Shaquille O’Neal la fin d’une ère (Part 2)

La reconquête en Floride

Le 14 juillet 2004, le Trade est officialisé. Le Shaq change de numéro, reprenant son vieux n°32 qu’il avait tradé aux Lakers contre le 34. Il promet aux fans de ramener une bague de champion au Heat et argumente son arrivée : il est venu pour soutenir une futur superstar de la ligue : D-Wade, fraichement drafté en 2003. Le Heat new-look va surpasser ces paroles en allant chercher le meilleur bilan de la conférence Est (59-23). Il n’en démord pas sur le terrain (22.9 pts et 10.4 rbds), sélectionné pour sa 12ème All-star Team consécutive et étant toujours dans la All-NBA First team. Il subira néanmoins encore des blessures mais va réussir à emmener le Heat en Finales de Conférence notamment dans une série en 7 matchs contre les champions en titre, les Detroit Pistons.

112407DOA103-2Ils perdront ce septième match et de là naitront les critiques. O’Neal – et d’autres – ne vont pas se priver de dire que Stan Van Gundy n’a pas assez appelé de jeux offensifs pour lui. Le Shaq perd aussi le titre de MVP de la saison au profit de Steve Nash dans un des votes les plus serrés de l’histoire de la NBA mais surtout des plus contestés, Steve Nash faisant office de « MVP Clean » face à l’impact du Big Daddy dès son arrivée au Heat.

C’est aussi le moment qu’il choisi pour terminer son cursus universitaire. Il a réussi à avoir son « bachelor » en 2000, en « études générales » (arts of general studies) comme promis à sa mère puis en 2005 il obtient un MBA par correspondance avec l’Université de
Phoenix. Il terminera en 2010 en ayant un PhD c’est-à-dire un doctorat en Leadership et Education, avec comme spécialité le développement des ressources humaines. Sa thèse ou dissertation avait pour sujet : « La dualité de l’Humour et de l’Agression dans les différents styles de leadership », autant dire, un sujet tout fait!

En août 2005, le Shaq signe une extension de contrat de 5 ans et 100M$ avec le Heat. Les supporters applaudissent la volonté du Shaq de baisser ses prétentions salariales tout comme celle du Heat de garder le géant. La saison 2005-06 commence par une blessure, à la cheville droite et 18 matchs manqués dans la besace d’O’Neal. A son retour, Van Gundy décide de s’en aller prétextant des raisons familiales et c’est Pat Riley qui assume les responsabilités de Head Coach.

Beaucoup de critiques vont pleuvoir sur Riley qui a beaucoup ménagé son pivot durant cette saison, le contraignant à son plus faible nombre de minute de sa carrière (30.6), malgré ses 20 pts et 9.2 rbds de moyenne. Mais cette tactique était faite pour avoir un Shaq frais et dispo’ pour les playoffs.

Même si O’Neal réalise ses pires moyennes aux points, rebonds et blocks, il a affirmé dans une interview son engagement :

Shaq : les stats ne sont pas importantes. Je m’intéresse à la victoire, pas aux stats. Si je score 0 points et qu’on gagne, je suis content. Si je score 50-60 points, bat des records et qu’on perd, ça m’énerve. J’aurais plus d’une raison d’être content si on gagne avec mes 20 points de moyenne.

Le Heat n’est qu’à 50% de victoires sans O’Neal sur le terrain. Le 11 avril 2006, il réussit son second triple-double en carrière contre Toronto avec 15 pts, 11 rbds et un career high de 10 assists. Il finit encore meilleur au FG% de la saison (60%), rejoignant Wilt Chamberlain comme joueur l’ayant emporté 9 fois. Le Heat est en playoff et le tandem O’Neal – Wade va faire des merveilles pour donner son premier titre NBA à cette franchise. Dans la revanche contre Detroit en finales de conférence, le Heat défait les Pistons et s’en va emporter le titre contre Dallas.

Le Shaq va donner des stats plutôt moyennes mais il a tout de même réussi à dominer deux fois de manière formidable : contre le Bulls au G6 avec 30 pts et 20 rebonds au premier tour, et surtout au Game 6 contre les Pistons avec 28 pts, 16 rbds et 5 blocks. C’est le quatrième titre du Big Shaq en sept saisons.

On notera dans le même temps que les Lakers s’effondrent. Néanmoins, lors du Christmas Day, le Shaq va se réconcilier officiellement avec Kobe Bryant.


Des blessures à…un nouveau départ !

Durant la saison 2006-07, O’Neal manque cette fois 35 matchs après une blessure à son genou droit qui a nécessité une opération. Après le Christmas faisant s’affronter encore O’Neal et Kobe, le Shaq va égratigner son ancien coach Phil Jackson, qu’il a autrefois appelé son « second père ». Au départ c’est un commentaire de Jackson qui le fait réagir, le coach lâche que « la seule personne que j’ai coaché et qui n’était pas un travailleur est probablement le Shaq ».

xin_4512012610395811708815Pendant ce temps-là, l’absence d’O’Neal fait du mal au Heat. Mais dès qu’il revient, Miami gagne 7 matchs sur huit. La malchance va s’abattre sur l’escouade puisque cette fois-ci c’est D-Wade qui se disloque l’épaule gauche, laissant les clés de l’équipe au Shaq. Les critiques sont indécises sur la capacité du Shaq à mener cette équipe à presque 35 ans mais le Heat réussira à accrocher les playoffs. On assiste à un remake du Heat vs Bulls au premier tour sauf que cette fois-ci la lutte est serrée et on s’en remet au Shaq qui va faire ce qu’il peut sans vraiment dominer la série (18.8 pts, 8.2 rbds). Les Bulls finissent par sweeper leurs adversaires.

C’est la première fois en dix ans que le Shaq n’était pas au second tour des playoffs.

Cette saison est néanmoins celle des stats. Il atteint les 25.000 points en carrière mais c’est surtout sa première saison à moins de 20 ppg (17.3 pts, 7.4 rbds). La saison suivante n’est pas meilleure. Il est à l’agonie dans cette équipe, avec des moyennes indécentes, les plus basses en carrière aux points, rebonds et blocks (14.2 pts, 7.8 rbds, 2.9 blocks). Il est surtout moins impliqué offensivement, comme le prouve son nombre de tirs tentés : seulement 10 FG par match contre ses 17 en moyenne en carrière.

De plus, il est constamment visé par les fautes, la ligue ayant durci son règlement au cours des dernières années et le Shaq prend souvent 4-5 fautes rapidement.


En quête d’un dernier titre

On le dit fini, rincé, proche de la retraite. Mais coup de tonnerre, les Suns vont tenter un pari ! Après un départ calamiteux avec le Heat (9-37), Shaq est transféré contre Shawn Marion (plus en état de grâce) et Marcus Banks. Il fait ses débuts sous le maillot des Suns le 20 février 2008 contre son ancienne équipe, les Lakers. Il revient motivé : 15 pts et 9 rebonds, malgré la défaite (124-130).

En conférence de presse, il explique la défaite :

Shaq : Je prends la responsabilité de cette défaite car je n’étais pas en symbiose avec les gars. Mais donnez-moi quatre ou cinq jours pour l’être et je serai présent.

En 28 matchs de saison régulière, il sera en double-double avec 12.9 pts et 10.6 rbds, assez pour aller en playoff. Sa venue était une pierre angulaire pour faire face aux intérieurs de l’Ouest comme Tim Duncan. Les Suns vont affronter les Spurs au premier tour mais seront éliminés en 5 matchs, malgré les bons matchs d’O’Neal (15.2 pts, 9.2 rbds). Cependant, cette défaite n’entache pas un constat : les Suns font des merveilles avec les joueurs et leur santé et O’Neal est heureux.

Shaq : J’adore jouer pour ce coach et ces joueurs. On a des professionnels qui savent quoi faire. Personne ne me demande de jouer avec Chris Quinn ou Ricky Davis, je suis actuellement dans une véritable équipe.

La saison 2008-09 s’améliore pour lui, qui tourne à 17.8 pts, 8.4 rbds et 1.4 blocks, menant les Suns à un bilan de 23-18. Il refait son apparition au All-Star Game et émerge en tant que co-MVP avec Kobe Bryant, pour sceller leurs retrouvailles.

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Le 27 février 2009, O’Neal score 45 pts et gobe 11 rebonds, sa 49ème performance à 40 points au moins, battant les Raptors 133-113. Dans un match contre Orlando le 3 mars 2009, il va affronter et perdre son duel face à Dwight Howard, arguant qu’il était trop vieux pour battre des petits jeunots de 18 ans comme lui. Il était spécialement doublé ce soir-là…

Shaq: J’ai toujours aimé jouer les gens en un contre un. Toute ma carrière, j’ai joué comme ça. J’ai jamais demandé de double ou à être doublé mais je m’enfous, c’est cool.

Il fût critiqué à ce moment-là car en vieux briscard, il a commis l’irréparable fourberie :

Oui, un flopping ! C’est Stan Van Gundy, son ancien coache
évincé par sa faute, qui va en profité pour dire qu’il était très déçu par l’attitude d’O’Neal, lui disant de se lever et de se battre comme un homme. Le Shaq, naturellement, répond…

Shaq : Flopping c’est jouer comme ça toute sa carrière. Moi j’ai tenté d’avoir une faute offensive. C’était surement un flop mais flopping est le mauvais mot. Flopping ça décrirait plutôt son coaching.

Et bim! On se souviendra d’un commentaire du Shaq en 2006 qui annonçait au Time que s’il était Commissionner, il ferait que du one on one, pas de flop, de calls et de gentils mots doux aux arbitres et de léchage de cul. Très fin comme toujours. Les duels ont suivi toute la carrière du Big Daddy et à l’approche d’un duel avec Yao Ming, il rappelle que les équipes le doublent, voire le triplent en défense mais qu’il était prêt à le jouer en défense. Cela mérite un petit florilège de leur premier affrontement en 2003:

Les playoffs NBA de 2009 vont être une première pour le Shaq puisqu’il n’y participe pas pour la première fois de sa carrière. C’est l’heure d’un nouveau départ et le Shaq est tradé le 25 juin aux Cavaliers contre Sasha Pavlovic, Ben Wallace, 500.000$ et un second tour de draft 2010.

Shaq : Mon mot d’ordre est simple : gagner une bague pour le King (cf. Lebron James)

Shaquille+O+Neal+LeBron+James+Cleveland+Cavaliers+XaIDYXJ41TNlLe 25 février 2010, Shaq souffre d’une grosse blessure au pouce et doit se faire opérer. Il revient le 17 avril au premier tour des playoffs face à Chicago. Il réalise bien sûr des stats en nette déclin (12 pts, 6.7 rbds) en saison régulière avec un rôle beaucoup plus insignifiant. Mais il réintègre le starting line-up des Cavs pour défaire les Bulls. Le 13 mai, les Cavs sont éliminés par les C’s en demi-finales de conférence (4-2), le Shaq est à 11.5 pts et 5.5 rbds.

Quand Kobe Bryant glousse d’avoir plus de bagues qu’O’Neal, Wyc Grousbeck, propriétaire des Celtics y voit une opportunité de recruter le Shaq. Le 4 août 2010, Boston signe O’Neal pour deux ans au minimum vétéran (2.8M$). Atlanta et Dallas étaient aussi sur les rangs mais Boston accepte de donner la somme demandée par le Shaq, nouveau n°36 des greens. En réaction aux propos de Kobe, Diesel se fendra d’un tacle cinglant :

Shaq : je ne me compare pas à des gars qui aiment dominer le ballon et balancer 30 shoots par match comme D-Wade et Kobe. Si Tim Duncan a 5 bagues, certains pourront dire Duncan est le meilleur et ça, je ne peux le laisser faire.

Quant à son rôle aux Celtics, qu’il soit titulaire ou non, il n’en a cure. Il manquera néanmoins plus de la moitié des matchs de la saison régulière à cause de plusieurs blessures à la jambe, au genou, la hanche etc… voire même le tendon d’Achilles. Boston trade Kendrick Perkins en attendant le retour du messie, Boston étant à 19-3 quand le Shaq joue. Il est de retour le 3 avril après 27 matchs manqués mais ne joue que 5 minutes à cause d’une autre blessure.

C’est son dernier match de saison régulière, où il est à 9.2 pts et 4.8 rbds. Il manquera le premier tour des playoffs 2011 et sera limité à seulement 2 matchs et 12 minutes. Le premier juin, il annonce prendre sa retraite.


L’impact sur le jeu : un joueur dominant

Shaquille O’Neal c’est tout ça mais plus encore. Il ne faut pas oublier à quel point il a changé le jeu en NBA depuis son arrivée. Décrit comme instoppable, ce combo de puissance, d’agilité et d’explosivité a longtemps fait des misères à toutes les raquettes NBA. C’était la puissance post-bas la plus efficace de la ligue et ses stats en carrière parlent pour lui : 23.7 pts, 58.2%, 10.9 rbds, 2.3 blocks.

Ce mastodonte de 2.16m et 150kg a réussi à surfer sur ses attributs naturels, en les affermissant. On n’oubliera pas ses nombreux coups de « cul » pour enfoncer l’adversaire. Certains le critiquaient pour cela, comme si c’était tricher mais le bonhomme était au- dessus de cela. C’est une des grandes raisons qui ont fait que la NBA a autorisé la défense de zone à partir de 2001, assortie de la règle des 3 secondes en défense pour continuer d’avoir un jeu fluide avec plus de mobilité des big men – du Shaq. L’efficacité du Shaq près du panier était telle qu’il fallait l’arrêter et à mon sens, cette décision n’y est pas étrangère. De plus, ses coups de coude pour se libérer du marquage sont notoirement connus, il n’a jamais joué soft et pour cela, il sera puni lors de ses dernières années de combat. Tous les personnages ont des mauvais côté.

D’autres conventions, moins flatteuses, sont nées de sa maestria. On gardera tous en mémoire la tactique minable de Don Nelson (plus tard reprise par Popovich and co) qu’est le Hack-à-Shaq. Une méthode qui consiste à prendre des intérieurs de devoirs qui iront faire le plus de fautes possibles sur le Big Daddy afin de l’envoyer aux lancers-francs et accessoirement de lui casser les bras. Car un des gros points faibles du jeu du « Gros » était son pourcentage aux lancers, aussi catastrophique que celui de D-12 aujourd’hui, aux alentours de 50%. Le 25 décembre 2008 il manque même son 5000ème lancer, devenant le second joueur de l’histoire à le faire avec…Chamberlain ! Certains diront que c’était à lui de s’améliorer, il y a du vrai mais une tactique aussi basse, de désespoir en dit long sur sa qualité. N’oublions pas que le Shaq c’est aussi l’art de détruire les panneaux et de dunker à tout va en provoquant de nombreuses fautes.

On retiendra également de lui l’intimidation. Sa présence suffisait à détourner les arrières de venir taquiner le cercle et ses 2.3 blocks faisaient le reste. Enfin, cette intimidation c’est aussi l’art de jouer avec les médias et de son charisme. Le Shaq savait le faire et il a longtemps donné ses propres surnoms : le Big Aristote ; Shaq ; Diesel ; Shaq Fu ; le Big Daddy ; Superman (qui lui vaudra d’acheter une ferrari avec le S de Superman à Mark Madsen !), le big Shaqtus etc…Ses commentaires humoristiques, son trash talk, sa rivalité avec les « Queens » de Sacramento, les surnoms qu’il a pu donner comme celui d’Ericka à Erick Dampier…Comment oublier également ses signatures moves (la main devant le visage, ses dunks, ses roulements d’épaule après avoir dunker) ou encore toutes ces pitreries de gentil bouffon qu’il apportait au All Star Game et qui sont singées aujourd’hui par des mecs sans personnalité comme Dwight Howard ou Lebron James.

Qui d’autre que lui pouvait faire faire une blague à Gregg Popovich sur le Hack-a-Shaq?

C’est l’ENTERTAINMENT:

Le Shaq c’était ça, une part d’histoire, quelque chose d’intemporel, un vestige du passé qui nous change de ces joueurs lisses et inintéressants bodybuildés qui ne pensent qu’à avoir un championnat par tous les moyens. Il a connu les plus grands et les a affronté: tous les Hakeem Olajuwon, Pat Ewing, David Robinson, Zo Mourning, Arvydas Sabonis etc…c’était le dernier de cette lignée de joueurs de caractère avec la victoire dans le sang et un jeu dur, sans concession, une personne controversée mais si attachante. Des pivots lourds, athlétiques et si dominant, ce n’est plus dans l’ère du temps…


Extra

Mais Shaquille O’Neal c’est aussi :

  • un intérêt pour devenir un jour policier, il a déjà servi dans de nombreuses forces de police de L.A à Miami
  • un rappeur, qui a réussi à vendre plus d’un million de copies de son album « Diesel »
  • un acteur tout public dans Blue Chips ou Kazaam, ou l’inoubliable Steel !
  • un emblème pour les covers des NBA 2k, ou
    de son propre jeu de combat infâme nommé Shaq-fu, il était aussi disponible dans la version 2010 de UFC Undisputed ou le fameux Ready 2 rumble sur Dreamcast, c’est dire l’icône

En somme, une personnalité à lui tout seul qui a dépassé le simple mythe du basketteur.

Un dernier petit mix sur sa carrière et je vous laisse tranquille 🙂

Ecrit par:

N.K

1 commentaire

  1. Eagle -  6 avril 2015 - 18:30

    Shaq <3 ce mec me manque sur le parquet, merci de l'hommage. Comme il le dit si bien il a tué les pivots, tellement dominant, autre chose que Howard et compagnie…

    Répondre

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