Tim Duncan aka Mr Big Fundamentals (Part II)

CONSTANCE, RÉGULARITÉ, CONTINUITÉ

La seule chose qui pouvait priver Duncan de marquer, rebonder, contrer, passer, défendre et être cette force de dissuasion placide animant les Spurs; c’était une blessure. Il est touché à la voûte plantaire en 2005/06, le forçant à baisser en rythme drastiquement (18.6pts, 11rbds, 3.2ast, 2.0blks, quand même) puisqu’il a été décidé qu’il jouerait et débuterait 80 matchs pour 35 minutes de jeu de moyenne. Il joue, quoi qu’il arrive, mais le management des Spurs est malin puisqu’il s’agit de le ménager sans le contraindre à une opération fatale pour sa saison. Il arrive donc pour les Playoffs 2006 en grande forme, et un duel de taille se déroule entre lui et Dirk Nowitzki, respectivement 32.2pts par match et 27.1pts:

Que ce soit Nowitzki ou Dampier, aucun des deux ne peut arrêter le natif des Iles Vierges dans son jardin qu’est le jeu au poste. Cependant, la tragédie se déroule alors que les deux équipe sont à couteaux tirés: 3-3, match 7 à jouer. Duncan aura tourné à 32.3pts (55% au shoot), 11.7rbds, 3.7ast, 2.6blks, 1st mais échoue dans le temps réglementaire du Game 7 à donner la victoire aux siens. Il avait pourtant fait le plus dur en scorant 39pts (dans le temps réglementaire, 41pts avec l’OT) et en faisant faire toutes leurs fautes à Dampier et Keith Van Horn. Il échoue plus encore dans la prolongation en ne convertissant qu’un seul lancer-franc sur sept tentatives contre DeSagana Diop (17/23 à la fin du match).

Le temps file à toute allure, le grand Tim va célébrer ses 30ans pour la saison 2006/07. Il fût introduit au basketball tardivement, il a intégré la ligue tardivement, par contre, les victoires, elles se seront enchainées rapidement. Une fois encore, il est l’Alpha et l’Oméga des Spurs, leader de l’équipe aux points, aux rebonds et retrouve même les joies du All-Star Game où son nom est sélectionné pratiquement d’office. Les Spurs gagnent 58 matchs, seconds de l’Ouest, et s’en vont écraser respectivement les Nuggets, Suns et Jazz. Premier affrontement en Finals contre les Cavs de Lebron James, qui ne pèse pas bien lourd face au Big Three: Duncan (20pts-10.6rbds) – Parker (18.6pts-5.5ast) et Ginobili (16.5ppg) vont chercher un quatrième titre: 1999/2003/2005 et 2007, à croire que les années impaires sont appréciées dans le Texas.

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Ces Finals 2007 (un sweep) ne laisseront pas un souvenir impérissable (comme en 2003) mais la victoire est au bout, d’autant que Tim n’a pas autant pesé que d’habitude selon ses propres dires. Il est vite rattrapé par son coach aimant:

Tim est le dénominateur commun. Il a eu un cast différent autour de lui pour les trois derniers titres, il les a accueilli de la même façon. En fait, c’est vraiment très facile de jouer avec lui, son jeu est tellement basé sur les fondamentaux que tout le monde y trouve son compte.

David Stern, commissionner, ajoute son mot:

Duncan est un joueur intemporel. Je suis fan de tennis et Pete Sempras fait partie des meilleurs pour moi, même s’il n’était pas Agassi ou McEnroe, c’était un grand joueur. On prend les grands joueurs là où on les trouve.

Et c’est bien là un point névralgique de la carrière de Duncan: les joueurs passent, l’équipe reste, et lui avec. Il avait cette fois-ci Fabricio Oberto, Michael Finley, Francisco Elson etc. pour l’aider. Le banc se renouvelle chaque année, les joueurs savent que San Antonio est un moule dans lequel il faut se placer, derrière un noyau dur qui a prouvé son efficacité depuis plusieurs années. La recette Spurs fonctionne et la constance sera de mise pour les années suivantes. Tim a encore 3-4 solides saisons dans les jambes, il veut en profiter pour rafler le plus de titres possibles.

En 2007/08, Duncan aura enchainé sa onzième saison en compilant des moyennes en double-double (19.3pts, 11.3rbds). Il montre toute sa vista pendant les Playoffs et un premier match contre les Suns du Shaq où le grand Tim se fend d’un 3pt rare (en plus de ses 40pts) pour égaliser et envoyer le match en double-prolongation, les Spurs finissent le boulot en 5 matchs:

Le duel sur toute la série s’est joué avec Amare Stoudemire, impossible de ne pas le partager:

L’étape suivante voit les Hornets de Chris Paul venir jouer les gros bras. Duncan réalise un de ses pires match en carrière (5pts, 3rbds) en Playoffs mais se rachète par la suite notamment pour égaliser la série (22pts, 15rbds, 4blks) puis 20pts-15rbds dans le Game 6. Un jeu monolithique et pourtant presque infaillible, à 30ans passé, c’est du Duncan.  On retrouve San Antonio en Finales de Conférence comme d’habitude, cette fois affrontant des Lakers renaissant et bien trop puissants. Il aura notamment fallu un Pau Gasol jouant un jeu similaire, basé sur l’altruisme et le jeu au poste, pour faire déjouer les Spurs, le duel fut de haute volée, même si c’est Kobe Bryant qui met fin aux espoirs des texans:

Cette rivalité Spurs-Lakers aura fait couler beaucoup d’encre, comme les Spurs-Suns ou Spurs-Mavs, c’était des séries à suivre, absolument. Néanmoins, sur cette campagne de Playoffs, les Spurs évitent une fois encore le back-to-back!


UN LENT DÉCLIN

La douzième saison de Tim s’annonce prometteuse: d’abord parce que c’est un chiffre impair (2009) pour les Finals, ensuite parce qu’il sort d’une excellente campagne et d’un été de travail. Il est pour le coup rattrapé par l’âge, avec des inflammations au niveau des genoux toute l’année, une tendinite chronique lui sera diagnostiquée. D’autant plus que Manu Ginobili se retrouve également sur le carreau, on dit les Spurs voués à l’extinction.

Il n’en est rien, l’équipe se qualifie en Playoffs (54-28), preuve que le groupe aura considérablement compensé ces absences sous le leadership offensif de Tony Parker (22ppg) et l’aide du banc avec Roger Mason, Matt Bonner et Mike Finley. Le supporting cast compte aussi des vétérans, Bowen et Kurt Thomas vont vers la sortie et San Antonio apparait comme un contender fragile. Cela s’est avéré juste, les Mavs (futurs champions) écrasent leurs coreligionnaires texans en 5 rencontres. Une élimination prématurée au premier tour des Playoffs, ce n’était plus arrivée depuis l’entrée dans les années 2000 à San Antonio…

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Devant l’inévitable vérité que Duncan n’est pas éternel, le front office se décide à renouveler tout le supporting cast et acquière pêle-mêle Richard Jefferson, Theo Ratliff, McDyess, DeJuan Blair et Keith Bogans, rien que ça. L’alchimie n’est pas immédiate, il faut quelques double-double de Duncan pour que la mayonnaise prenne (17.9pts, 10.1rbds en cette treizième saison à 33ans), c’était même le seul joueur à mi-saison à compiler 20pts-10rbds de moyenne, une prouesse. Popovich commence à ménager sa star en deuxième partie de saison pour préparer les Playoffs de la meilleure façon possible.

Les Spurs atteignent les 50 victoires une fois de plus, mais la compétition de la Conférence Ouest est féroce, c’est en septième position qu’ils se présentent au premier tour face aux Champions en titre, Dallas. Revanche est prise (4-2), George Hill (14.2ppg) sort de sa réserve pour épauler le Big Three, Duncan alignant toujours ses stats (18.2pts, 9.5rbds). En revanche, les Suns vont totalement écraser les Texans avec leur trio Nash-J-Rich-Stoudemire et le jeu ultra-rapide (109.5pts par match!); Tim ne démérite pas pour autant (20.3pts, 10.5rbds) mais il aura manqué un vent de jeunesse dans cet effectif pour réaliser quelque chose.

Les saisons s’enchainent…Duncan va bientôt souffler les 35 bougies, il devient naturellement, en 2010/11, le leader All-Time des Spurs aux points et aux matchs joués. Il en profite pour montrer qu’il a encore du basket à revendre: son troisième triple-double en carrière contre les Warriors fin novembre, il devient le 94ème joueur à jouer 1000 matchs en carrière avec un ratio impressionnant de victoires/défaites (707-293), seul Scottie Pippen fait mieux!

Les Spurs en profitent (29-4 en début de saison) avec un effectif pléthorique (Splitter, Jefferson, Hill, Bonner, Blair, Neal, McDyess…). Si San Antonio domine la ligue à mi-saison, Tim, individuellement, marque le pas. L’équipe termine avec un sublime bilan (61-21) alors que Duncan joue pour la première fois de sa carrière en dessous des 30 minutes par match (28.4) en 76 matchs, compilant 13.4pts, 8.9rbds.

Les Grizzlies « Grit&Grind » de Zach Randolph et Marc Gasol se présentent au premier tour et créent l’upset (4-2), en dépit des efforts du franchise player réduit à 12.7pts et 10.5rbds, à 47% de réussite:

C’était seulement la deuxième fois dans l’Histoire de la NBA qu’un 8ème élimine le 1er de la saison régulière au premier tour.


LA RELÈVE

Les Spurs semblaient imbattables…ils n’ont pas été démotivés pour autant, puisqu’ils seront également leaders de la saison régulière à l’Ouest en 2011/12 dans une saison tronquée par le lockout (66 matchs), en terminant à égalité avec les Bulls (50-16). Duncan est toujours ménagé et preuve de la confiance inébranlable de Popovich en son système et ses joueurs, quand il repose Duncan, il s’amuse à placer un « Did Not Play – VIEUX » en raison sur la fiche de match:

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Le corps de 36 années de Duncan peut bien supporter ça. Parker et Ginobili seront aussi mis au repos à plusieurs reprises, sachant que le supporting cast composé de Patty Mills, Gary Neal, Blair, Splitter, Danny Green, Diaw, Steph Jackson, Kawhi Leonard…..ferait très bien le job. Ce ne sont pas moins de 10 joueurs qui marquent au moins 8pts par match dans cette équipe, Popovich faisant un compromis d’excellence entre l’attaque et la défense par le biais d’un jeu collectif et ultra-altruiste.

Les Spurs sweepent rapidement le Jazz et les Clippers pour aller affronter le Thunder de Westbrook, Durant et Ibaka. Big Tim tourne à 17.4pts, 9.4rbds, 2.1blks dans cette campagne de Playoffs, il élève son jeu quand l’équipe en a besoin, il bat le record de blocks en Playoffs jusque-là détenu par Kareem Abdul-Jabbar dans une défaite en 6 matchs contre OKC. Mais le futur est radieux rétrospectivement parlant, à voir ce roster hallucinant de qualité.

Le 11 juillet 2012, Duncan accepte de resigner avec les Spurs, il a l’assurance d’un soutien de grande qualité avec l’émergence de Danny Green et Kawhi Leonard notamment qui maturent depuis deux saisons. Les Spurs font encore les Playoffs (58-24), Duncan est encore au All-Star Game, terminant même dans la All-NBA First Team avec 17.8pts (50.2%), 9.9rbds, 2.7ast, 2.7blks en 69 matchs de saison régulière. Il termine en surpassant le record de points historique des Spurs jusque-là détenu par George Gervin (23.785). La campagne de Playoffs est une réussite: les Lakers sweepés au premier tour, les Warriors en six matchs, les Grizzlies sweepés en Finales de Conférence et revoici les Spurs en Finals 2013.

Duncan enregistre son 500ème contre en Playoffs, premier joueur de l’histoire à atteindre ce palier, et les Spurs tombent sur le Heat de Wade, James et Bosh. C’est une finale splendide que nous livrerons ces deux équipes, en sept matchs pour couronner le tout! San Antonio avait l’avantage (3-2) et Duncan a fait le plus gros du travail dans le Game 6 pour chercher la victoire (25pts en première mi-temps!). Mais les dieux du basket n’ont pas été cléments et Lebron James aura sorti son plus beau jeu pour défaire le collectif des Spurs, pourtant magnifique:

Ce n’était que partie remise. Un tel sens du beau jeu, du passing, de l’extra-pass à tout prix et la relève (Kawhi Leonard, Danny Green) prenant peu à peu ses marques, il était certain que les Spurs allaient concrétiser leurs espérances. Ce n’était effectivement qu’un contre-temps, le cinquième titre arrivant lors de la saison 2013/14 (une année paire!).

Tim Duncan en profite pour faire tomber quelques records, il devient par exemple, début décembre 2013, le plus vieux joueur à compiler 20pts et 20rbds dans le même match avec 23pts-21rbds et le tir de la gagne contre les Hawks), à 37ans:

Les Spurs atteignent les 62 victoires en saison régulière tandis que Tim transmet tout ce qu’il sait aux jeunots de l’effectif, tout en restant une menace plus que crédible dans la raquette (15.1pts, 9.7rbds, 3ast, 1.9blks). Bizarrement, la série la plus compliquée aura lieu au premier tour contre des Mavs préparés: Rick Carlisle avait prévu que ses hommes seraient un poison et ce fût le cas. On a suivi avec grande attention le duel Duncan-Nowitzki, comme toujours et le dernier:

San Antonio s’en sort péniblement au bout des 7 matchs, Tim ayant été précieux (17.3pts, 8.4rbds), sans oublier qu’il y a pas moins de 5 joueurs des Spurs scorant au moins 10pts (Kawhi et Splitter en plus du Big Three) tout en ayant un Boris Diaw dans son jardin pour faire circuler la balle. Une fois ce redoutable obstacle contourné, les Spurs filent droit aux Finals (Portland en 5, OKC en 6) pour un rematch contre le Heat. Cette fois, il n’y a simplement PAS de concurrence: 4-1!

Dans le même temps, le trio Duncan-Ginobili-Parker bat le record de victoires en Playoffs pour un trident. Duncan, quant à lui, rejoin John Salley dans le panthéon des joueurs ayant remporté un titre sur trois décennies différentes….

Ecrit par:

N.K

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