Steve Nash – Le Dandy du Passing

Le 21 mars 2015, après de longs mois sans retrouver les parquets, Steve Nash prend la décision sage d’annoncer sa retraite officielle de toute activité relative au basket. Il s’en va par la petite porte et juste avant les playoffs, on en oublierait presque son parcours, lui qui fait partie du cercle très privé des MVP NBA.


PATIENCE ET ABNÉGATION SONT SES VERTUS

Stephen (Steve) John Nash est né en Afrique du Sud, à Johannesbourg le 7 février 1974, d’une mère galloise et d’un père anglais. Il possède alors la citoyenneté britannique et canadienne à la fois, quand ses parents décident d’aller vivre au Saskatchewan (Regina) quand il n’a que 18 mois, avant de s’installer à Victoria en Colombie britannique. Rien ne le prédestinait au basket, il est plus adepte de football et de hockey sur glace à l’époque avec son petit frère Martin et ne commence à tâter de la balle orange qu’à l’orée de son adolescence, vers 12-13 ans. Il annoncera cependant à sa mère, en quatrième, qu’il jouera en NBA et sera une star.

1998.86.07Sa vocation n’est pas de suite entérinée car il subit l’influence de son père, John, joueur professionnel de football, qui l’entraine aux quatre coins du monde. En s’installant si près de la frontière américaine, il en adopte néanmoins le mode de vie, il est même fan de catch professionnel, son ultime mentor étant Hulk Hogan. Steve, pourtant pas un athlète impressionnant, excelle dans tous les sports à cause, dit-on, de sa capacité d’analyse et de son intelligence sportive. Exemple tout bête, au cours élémentaire, il gagne 3 titres de champion d’échec.

Plus tard, il intègre un lycée privé, la St. Michaels University School où il gagne le trophée de MVP au football et excelle également en basket et en rugby. Il tourne à 21.3pts, 9.1rbds, 11.2assists dans son année senior et mène même son équipe jusqu’en finale de Province, pour le titre. Il reste un « frêle petit canadien » quémandant souvent qu’on le prenne au sérieux, notamment vis-à-vis des coachs. Il compense en travaillant d’arrache-pied, et en développant un jeu altruiste qu’on lui prêtera longtemps en NBA, on dit de lui qu’il veut « rendre meilleur ses coéquipiers » avant tout.

Un ultime test l’attend, quand il visite Long Beach State en Californie pour se tester contre les meilleurs lycéens de la côte Ouest, il passe les étapes haut la main. Il n’y a que lui et son coach de l’époque qui croient en ses chances d’intégrer l’Université US; en 1991/92, Hyde-Lay écrit et appelle plus d’une dizaine de gros programmes universitaires (30) dont Arizona, Duke, Maryland etc… pour prêcher la bonne parole de son prodige canadien, il reçoit une fin de non-recevoir. Toutes les lettres de refus s’amoncelleront alors dans une boite à chaussure que Nash garde précieusement (encore à ce jour) pour se motiver.

La seule école qui s’intéresse à lui, au final, c’est la petite université jésuite de Santa Clara, à une heure au sud de San Francisco. Coach Dick Davey ira jusqu’au Canada pour voir Steve jouer dans le championnat de la Colombie britannique, c’était le seul « scout » américain venu voir Nash au Vancouver Agrodome. Il est intéressé par le jeu de Steve Nash, à une seule condition: qu’il devienne un joueur complet, car sa défense laisse vraiment à désirer.


LES SANTA CLARA BRONCOS

Coach Davey résume bien l’état d’esprit de Nash à ce moment de sa carrière: précaire et en quête de reconnaissance :

Davey : Il était tellement nerveux à l’idée que personne ne puisse le voir jouer. Il ne fallait pas avoir un prix Nobel pour comprendre qu’il était bon, il fallait juste que les grandes universités ne soient pas là pour le remarquer. Mais c’est aussi le pire défenseur que j’ai connu.

Recruté, il obtient une bourse pour jouer avec les Broncos qui ne sont pas apparus au tournoi NCAA depuis…5 ans! Les moqueries vont bon train, ses copains parlent de « Santa Clause State » pour railler sa nouvelle aventure.

Pourtant, à son arrivée, Santa Clara gagne le tournoi WCC en réalisant une upset gigantesque contre le seed numéro 2 de l’époque au premier tour de la March Madness, Arizona :

On prie son éthique de travail digne d’un professionnel de la NBA, il n’hésite pas à passer des nuits à prendre des shoots et s’entrainer dur, le sourire aux lèvres.

Dans ce match, Nash score 6 lancers-francs consécutifs dans les 30 dernières secondes pour assurer la victoire. Même si l’équipe tombe au tour suivant contre Temple, c’était une saison inespérée en terme de réussite. La saison suivante est moins reluisante – Nash ira au bout de son cursus de quatre ans au passage – il faut attendre la saison 1994/95 pour revoir Nash sous les projecteurs, en étant nommé Joueur de l’année dans la Conférence WCC remportée par les Broncos (20.9pts, 6.4ast et 45.4% à 3pts).

Il devient le leader au scoring et aux assists de son équipe mais les Broncos échouent au premier tour de la March Madness contre Mississippi State. Steve pense à passer professionnel et décide de ne pas se présenter tout de suite et d’attendre une année, afin d’être considérer dans les picks du premier tour.

S.Nash : Mes héros étaient Isiah Thomas, Michael Jordan, Magic Johnson. Je pense que c’était des compétiteurs nés et dotés d’une énorme créativité, surtout Isiah, qui n’était pas très grand. Il m’a donné de la confiance dans mon jeu vu ma taille.

Avant de penser à devenir pro, il contracte une assurance d’1M$ de dollars sur lui-même. Il attire néanmoins l’œil des médias durant la saison 1995/96 et passe l’été à façonner son skillset de meneur en jouant avec l’équipe nationale canadienne et en faisant plusieurs work-out en compagnie de Jason Kidd et Gary Payton, excusez du peu! Santa Clara gagne encore le titre WCC et Steve remporte une nouvelle fois le titre de Joueur de l’année dans sa conférence, le premier Bronco à réaliser l’exploit depuis Kurt Rambis. Il est aussi à l’origine d’une nouvelle upset en March Madness avec l’élimination de Maryland (7), pour mieux être croqué au tour suivant par Kansas. Il gagne les honneurs de la couverture nationale avec une mention honorable en All-America.

Il est encore aujourd’hui le leader All-Time aux assists, pourcentages aux lancers et 3pts convertis/tentés de Santa Clara. Plus tard, en septembre 2006, son maillot numéro 11 sera retiré, c’est le premier athlète de l’Université à connaitre un tel honneur.


IT’S ALL ABOUT THE JOURNEY

Avant la draft, il fait étalage de ses talents au Nike Desert Classic en tournant à 8 passes décisives par match, devenant LE playmaker à sélectionner. Il reste sous-estimé à cause de sa taille et de son manque d’explosivité, il n’a pas le côté athlétique des Iverson ou Marbury. Il sera sélectionné en 15ème position du premier tour par les Suns dans une draft dantesque qui compte pêle-mêle Iverson, Marbury, Ray Allen, Shareef Abdur-Rahim, Kobe Bryant, Stojakovic….

Ayant sécurisé son diplôme de sociologie, il peut atterrir à Phoenix. Il a comme objectif pour le club de suppléer le vétéran Kevin Johnson, il deviendrait à terme le meneur titulaire. Cependant, les Suns vont tout chambouler dans leur effectif avec le départ de Charles Barkley avant la saison 1996/97 et l’arrivée en décembre du meneur All-Star de Dallas, Jason Kidd. Steve a de l’espoir en début de saison, il est même titularisé en novembre (17pts-12ast) à Vancouver devant sa famille et ses amis, mais les arrivées de Cassell et Kidd le propulsent à la troisième place du roster: il ne débute que 2 matchs sur 65 joués avec 10 pauvres minutes de moyenne par match.

La saison suivante, il reste cantonné au cirage de banc. La venue de Danny Ainge à la place de Fitzsimmons au poste de coach, permet à l’équipe de switcher son jeu pour favoriser le Run&Gun. Pour sa première saison sur un banc, Ainge aime sa pléthore de meneurs et notamment Steve Nash. Il n’y a juste pas de place pour lui, Kidd est trop bon dans le système mis en place qui privilégie le fast-break et les finisseurs (McDyess, Manning).

L’équipe termine la saison à 56-26, 3ème de la division pacifique et explose en plein vol à cause de nombreuses blessures; Steve rend de meilleures stats avec ce système (9.1pts, 3.4ast) en dépit d’un temps de jeu toujours morose (9 matchs débutés sur 76 joués et 21.9 mins par match).

96draft

Les fins observateurs considèrent tout de même Nash, vu sa progression, il est à noter qu’il pointe à la 13ème place de la ligue aux pourcentages à 3pts (41.5%) et donne du crédit à son succès à ses pairs, Jason Kidd et K-Johnson, qui le poussent dans ses retranchements à l’entrainement et l’encouragent par la même en le prenant sous leur aile. Cependant, une personne a totalement flashé sur le jeune canadien, c’est l’assistant coach des Mavs, Don Nelson. Les deux se sont connus à l’Université, Nelson travaillait aux Warriors et une amitié en est ressortie.

Lorsque le poste de meneur s’est libéré dans le Texas, ni une ni deux, Nelson fait pression pour que Nash soit ramené aux Mavericks. Le deal est en place: Bubba Wells, Martin Muursepp, un premier tour de draft (Shawn Marion plus tard) et les droits de Pat Garrity pour Steve, un move qui semble ubuesque au vu de la tournure de la carrière du joueur, recruté pour peu. D’ailleurs, Dallas ne s’y trompe pas et signe rapidement Nash pour 6 ans et 33 millions de $ à la clé. La saison NBA est quant à elle tempérée par le lockout de 1998/99 où Steve joue son pire basket (7.9pts à 36% au shoot, son unique saison en dessous des 40%), Dallas enchaine sa 10ème saison en bilan négatif d’affilée.

A sa décharge, il est touché par plusieurs blessures au pied droit et manquera les dix derniers matchs de la saison, touché au dos.


CARRIÈRE LANCÉE AU Y2K

On en parle peu, Steve Nash a pourtant bien joué pour son pays, le Canada. Après une saison rookie décevante, il mène le Canada à la seconde place du tournoi de qualification olympique à Porto Rico derrière les États-Unis, il reçoit les honneurs du titre de MVP du tournoi pour décrocher une place aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000.

D’autant qu’à Dallas, il est très apprécié, notamment par Michael Finley avec qui il créé une véritable complicité sur et en dehors du terrain. La venue de Dirk Nowitzki sera l’occasion d’un rapprochement entre non-américains de plus, le Big Three se met en place sous la coupe de Donnie Nelson.

En janvier 2000, un multi-milliardaire s’offre les Dallas Mavericks, c’est Mark Cuban. Son premier move est de signer Dennis Rodman, aussitôt venu qu’il est reparti en mars après plusieurs frasques dont lui seul a le secret. Steve est quant à lui encore touché, à la cheville cette fois, il manque 25 matchs et marque son retour sur les parquets de six double-double consécutifs Pts-Assists dans le dernier mois de la saison régulière afin de terminer à 40-42.

Dallas Mavericks:  Nash and Nowitzki press conference

Il se concentre sur les J.O de Sydney. Le coach de l’équipe canadienne, Gus Triano, le supplie de venir car l’équipe n’a aucune chance de l’emporter sans lui, il accepte le challenge avec une joie non-dissimulée et les canadiens créent l’upset contre la Yougoslavie, la Russie, l’Australie et l’Espagne! Ils tomberont contre la France dont le plan de jeu est simple : on met une triple-couverture sur Steve Nash pour le couper de ses coéquipiers.

Il reprend son entrainement aux Mavs rapidement, pour créer une alchimie entre lui, Nowitzki et Finley. Nelson réussit à faire venir Juwan Howard (All-Star à l’époque) et la saison s’embellit, Dallas termine à 53-29, pour atteindre les playoffs pour la première fois depuis 1990. Don Nelson a une philosophie assez simpliste du basket, privilégiant l’attaque sur tout le reste, il donne les clés de l’équipe à Steve qui finit la saison avec des moyennes intéressantes (15.6pts à 48% au shoot, 40% à 3pts, 89.5% aux lancers, 7.4ast) et peu de déchet.

Les Mavs terminent dans le TOP 5 des meilleures équipes aux points par match, à la réussite au tir, aux lancers et aux 3pts. Steve est nommé « Come-back Player of the Year » par le Basketball Digest et s’avère être le catalyseur de l’équipe avec « standing ovations » à l’appui dans la salle de Dallas. En Playoffs, Dallas devient la 6ème équipe de l’Histoire à revenir d’un 0-2 au premier tour contre Utah mais tombe contre les Spurs en 5 matchs secs au tour suivant.

Cet épisode sonnera comme une « vieille rengaine » car Dallas ne parviendra pas à devenir l’équipe de contender rêvée. Les Spurs et les Lakers dominent avec respectivement Tim Duncan et Shaquille O’Neal, il faut à chaque fois que Cuban fasse des moves pour tenter de répondre à ces problématiques, en vain.  En 2001/02, Nelson met en place un trade : LaFrentz, Van Exel, TAW et Avery Johnson arrivent à Dallas et l’équipe termine avec 57 victoires cette saison, portée par Steve toujours plus affuté (17.9pts à 48% au shoot, 45% à 3pts, 88.7% aux lancers et 7.7ast). Il prend le leadership en playoffs (19.4pts, 8.8ast) mais c’est au tour des Kings de C-Webb, Stojakovic et consort de sortir les Texans en 5 matchs.

Nash participera à son premier All-Star cette année-là, confirmant son statut croissant de superstar des meneurs et confirmant son leadership, il est même le seul Maverick à jouer les 82 matchs de la saison. La saison 2002/03 promet de meilleurs résultats, Don Nelson fête ses 25 ans de coaching et l’équipe le lui rend bien en ouvrant la saison avec 14 victoires consécutives. C’est une balade de santé : 60-22 au final et les Mavs sont à deux victoires des Finals NBA. Le Trio Nash-Finley-Nowitzki est imparable:

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Ces trois joueurs compilent plus de 60pts par match de moyenne, Steve réalise un record de franchise en convertissant 49 lancers-francs consécutifs pour dépasser le légendaire Rolando Blackman. Son association avec Van Exel prend une tournure surprenante en playoffs, ce dernier tourne à 19.5pts et devient un complément parfait sur le backcourt. Dallas se débarrasse difficilement des Blazers au premier tour (7 matchs) puis des Kings (7 matchs) dont un match dantesque en double-prolongation :

C’est seulement la 2nde fois de leur histoire que les Mavs atteignent les Finales de Conférence.  Il n’y avait par contre, pas grand chose à faire contre les Spurs cette année-là, dont la raquette et la défense a raison du Run&Gun de Dallas pour battre de très piteux Nets en Finals. Nash pense toucher la consécration la saison suivante, monumentale erreur, avec une sortie au premier tour contre les Kings, une défense cataclysmique ayant eu raison des texans.

Cuban avait pourtant recruté (Jamison, Fortson, Welsh puis Walker et Delk…) et la légère chute statistique de Nash montre que le Team-build prenait plus de temps que prévu. Il n’y a que quatre équipes à cette époque qui ont enchainé 4 saisons à plus de 50 victoires et les Mavericks en font partie, en sécurisant un impressionnant 36-5 à domicile. Déçu, Nash entre dans sa dernière année de contrat (2004/05) en mettant la focale sur le passing (8.8ast et toujours moins de 3TO), il est adulé et aimé dans toute la ligue, il fera même la All-Interview First Team.


ARIZONA DREAM

A ce moment-là, les Suns cherchent un meneur vétéran pour guider leur impressionnante équipe montée avec Amar’e Stoudemire, Shawn Marion, Joe Johnson et Quentin Richardson. Steve semble être le chainon manquant dans cet arsenal pour distribuer le jeu et Phoenix signe le canadien free-agent pour 6 ans et 65 millions de $, une offre que les Mavs choisissent de ne pas matcher alors que des négociations de contrat à long-terme étaient dans les tuyaux avec Mark Cuban. Rétrospectivement, ce fût la meilleure décision de Nash qui gagnera deux titres de MVP, Cuban aura un mot à son endroit en 2006 :

M.Cuban : Vous savez, j’adore Steve, c’est un gars génial. Mais pourquoi ne pouvait-il pas jouer à ce niveau de MVP pour nous???

nash_0506mvp_indexC’est sous la houlette de Mike D’Antoni que Steve Nash va connaitre un épanouissement total. Il intègre une équipe jeune composée de gros shooteurs longue distance et de super-athlète ultra-explosives adorant le jeu up-tempo. Il prend le rôle de leader vétéran alors qu’il devient papa de deux jumelles en automne. Les Suns jouent à toute vitesse (110pts par match, PACE numéro 1) et possèdent un Steve Nash qui termine la saison en double-double de moyenne avec 15.5pts (43.1% à 3pts), 11.5 passes décisives pour un bilan final de 62-20, première équipe de la Conférence Ouest (avantage du terrain durant toutes les P.O).

Tous les superlatifs sont bons, à l’époque, pour décrire le jeu des hommes de Mike D’Antoni : le Showtime de Magic Johnson réinventé, le Run&Gun efficace etc… Nash shoote pour la première fois à plus de 50% de réussite en saison (50.2%) et réalise son premier triple-double en carrière en mars contre les Sixers d’Iverson (12pts, 13rbds, 12ast). Il apparait dans les discussions au titre de MVP, même si le consensus voit Shaquille O’Neal bien au-dessus (nous en faisions partie). Cependant, la première place des Suns, l’impact de Nash sur l’équipe et une NBA aimant les stars « impeccables » en terme d’image plus tard, c’est bien le canadien qui gagne le précieux trophée.

Il suffit à présent de convertir ce trophée en titre NBA. Un sweep des Grizzlies au premier tour, le temps d’affronter les Mavs arrive. Dans le match 3, il réalise une grosse perf’ (27pts-17ast) et explose totalement deux soirs plus tard en enquillant 48pts :

Il enregistre encore un triple-double au match 5 et manque un second TD consécutif au match suivant d’un rebond pour conclure la série 4-2 contre ses anciens coéquipiers. Il enlève tous les doutes apparus sur son titre de MVP à cette occasion. La défense permettant de gagner des titres, les Suns perdront contre les Spurs en Finales de Conférence, étouffés malgré les stats de Nash (23.2pts, 10.2ast). Le principal est acté : les Suns sont un sérieux prétendant au titre et possèdent un MVP qui distrait le public avec un basket champagne.

On prépare la saison 2005/06 dans cette optique dans l’Arizona, Kurt Thomas est recruté pour renforcer la raquette et donner plus d’équilibre à l’équipe. Steve, lui, règne dans son fief NBA et s’arroge même un second titre de MVP consécutif! Il n’y a que 10 joueurs dans l’Histoire de la NBA à avoir gagner la récompense en back-to-back et c’est le seul qui mesure moins d’1m98. Ses stats parlent pour lui : 18.8pts (51.2% de réussite, 43.9% à 3pts, 92.1% aux lancers-francs), 4.2rbds, 10.5ast en 79 matchs. Phoenix doit faire sans Stoudemire (touché sérieusement au genou) et Nash porte l’équipe sur ses épaules, élu titulaire au All-Star Game.

En playoffs, les Suns remontent un déficit de 3 défaites à 1 victoire contre les Lakers pour gagner en 7 matchs puis se débarrassent des Clippers en 7 matchs également avant d’affronter les Mavs et de perdre en Finales de Conférence. Steve est exemplaire (20.4pts à 51.2%, 91.2% aux lancers), 10.2ast. La patience du canadien est mise à rude épreuve, il sent qu’il touche au but et met les bouchées double pour la saison 2006/07.

Pour la troisième saison consécutive, il termine en double-double de moyenne (18.6pts à 53%, 11.6ast), c’est le premier joueur depuis Magic Johnson (1990/91) à dépasser les 18pts-11ast de moyenne sur une saison régulière complète. Il intègre évidemment la All-NBA First Team avec Stoudemire, soit le premier duo à l’intégrer depuis Kobe et Shaq en 2003/04. A titre individuel, Nash manque de très peu un troisième titre de MVP consécutif au profit de son ancien coéquipier, Dirk Nowitzki. Le duo de Suns doit aller en Finals, les Lakers sont dégagés en 5 matchs puis les Spurs déclenchent une des séries de playoffs les plus mémorables, malgré la défaite en 6 rencontres.

Steve excelle au passing (18.9pts, 13.3ast) mais le jeu basé sur la défense lourde des Spurs et le demi-terrain rend les choses compliquées. Stoudemire parlera de « dirty players » en visant Bruce Bowen et Manu Ginobili, la tension est palpable en dehors et sur le terrain. Alors que la série est presque à égalité (2-2), Robert Horry réalise un geste atroce pour sortir les Suns de cette série, inutile et dangereux dans un match 4 perdu (voir à partir de 45 secondes) :

Les conséquences sont encore plus funestes que prévues: Stoudemire et Diaw ont quitté le banc durant ce moment un peu fou, le moment choisi par Stu Jackson pour faire un « exemple » et suspendre les deux joueurs pour le match 5 décisif suivant….une décision inqualifiable de bêtise puisque les Suns sont amputés d’un All-Star tandis que San Antonio joue sans un vétéran dispensable pendant deux matchs. La série est pliée en 7 matchs. Steve est trop dégoûté pour commenter cette polémique. Un mot de Horry?

R.Horry : Vous savez quoi? Si je devais revivre cette situation à nouveau, je referai tout exactement de la même façon. C’est comme ça que j’ai été programmé. On va dans leur camp et on leur fait une grosse faute. J’aurais peut-être aimé ne pas être aussi proche de la table de marque. Mais je suis un gars old-schoold, je fais des fautes.


PHOENIX GENMA KEN

Le niveau de la Conférence Ouest est alors à son paroxysme. La saison 2007/08 voit les Suns atteindre les 55 victoires pour seulement la 6ème place! Nash continue d’enquiller et de jouer son jeu efficace, il rentre encore dans le sacro-saint 50-40-90 (50.4% de réussite, 47% à 3pts, 90.6% aux lancers) avec un double-double de moyenne (16.9pts, 11.1ast), logiquement élu All-Star pour la sixième année consécutive. Un documentaire revient sur Steve Nash avec des propos intéressants :

Son malheur n’arrive malheureusement que lorsque la saison est terminé et qu’il faut aller chercher le titre. Les Suns tentent tant bien que mal de l’entourer en recrutant un supporting cast de qualité, c’est le cas du trade de mi-saison envoyant Marion au Heat contre le quadruple champion Shaquille O’Neal. Une goutte d’eau dans l’océan, le Shaq est désormais vieillissant et pour la troisième fois en quatre ans, les Suns sont sortis par les Spurs. Steve commet l’irréparable dans les dernières minutes du Game 5 en perdant le ballon par deux fois (4.4TO de moyenne) :

Les années se suivent et se ressemblent, il ne le sait pas mais seulement trois années lui permettront de tenter d’accrocher une bannière à son palmarès. Il impressionne par sa régularité puisque la saison 2008/09 ne déroge pas à la règle du double-double de moyenne (16.8pts, 10.4ast) et toujours dans le club des 50-40-90. Il va connaitre des stats pareils 8 saisons consécutives, toutes aux Suns. Il y a du changement, d’ailleurs, à Phoenix puisque D’Antoni est remplacé par Terry Porter, un coach plus porté sur la défense, limogé en février devant l’inefficacité de son plan de jeu. Les Suns ne sont pas en playoffs, une première depuis le retour du canadien dans l’Arizona.

Phoenix manque la post-saison avec un bilan de 56.1% de victoires juste derrière Utah. On pense à un ultime espoir durant la saison 2009/10, quand l’équipe remporte les 9 premiers matchs (record de franchise depuis 1980/81) avec un Steve Nash qui distille par deux fois plus de 20 passes décisives. En janvier, il est meneur titulaire au All-Star Game et réalise une de ses meilleures saisons statistique à 35 ans (18pts à 50.7%/42%/93.8%; 12.1 assists), permettant à son équipe d’être la meilleure attaque de la ligue.

Grant Hill et J-Rich en soutien, les Suns passent le premier tour et sweepent les Spurs au second! Cependant, en Finales de Conférence, ce sont les Lakers. Ron Artest crucifie les derniers espoirs de Phoenix dans le match 5 alors que Steve venait de compiler 29pts-11ast :

S.Nash : Peut-être que nous méritions le match, peut-être que non. En tout cas, nous allons jouer de la même façon et on les battra chez eux en match 7

Un espoir tué par les 37pts de Kobe Bryant dans le match 6, concluant la série. La fenêtre de possibilité d’une bague de champion se ferme assez rapidement pour Steve, qui voit son équipe commencer un processus de reconstruction. Deux changements majeurs sont opérés au début de la saison 2010/11, Stoudemire est envoyé aux Knicks avec Barbosa contre Turkoglu, Childress et Warrick puis Vince Carter ainsi que Gortat et Mike Pietrus rejoignent l’équipe contre Turkoglu, J-Rich et Earl Clark; Goran Dragic est envoyé aux Rockets. Ce nouveau roster peine à atteindre les 50% de réussite, une élimination programmée des playoffs.

A l’âge de 36 puis 37 ans, Steve Nash ne joue plus pour gagner un titre, il termine son contrat en réalisant deux saisons très solides: 14.7 pts, 11.4ast en 2010/11, 12.5pts à 53.2%, 10.5ast en 2011/12. Lors de la saison 2011/12, il gagne une huitième place au All-Star et passe Oscar Robertson dans le classement des meilleurs passeurs de l’histoire.


L.A PETITE PORTE

Le 11 juillet 2012, les Lakers acquièrent Nash dans un sign-and-trade avec Phoenix. Le canadien préfère retourner en Californie pour sa famille, il n’attend plus grand chose de la NBA à bientôt 38 ans et prend le numéro 10 en l’honneur de ses idoles en foot (Hoddle, Zidane and co). Sa 17ème saison NBA se focalise sur des problèmes de santé : son dos l’empêche de jouer plus de 50 matchs, il souffrira en 2012/13 d’une fracture à la jambe gauche pour couronner le tout.

Steve devient pourtant le 5ème meilleur passeur de l’Histoire de la NBA l’année suivante. La venue de Mike D’Antoni promettait un revival des années Suns, ce maigre espoir fut tué dans l’œuf assez rapidement. On attendait énormément d’une relation avec un vrai pivot, Dwight Howard, avec en lien offensif, Kobe Bryant. Cet axe PG-C n’a jamais trouvé preneur, Nash passant plus de temps à l’infirmerie que sur le parquet touché de partout : jambe, hanche, dos…  Son calvaire est ininterrompu durant la saison 2013/14, connaissant des problèmes nerveux dans sa jambe. Le 7 février il fête ses 40 ans en scorant 19pts contre les Sixers et le 13 mars, il est annoncé out jusqu’à la fin de la saison.

Conscient que son corps l’a lâché, il affirme publiquement que la saison 2014/15 serait sa dernière. Touché au dos en pré-saison, il aggrave la blessure en portant des bagages. Les médecins n’ont qu’un pronostic pour lui : il ne rejouera plus de la saison.

S.Nash : Ma priorité cette année, c’est de faire une apparition sur le parquet. Je suis vraiment déçu de ne pas pouvoir le faire, j’ai travaillé dur pour rester en forme mais j’ai des rechutes assez vertigineuses. Je continuerai à supporter mes coéquipiers durant cette période de repos.

Pour mieux vous replonger dans ces dernières années galères, Grantland a réalisé plusieurs vidéos (5) pour suivre Nash dans sa réhabilitation :


UN GÉNIE DE LA PASSE

En conclusion, Steve Nash pourrait très bien être résumé par le mot « Passing ». Il a toujours privilégié le sens de la passe et l’altruisme à d’autres formes de jeu, et c’est aussi son gros défaut en défense qui l’aura empêcher de récupérer la récompense ultime du titre. Il a prouvé par son talent que le Run&Gun ne peut gagner sans défense, et son style virevoltant a donné des ailes à de nombreux meneurs qui trouvent la parade par des pénétrations et des dribbles incessants, comme lui, dont les flotteurs ont alimenté de magnifiques pourcentages de réussite.

C’était un All-Star, un grand compétiteur qui servait une image parfaite de sa personne. Sans oublier le fait, comme toutes ces stars, qu’il est un travailleur acharné. Dans le jeu, c’était LE meneur par excellence de la contre-attaque. Il apparait simplement dommage d’avoir certainement tiré sur la corde, son manque de vaillance musculaire aura eu raison de lui, malheureusement. Plus encore que ses qualités de basketteur, il fait partie de ces stars que tout le monde aime, de la ligue en passant par les autres joueurs et les fans.

Il avait également un sérieux penchant pour les œuvres de charité et faisait passer des messages à travers ses sponsors, obligés de se conformer à plusieurs de ses propres exigences en matière d’environnement par exemple. Enfin, l’Homme rejoint le basketteur dans tous les superlatifs, ses petites scènettes d’autodérision montrent à quel point il peut garder les pieds sur terre. Le mot de la fin pour Scott Skiles:

Nash peut vous planter 30pts sur la tête mais ce sont ses 14 passes décisives qui vous tueront


PALMARÈS ET CHIFFRES

  • Record NBA avec 4 saisons aux pourcentages dans le club des 50-40-90
  • 3ème meilleur passeur All-Time avec 10.335 assists derrière J-Kidd et John Stockton
  • 2 titres de MVP (2005, 2006)
  • 8 nominations au All-Star Game
  • 2 trophées All-Star du Skills Challenge
  • 7 sélections en All NBA Teams
  • 5 fois leader aux Assists en saison régulière en moyenne (6 fois au total des assists)
  • Meilleur pourcentage aux lancers-francs de l’Histoire de la NBA (90.42%)
  • Stats de saison régulière en carrière : 14.3pts (49%/42%/90%), 8.5ast pour 2.9To
  • Stats de playoffs en carrière : 17.3pts (47.3%/40.6%/90%), 8.8ast pour 3.2To

Ecrit par:

N.K

1 commentaire

  1. cédos -  4 avril 2015 - 16:49

    pas fan du joueur vu que je suis un Laker mais qd même respect pour lui.
    l’exploit des JO 2000 – sa régularité sur 10 ans – ses relations avec ses co-équipiers à Dallas ou Phoenix – son exemplarité – Stu Jackson lui doit 1 finale NBA (ya mm pas eu contact entre sprus et susns après la faute – quelle arnaque) et sa défense pas terrible. il était plus rapide avec le ballon que sans.
    un grand joueur

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