas + tous les boutons du joueur 2.

On termine avec un jeu moins connu du grand public mais au nom évocateur: Barkley Shut up and Jam!  Édité et développé par Accolade, ce jeu est basé sur Charles Barkley, incarné par l’utilisateur et qui va sillonner les différents playgrounds des villes où les équipes NBA résident.

Ecrit par:

N.K

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