Theo Papaloukas – Le Tsar Grec

Dans une interview vidéo à Euro Hoops, Theo Papaloukas annonce sa retraite en 2013. L’occasion de revenir sur la carrière de cet immense meneur de jeu, toujours présent dans les grands rendez-vous, et qui a marqué la dernière décennie.


De l’A2 League au CSKA Moscou

Natif d’Athènes, Theodoros Papaloukas a débuté dans des petits clubs (Ethnikos, Ambelokipi, Dafni) où il découvre le milieu professionnel. En 1997, avec le Dafni Athènes, il fait ses gammes en deuxième division, puis, 2 ans plus tard, il découvre, à 24 ans, le plus haut niveau avec le Panionios. Ce meneur / arrière de 2 mètres intrigue mais n’est pas encore promis à l’explosion.

Joueur de l’année de l’A2 League en 1999, il est le meilleur passeur de l’A1 League deux ans plus tard. L’Olympiacos, qui n’a plus remporté de titre depuis 1997, mise alors sur lui. Il côtoie alors Alphonso Ford, Patrick Femerling, Iñaki de Miguel, Aleksey Savrasenko, Milan Tomic, Dusan Jelic ou encore le français Stéphane Risacher. Il remporte la coupe de Grèce et quitte le club en fin de saison pour rejoindre le CSKA Moscou.

A Moscou, les débuts sont compliqués. Éternel champion de Russie, le club est devancé depuis 2 saisons par Perm. Dusan Ivkovic est recruté sur le banc et il remodèle le roster avec des américains confirmés (l’ex-All-Star NBA Chris Gatling, Victor Alexander), le pivot local Aleksey Savrasenko, des grecs (Papaloukas mais aussi Hatzivrettas), des jeunes soviétiques qu’on verra ensuite en NBA (Songaila, Khryapa, Monia) et un JR Holden un peu sorti de nul part.


Theo Papaloukas : l’aimant à trophées

Il connait des débuts assez compliqués. Pendant 3 saisons, il n’est qu’un joueur parmi d’autres. En parallèle, il devient international en 2001 et symbolise avec Diamantidis une génération qui se révèle lors des jeux olympiques 2004, à Athènes, et qui remporte l’EuroBasket 2005. Si la France garde en mémoire les clutchs plays de Diamantidis en demi-finale, Theo Papaloukas claque 23 points en quart contre la Russie, joue les chefs d’orchestre en demi et répond à Dirk Nowitzki en finale, 22 points, dont 2 3-points pour lancer la deuxième mi-temps, et 6 assists. Son meilleur souvenir en carrière selon ses déclaration après le Final Four de Londres.

Theo Papaloukas : La médaille d’or avec l’équipe nationale m’a laissé un gout sucré en bouche. C’est plus amer concernant le Japon, après avoir battu les USA en demi-finale, puis la défaite en finale. Puis bien sur, il y a la première Euroleague avec le CSKA. Nous avions eu des difficultés, des blessures, et nous avons réussi à gagner le trophée après tant d’années [35 exactement]. Tous ces moments sont importants.

Membre de l’équipe du tournoi, il revient à Moscou avec une nouvelle envergure. Ettore Messina, nouveau Coach du CSKA, s’appuie davantage sur lui et sa polyvalence, l’utilisant à la fois comme meneur, arrière et ailier. Le succès est au rendez-vous avec le championnat, la coupe et l’Euroleague. Au Final Four, il score 19 points en demi-finale contre Barcelone et 18 contre le Maccabi Tel-Aviv, double tenant du titre. Il remporte alors le titre de MVP du Final Four.


Grèce – USA : pour la postérité

Durant l’été, il explose définitivement aux yeux du grand public durant la demi-finale du Mondial contre les USA. Son utilisation du pick and roll avec Sofoklis Schortsanitis est montré en exemple. Il délivre 12 assists durant le match, qui vont bien avec ses 8 points. Après ce récital, en finale, la Grèce est terrassée par l’Espagne. Mais l’impact de ce match reste fort puisqu’il est élu joueur FIBA de l’année 2006.

En 2007, le CSKA Moscou dispute le Final Four d’Athènes. La finale les oppose au Panathinaikos contre qui il livre un très gros match (23pts-8pds) mais doit s’incliner (93-91) dans un match de très haut niveau. Il rend ses meilleures stats en Euroleague, 9.8 points à 57.8%, 5.4 assists pour une éval de 15.3. En fin de contrat, il est courtisé par la NBA (Celtics, Lakers, Bucks, Heat) mais signe finalement un nouveau deal de 10.5M€ sur 3 ans avec le CSKA.

Theo Papaloukas est alors au sommet de sa carrière. Loin des standards NBA en raison de sa dimension athlétique proche du néant et son application à passer d’abord le ballon dans une époque où le meneur domine le ballon, il fait partie des références du vieux continent. Analyste du jeu, maestro de génie sans chercher le spectaculaire, il gagne des surnoms tels The Computer. En Russie, il est même renommé le Tsar.

Les années se suivent et se ressemblent, il remporte une nouvelle Euroleague en 2008, contre le Maccabi Tel-Aviv (91-77), et s’incline l’année suivante en finale, contre le Panathinaikos, encore une fois de 2 points (73-71). Avec la Grèce, il répond présent jusqu’aux jeux olympiques 2008 mais ne remporte pas de nouvelles médailles.


Meilleur passeur de l’Euroleague

Malgré son contrat, il quitte Moscou en 2008 pour revenir au sein d’un Olympiacos très ambitieux, qui recrute en NBA (Childress, Kleiza, Greer, Pargo) et sur la scène locale (Vujcic, Bourousis, Teodosic, Erceg). Mais malgré 2 coupes de Grèce, les résultats ne sont pas à la hauteur des investissements. Theo Papaloukas et ses partenaires perdent 3 finales de championnat contre le Panathinaikos et une d’Euroleague contre Barcelone (86-68).

Ses meilleures années sont alors derrière lui. Entre 2006 et 2009, les awards individuels ont plu : MVP du Final Four 2006, MVP de l’Euroleague 2007, 4 fois consécutivement dans une All-Euroleague Team (1st en 2006 et 2007). Pour ses 50 ans, l’Euroleague l’inclut dans sa liste des 50 meilleurs contributeurs en 2008 puis, deux ans plus tard, il fait partie de la 2001–10 All-Decade Team. Par ailleurs, il est le meilleur passeur de l’Euroleague (977) et fut numéro 1 des interceptions (335), dépassé en 2013 par son vieux collègue Dimitris Diamantidis.

En fin de contrat, il signe en 2010 pour un an au Maccabi Tel-Aviv où son style de faux lent ne correspond pas au basket rapide de David Blatt. Il ne joue que 9.5 minutes par match. Laissé libre, il revient à Moscou pour une dernière pige à 36 ans. Il participe à son 9e Final Four mais ne remplit pas son palmarès.

Theo Papaloukas : Quitter les terrains n’est pas une décision facile. C’est très émouvant pour moi. J’essaie de me contrôler mais ce n’est pas facile.

Il lui reste quelques matchs de VTB League et de championnat russe pour garnir son armoire à trophée. Il quittera ensuite définitivement les parquets pour, certainement, devenir un Head Coach de très haut niveau. Une suite logique pour un joueur au QI basket si évolué.

Ecrit par:

Jérôme

1 commentaire

  1. Free_Eagle -  17 février 2015 - 16:14

    La France a eu Rigaudeau, la Grèce a eu Papaloukas.
    Il a sans aucun doute pris la bonne décision en ne tentant pas le diable en NBA….il n’avait pas (tel que dit sur cette bio) l’athlélicité pour d’une part, et son jeu était trop européen pour la grande ligue.

    En construisant une dream team européenne, il ne serait pas loin d’en faire parti.

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