Rick Barry – La machine à scorer

 En retraçant la carrière de Rick Barry, vous (re)découvrez le parcours d’un scoreur d’exception. Le 14 février 1967, l’ailier des Warriors atteignait pour la première fois la barre des 50 points. Deux jours plus tard, il plantait 52 points face aux Bulls. Les amateurs d’ailiers dynamiteurs de défense à fort caractère trouveront leur bonheur dans les lignes suivantes.

Plantons le décor : Richard Francis Dennis Barry III pour l’état civil, Rick Barry pour les fans, est le seul et unique joueur qui fut meilleur scoreur NCAA, ABA et NBA. Il a scoré plus de 25 000 points et fut, lors de 4 saisons différentes au-dessus des 30 points par match. On va parler ici d’un véritable poids lourd offensif, une machine à scorer qui fait partie du club des joueurs à avoir planté plus de 60 points en un match. C’est aussi un leader, un compétiteur, un joueur qui ne se liquéfiait pas dans les grands rendez-vous (27ppg en playoffs contre 26.5 en SR) mais critiquable pour ses lacunes défenses.

Scoreur précoce

Fils de l’entraineur du lycée local, Rick Barry est programmé pour jouer au basket, au moins jusqu’au lycée. Durant sa scolarité, il se fait une réputation nationale et reçoit bon nombre de propositions universitaires. Il met le cap sur l’Université de Miami, une fac peu réputée pour son programme de basket-ball, où il se bâtit son image de scoreur. La principale raison de ce choix « étrange » est la présence de Bruce Hale à la tête de l’équipe. Qui était Bruce Hale ? Son beau-père, tout simplement et ça a forcément joué !

En 1963, il partage les responsabilités avec Mike McCoy et s’adapte au jeu universitaire. Dès sa deuxième saison, il passe au-dessus des 30 points par match, devient un gros rebondeur et se forge surtout un caractère et un mental de gagneur ! Jamais cette fac ne retrouvera un tel niveau de performance, bien qu’il n’ait jamais participé au Final Four. En 1965, il devient le meilleur scoreur du pays (37.4ppg) et tous les journaux le nomment dans une All-American Team!

Chez les Hurricanes, il est le premier (Tim James suivra) à avoir l’honneur de voir son maillot retiré. Il quitte la fac après 3 saisons avec des moyennes de 29.8 points (à 52%) et 16.5 rebonds par match ! Il faisait également preuve d’une adresse remarquable aux lancers-francs (85%):

Drafté par les Warriors

En 1965, il se présente à la draft. Les Warriors (de San Francisco à l’époque) ont les premiers et quatrièmes choix. Ils sélectionnent dans un premier temps Fred Hetzel, intérieur à la carrière honnête mais pas vraiment le first pick de rêve puis Rick Barry. Entre les deux, le hall of famer Bill Bradley (Knicks) et l’anecdotique Bill Buntin (une saison pro et 42 matchs disputés) sont choisis.

Pour sa première saison, il s’impose comme le quatrième scoreur de la league, 25.7 points par match et se voit déjà sélectionné au All-Star Game où il inscrit 10 points. En fin de saison, les Warriors ne vont pas en play-offs mais Barry est largement honoré : Rookie de l’année et membre de la All-First NBA Team. Il fait sa seule et unique saison en double-double (25.7ppg et 10.6rpg). Sa carrière est lancée !

Dans son année sophomore, Barry plante 2 775 points, son meilleur total en carrière, il mène la league au scoring avec 35.6 points par match, avant lui, seuls Wilt Chamberlain et Elgin Baylor ont fait mieux, et, dans les 40 années qui ont suivi, seul Michael Jordan passera cette barre. Le 6 décembre 1966, contre les Knicks, il inscrit 14 lancers francs en un quart-temps (un record égalé mais jamais dépassé). Il fait sa seconde apparition au All- Star Game où il repart avec le titre de MVP et 38 points dans sa besace !

En février 1967, Rick Barry va passer sept fois la barre des 40 points. Le 14 février, il plante 50 pions aux Celtics, champion en titre. Le 16, il fait encore mieux, 52 points face aux Bulls ! A la fin de l’année, il est bien entendu encore nommé dans la All-NBA First Team et termine 5e à l’élection du MVP, derrière, notamment, son coéquipier, Nate Thurmond et Wilt Chamberlain, honoré cette année-là. Chamberlain et ses Sixers qui iront chercher le titre face aux Warriors, en 6 matchs. Durant ces finales, Barry égale un record établi par Chamberlain cinq ans plus tôt en tentant 48 shoots dans le Game 3 (22 réussis)

Quelques années après, Baylor égalera ce record à son tour. Et ses 55 points dans cette rencontre sont le second plus haut total dans une finale, derrière Baylor (61). Sur ces finales, il tourne à 40.8 points par match, un record qui tiendra jusqu’en 1993 et les 41 points par match de Michael Jordan face aux Suns.

Changement de cap

Après deux saisons réussies à San Francisco, Barry se sait en position de force pour négocier un nouveau contrat. Il reçoit une offre qu’il juge insultante et la refuse. Dans le même temps, l’ABA lui fait les yeux doux, les Oakland Oaks lui offrent un contrat lucratif qu’il accepte sans trop tergiverser. Cette décision le rendra très impopulaire auprès des fans qui lui reprochent évidemment de préférer son porte-feuille au jeu. Cependant, les Warriors refusent de libérer Barry de sa dernière année de contrat et il devra attendre un an pour rejouer au basket.

Lorsqu’il annonça sa décision, il précisa tout de même que l’argent n’était pas le seul motif de son départ car les Warriors tenteront d’égaler la proposition financière des Oaks. Il souhaitait surtout retrouver Bruce Hale qui fut, je vous le rappelle, son coach à la fac et son beau-père. Ironie de l’histoire, après l’année vierge de Rick Barry, Hale sera viré des Oaks, remplacé par Alex Hannum.

rick barry sports illustrated

Rick Barry en couverture de Sports Illustrated

Rick Barry a un impact immédiat aux Oaks. L’équipe passe de 22 à 60 victoires, de quasi-cancre de la league à numéro 1. Bien que les Oaks aient gagné 60 matchs et que Barry apporte 34 points par match — il devient alors le premier joueur top scoreur en NCAA, NBA et ABA –, Barry n’est que second à l’élection du MVP derrière le Pacer Mel Daniels qui tourne 24 points et 16.5 rebonds par match. Une explication tout de même, il n’a joué que 35 matchs à cause d’une blessure au genou. Collectivement, l’équipe survole la league et remporte les finales face aux Pacers, 4 victoires à 1. Cette équipe est bâtie pour lui, ultra offensive. Cette saison-là, il découvre également la ligne des trois points, en 35 matchs il n’en tente que 10 pour 3 convertis.

Durant l’intersaison, les Oaks déménagent à Washington et deviennent les Capitols. Une élimination en playoffs plus loin, l’équipe déménage à nouveau et devient les Virginia Squires. Barry pose avec le maillot pour la couverture de Sports Illustrated mais ne le portera jamais en compétition officielle. Il part avant le début de saison pour les New York Nets car il ne se sentait pas en sécurité en Virginie.

Aux Nets, il reste 2 saisons où il s’impose évidemment comme le leader offensif de l’équipe. Il loupe néanmoins 25 matchs pour diverses blessures notamment au genou. En 4 saisons, Barry est évidemment 4 fois All-Stars, a gagné un titre et une couronne de meilleur scoreur. Mais une décision de justice le force à retourner aux Warriors alors qu’il avait déclaré dans Sports Illustrated qu’il ne reviendrait jamais en NBA, sauf contre un million de dollars.


Retour aux Warriors

A l’approche de son retour en NBA, Rick Barry est un autre joueur. Il a pris 10 kilos de muscles et a ajouté quelques cordes à son arc. Barry explique que son passage en ABA est un vrai atout car les règles étaient différentes, notamment la présence de la ligne des 3 points. Il a également progressé en défense, un aspect qui ne l’intéressait pas des masses durant sa jeunesse.

Rick Barry, c’était aussi un trash-talker. Il dira notamment que selon lui, seuls deux joueurs en ABA avaient les qualités pour jouer en NBA mais ne précisera jamais qui. La seule chose qu’il dira, c’est qu’il ne s’incluait pas dans la liste. L’avenir lui donnera tord puisque de nombreux joueurs passés par l’ABA ont connu une bonne carrière NBA (Erving, Gilmore, McGinnis, Cunningham, Haywood, Hawkins, Issel, Gervin, D.Thompson, Beaty ou M.Malone pour ne citer qu’eux). Durant sa carrière, il a critiqué tout le monde, adversaires, partenaires, arbitres, coachs. Barry, c’était une personnalité franche, carrée et parfois saignante. Dans Sports Illustrated, son ex-partenaire Clifford Ray résume la situation.

Clifford Ray : Ricky n’était pas le genre de joueur à dire s’il vous plait. Il était juste là pour gagner.

Aux Warriors, il connait alors sa plus grande période de stabilité, 6 ans dans la même équipe. Dans cette période, il va en playoffs 4 fois, est All-Star et un membre des All-NBA Team permanent et le shooteur de lancers francs le plus adroit du pays. Le 26 mars 1974, face aux Blazers, il connait l’une des plus belles nuits de sa carrière, une première mi-temps classique (19pts) et une seconde où il prendra feu, 21 shoots convertis pour 45 points et une top perf en carrière, 64 points (sans shoot à 3-points puisqu’elle n’apparaitra en NBA qu’en 1979).

rick barryS’il était un scoreur né, Barry a apporté une nouvelle dimension à son jeu. Avant, quand Barry avait une position de shoot, le défenseur savait qu’il tenterait sa chance. Désormais, il est également capable de donner des ballons. A partir de 1974 et jusqu’en 1977, il délivre plus de 6 passes par match et se classe dans le top 10 des meilleurs passeurs NBA.

En 1975, il passe pour la quatrième (et dernière) fois au-dessus des 30 points par match sur l’ensemble de la saison mais ne termine que second du classement des scoreurs derrière Bob McAdoo. A ses côtes, le rookie de l’année, Jamaal Wilkes et une collection de role player dévoués à leur leader. Des joueurs qui n’en avaient rien à faire du spectacle tant que la victoire était au bout! Dit comme ça, on peut s’attendre à une défense de fer, mais pas du tout, les Warriors avaient la meilleure attaque de la saison ! Derrière Barry et Wilkes, 6 joueurs apportaient entre 12.8 et 7.7 points par match. L’attaque était un vrai travail collectif qui commençait par une press tout terrain made in Al Attles.

La sauce prend, les Warriors remportent la conférence Ouest, sortent les Sonics (4-2) puis les Bulls (4-3) avant de sweeper les Bullets en finale. Une victoire nette et sans bavure des Warriors, le premier et dernier titre de la franchise depuis son installation en Californie, le troisième en comptant ceux des Philadelphie Warriors (1947 en BAA et 1956) Pour l’anecdote, le dernier match de la série ne s’est pas joué à Oakland mais à San Francisco car la salle d’Oakland était utilisé pour une autre manifestation.

Rick Barry est bien entendu nommé MVP des finales et commence à devenir une star ultra populaire pour la qualité de son jeu et son efficacité. A cette époque, le seul ailier capable de rivaliser avec lui est Julius Erving, un autre ancien de l’ABA. Rares sont les équipes aussi axées sur un joueur à remporter le titre. Avant lui, seul Kareem Abdul-Jabbar a aligné de tels chiffres avec le titre au bout (31.7ppg en ’71) et après lui, il faudra regarder du côté de Michael Jordan sur la période 1991-93. Cependant, aux honneurs de fin de saison, il est snobé, troisième à l’élection du MVP, alors que c’était l’année ou jamais pour lui donner !

Le début de la fin

Rick Barry devient alors un joueur plantant autour de 20 points par match et les Warriors une équipe qui dispute les playoffs sans pour autant être capable de les gagner. Jusqu’en 1978, il portera l’équipe vers des bilans positifs mais pas toujours suffisant pour aller en playoffs. A la fin de la cette saison 1977-78, son contrat expire et il choisit de signer avec les Houston Rockets.

A Houston, il est plus en retrait, ses qualités de passeur sont alors mis à profit pour alimenter en bons ballons Moses Malone, Calvin Murphy ou Rudy Tomjanovich. En 1979, il réalise sa meilleure perf en carrière, 502 assists (6.3apg) mais tombe à 13.5 points par match. Son rôle a évolué, Barry est devenu un role player de luxe. Malgré cela, il lui reste une arme : son adresse aux lancers francs. En 1979, il inscrit 94.7% de ses tentatives ! Dans les années 70, il fut 8 fois le shooteur le plus adroit sur la ligne de réparation, preuve de son mental à toute épreuve et de son adresse dans cet exercice.

En 1980, il annonce sa retraite, année de l’introduction de la ligne des 3 points. Pour se rappeler les bons souvenirs de l’ABA, il prend 221 shoots derrière l’arc (73 réussis) En NBA, il fait preuve d’une grosse résistance, ne loupant jamais plus de 4 matchs de suite (sauf dans sa dernière année). Ses blessures, il les a connues durant les années ABA, un signe peut-être, qu’il n’est pas parti pour les bonnes raisons.

En 1987, il entre au Hall of Fame en compagnie de Walt Frazier, Bob Houbregs, Bobby Wanzer et Pete Maravich. Son numéro 24 est retiré le 18 mars 1988 par les Warriors. En 1996, il est nommé dans les 50 plus grands joueurs NBA sans grande surprise. Il a transmis sa passion du basket à ses fils puisqu’ils ont tous les 4 (Scooter, Drew, Jon et Brent) joué en pro, en Europe pour les 2 premiers, en NBA pour les 2 derniers. Rick et Brent sont d’ailleurs les seuls père et fils à avoir une bague, avec les Guokas, Matt et Matt Jr.

Sa fiche

  • Né le 28/03/1944 à Elizabeth, New Jersey.
  • Poste : Ailier
  • Taille : 2.04m
  • Poids : 99kg
  • High School : Roselle Park, New Jersey
  • College : University of Miami
  • Drafté par les San Francisco Warriors en 4e position, lors de la draft ’65.
  • Franchises successives :
    • San Francisco Warriors (1965-67), NBA
    • Oakland Oaks (1968-69), ABA
    • Washington Capitols (1969-70), ABA
    • New York Nets (1970-71), ABA
    • Oakland Oaks (1968-69), ABA
    • Golden State Warriors (1972-77), NBA
    • Houston Rockets (1978-79), NBA

Palmarès

Palmarès (NBA)

  • NBA Champion (1975)
  • Rookie of the Year (1966)
  • 5 fois nommé dans la All-NBA First Team (1966, ’67, ’74, ’75, ’76)
  • 1 fois nommé dans la All-NBA Second Team (1973)
  • 8 fois NBA All-Star (1966, ’67 et de ’73 à ’78)
  • MVP du All-Star Game (1967)
  • Meilleur scoreur NBA avec 35.6 ppg (1967)

Palmarès (ABA)

  • ABA Champion (1969)
  • 4 fois nommé dans la All-ABA First Team (1969 à 1972)
  • 4 fois ABA All-Star (1969 à ’72)
  • Meilleur scoreur ABA avec 34 ppg (1967)

Palmarès (Universitaire)

  • Deux fois dans la All-State selection au lycée
  • Associated Press First-Team All-America (1965)
  • Sporting News All-America Second Team (1965)
  • Consensus All-America (1965)
  • Meilleur scoreur du pays avec 37.4 ppg (1965)

Honneurs (post-carrière)

  • Elu au Hall of Fame (1987)
  • Son numéro 24 est retiré le 18 mars 1988
  • Elu parmi les 50 Greatest Players in NBA History (1996)

Stats en carrière

Stats (NBA)

  • Points : 18395 soit 23.2 par match.
  • Rebonds : 5168 soit 6.5 par match.
  • Assists : 4017 soit 5.1 par match.
  • Matchs : 794 de saison régulière, 74 en playoffs.

Stats (ABA)

  • Points : 6884 soit 30.5 par match.
  • Rebonds : 1695 soit 7.5 par match.
  • Assists : 935 soit 4.1 par match.
  • Matchs : 226 de saison régulière, 31 en playoffs.

Stats (cumulés)

  • Points : 25279 soit 24.8 par match, 15e scoreur de l’histoire. Il a par ailleurs le 4e meilleur pourcentage aux lancers-francs (89.31%)
  • Rebonds : 6863 soit 6.7 par match.
  • Assists : 4952 soit 4.9 par match.
  • Matchs : 1020 de saison régulière, 105
    en playoffs.

Ecrit par:

Jérôme

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