Tim Duncan aka Mr Big Fundamentals (Part III)

LE GRAND REMPLACEMENT

Le titre 2014 des Spurs est certainement le plus beau de l’histoire de la franchise, mais la question se pose de savoir s’ils s’arrêteront en si bon chemin? Il reste en réalité deux ans de basket à Duncan qui exerce sa player option après le titre pour gagner 10.3M$ sur la saison 2014/15. Il est toujours sujet à une limitation de minutes, voire des absences sur les matchs en back-to-back, ne jouant que 28 minutes en moyenne (13.9pts, 9.1rbds, 3ast, 2blks), en profitant de son grand âge pour faire tomber les records.

En novembre 2014, il score son 25.000ème point en carrière dans une victoire contre les Lakers, devenant le 19ème joueur de l’histoire à passer ce cap; il enchaine en février 2015 en égalant Nate Thurmond à la 9ème place des meilleurs rebondeurs All-Time; puis c’est Pat Ewing qui est dépassé, 6ème aux contres; en avril, Duncan joue son 1330ème match en carrière pour dépasser Moses Malone (11ème All-Time).  Tous ces records, il n’en a probablement pas grand intérêt, il s’agit de voir ce que l’équipe peut faire. Les Spurs terminent 6ème à l’Ouest dans une NBA qui est devenue une ligue de meneurs/artilleurs plus qu’un agrégat de grands ailiers forts comme au début de la carrière du numéro 21.

San Antonio est le Champion en titre (55-27) cependant la quête pour le back-to-back se terminera contre les Clippers en sept matchs douloureux avec ce tir de Chris Paul en dépit du grand bras et de la main de Duncan sur son visage, comme un symbole:

Tim ne fait plus les grandes All-Teams mais il intègre tout de même la All-défensive second team, à raison, pour la septième fois de sa carrière. Il fait place, petit à petit, à l’émergence de Kawhi Leonard, nouveau leader qui singe à merveille le côté stoïque et placide du grand Tim, convaincant ce dernier de signer pour un dernier contrat de 2 années. D’autant que les Spurs amènent du renfort en signant LaMarcus Aldridge à ses côtés.

Les matchs s’enchainent et Tim s’efface lentement mais sûrement. Il ne jouera que 25 minutes par match en cette saison 2015/16 sur 60 matchs (8.6pts, 7.3rbds, 2.7ast, 1.3blks), sa plus-value se trouve dans l’incarnation des Spurs qu’il représente. Première (et dernière) fois de sa carrière que ses moyennes passent en dessous des 10pts par match cependant, il passe le relai à Kawhi (21.2ppg) et Aldridge (18ppg). En tout cas, il aura pour lui la satisfaction de dépasser de grands noms de la NBA: une 954ème victoire avec les Spurs lui permet de surpasser John Stockton (953 victoires avec le Jazz); Robert Parish est dépassé aux rebonds, et même son ancien compère David Robinson devient obsolète, puisque Tim enregistre son 2955ème contre, leader All-Time des Spurs et 5ème de la NBA.

Il manquera des matchs pour cette 19ème saison avec la même franchise, il aura enchainé pour l’anécdote 1359 matchs en marquant au moins un point et tout cela, toujours dans l’intérêt de l’équipe. Les Spurs survolent la saison régulière (30 victoires consécutives à domicile), Duncan dépasse Malone aux rebonds mais son plus bel accomplissement réside probablement dans sa 1000ème victoire de saison régulière, suivant Jabbar et Parish dans ce cercle très privé.

dzazPopovich met au repos tous ses starters pour la fin de saison (67-15, meilleur bilan à l’Ouest) mais San Antonio s’effondre contre le Thunder en demi-finales de Conférence, l’impact de Duncan ayant été assez faible pour cette ultime campagne de Playoffs. Il annonce par un communiqué très sobre prendre sa retraite (il avait pourtant opté pour jouer la dernière saison avec 5.6M$ à la clé), conscient qu’il n’avait plus la capacité de jouer à très haut niveau et qu’il était temps de passer le flambeau, de tourner la page. Avec lui, les Spurs n’ont connu AUCUNE saison régulière en dessous des 50 victoires (hormis le lockout de 1999, logique).


UNE STAR DÉPOURVUE DE VANITÉ

Cette sortie lui ressemble en tout point. Il ne ferait pas un match à 20pts-20rbds pour fêter son départ, il ne ferait pas de grand tour de la NBA, il n’avait pas l’égo au centre de ses préoccupations, c’était le « meilleur coéquipier possible » diront les Spurs l’ayant côtoyé. Ce qui rend son départ si important, c’est la carrière qu’il a bâti à force de travail, de constance et d’une régularité affolante. Les Spurs ont gagné 71% de leurs matchs (1072-438) en ayant ce joueur dans leur équipe, cela en dit long.

Sa loyauté lui a permis de devenir le seul joueur à gagner plus de 1000 matchs avec la même équipe, une chose qu’on ne risque pas de revoir de sitôt; il est aussi intronisé dans le club privé des deux joueurs ayant compilé plus de 26.000pts, 15.000rbds et 3000blks avec Jabbar. La liste de ses accomplissements est infinie. Ce qui rendait fou de rage probablement la plupart de ses adversaires, c’est son efficacité. Vous aviez beau voir, revoir, rerevoir ses hook ou son petit fadeaway jumpshot au poste avec la planche mille fois, il continuerait à mettre ces tirs quoi qu’il arrive, double-team ou triple-team n’aidant pas au vu du collectif imposé.

Gregg Popovich a bâti une dynastie avec Tim Duncan, il n’a jamais eu à devoir lutter contre les délires égotiques de sa star et encore moins du reste du roster puisque l’exemple était donné par le franchise player. Une relation de confiance d’une telle profondeur qu’elle permet à une équipe de devenir avant-tout un collectif dans lequel toutes les pièces peuvent trouver une place. Les Spurs de Duncan semblaient éternels (comme lui, tout du moins), et même lors de sa dernière campagne de Playoffs, en jouant peu, en rendant 4.4pts et 4.8rbds par match, tous ses coéquipiers ne trouvent que des louanges à lui offrir:

Matt Bonner: Il n’est pas flashy, il est terre-à-terre. C’est un professionnel incroyable, qui travaille dur et met le bien de l’équipe au-dessus de lui-même.


K.Anderson: La plupart des équipes utilisent des rôles players pour faire le travail de l’ombre. Ici, c’était notre meilleur joueur qui faisait cela: il prenait les rebonds, il jouait des coudes, tout ça à 40 ans.


Popovich: Il nous aura donné une base sur laquelle construire et opérer. Il est assez intelligent pour comprendre qu’il doit faire les efforts: prendre le rebond, aller au contre, changer sur les écrans, jouer sans le ballon, aider ses coéquipiers. Il aura aider LaMarcus et David (West) à comprendre comment vraiment se comporter sur un terrain.

Le leadership peut prendre des formes diverses, ici, Duncan n’aura jamais été un de ces joueurs vocal qui n’hésiteterait pas à faire des sorties dans la presse pour se faire entendre voire comprendre. Non, car l’alchimie collective était le bien le plus précieux à ses yeux et tout ce qu’il pouvait/devait faire, c’était montrer l’exemple sur le terrain, alors peut-être que ses coéquipiers le suivraient, l’imiteraient et ce fût le cas. Une mentalité qu’il aura forgé aux côtés de l’Amiral David Robinson, sans nul doute.

Jae Crowder: Comme Nowitzki, c’est un grand leader sans être vocal, il nous montre l’exemple sur le terrain et ses exploits parlent pour lui.


Nowitzki: Je l’aime bien, vraiment. Je pense que c’est la superstar la plus silencieuse et discrète que vous puissiez avoir. Nous sommes assez similaires, nous n’avons jamais voulu faire de nos noms une marque quelconque, on essaie juste de jouer au basket et de gagner des matchs.

D’autres parlent de son comportement sur le terrain, comme Etan Thomas qui partage cet anecdote:

On jouait les Spurs, donc c’est mon vis-à-vis, je pénètre, je fais mon move, je tente mon shoot et il le bloque. En retournant en défense (lui en attaque), Duncan me dit « c’était un joli move mais tu dois venir plus près de moi, me jouer au corps pour chercher la faute ou trouver un moyen que je ne puisse te bloquer » . Je ne savais pas s’il rigolait ou quoi mais c’est ce que j’ai fait quelques actions plus tard et il me répond « voilà, c’est bien mieux » . Ce mec était un des colosses les plus gentils que j’ai connu.

Il n’était pas là pour « la célébrité », c’est une certitude. Il était un ailier fort dans la plus pure tradition du poste, sachant jouer à tous les niveaux de jeu et surtout, d’une polyvalence rare, à une époque où le poste 4 était très disputé (Webber, Garnett, Sheed etc.). Son surnom « Big Fundamental » lui a été donné par le Shaq pour illustrer le fait qu’il puisse dominer tant en attaque qu’en défense, tout en traversant les âges, de Robinson à Shaq et Yao, jusqu’à Garnett, Nowitzki et maintenant Draymond Green (toute proportion gardée). Son jeu ultra-traditionnel aura fait de lui un roc insubmersible aux changements rapides de la NBA, un véritable monolithe d’efficience, confinant les Spurs au succès (onze saisons dans le TOP2 des meilleures défenses du pays).

 

CnHFslnXYAQknVz.jpg large

 


PALMARÈS

  • 5 titres de Champion NBA (1999, 2003, 2005, 2007, 2014)
  • 3 titres de MVP des Finals (1999, 2003, 2005)
  • 2 titres de MVP de saison régulière (2002, 2003)
  • 15 fois élu au All-Star Game
  • 10 fois en All-NBA First Team, 3 fois en All-NBA Second Team, 2 fois en All-NBA Third Team
  • 8 All-NBA Defensive First Team et 7 All-NBA Defensive Second Team
  • 21 titres de Division
  • Rookie of the year 1999
  • National College player of the year 1997

Les stats:

  • 19pts (50.6% de réussite), 10.8rbds, 3ast, 2.2blks de moyenne en carrière
  • 20.6pts (50.1% de réussite), 11.4rbds, 3ast, 2.3blks de moyenne en Playoffs
  • 17ème All-Times aux points marqués (26.496)
  • 8ème All-Time au nombre de matchs joués (1392)
  • 7ème All-Time au nombre de rebonds captés (15.091)
  • 6ème All-Time au nombre de contres réalisés (3020)

 

Ecrit par:

N.K

Laisser un commentaire

Votre Email ne sera pas publié. Les champs obligatoires sont indiqués (obligatoire):

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Revenir en haut