Existe-t-il encore des joueurs physiques en NBA?

Formulation un brin polémique pour un constat : la NBA perd dans cette ère moderne un certain charme, celui lié directement à la défense, au jeu plus physique et intéressant du basket. Les esthètes n’en seront pas pour leur compte et pourtant, les plus grandes légendes ont évolué dans cet environnement. Aujourd’hui, des règles très strictes pour empêcher les défenses pot-de-colle et divers assouplissements pour favoriser le jeu offensif ont peut-être tué ce qu’on appelait « la bataille » dans la raquette.

Défendre, c’est apprendre à contourner les règles

Depuis l’avènement de la génération dorée de la Draft 2003, c’est sous la houlette de D-Wade et James que les star-call et autres fautes sifflées aux défenseurs (sans réduire la distance face à l’attaquant), sont apparus; et paradoxalement, ces dernières saisons sont loin de faire partie des plus prolifiques en nombre de fautes personnelles. C’est simple, en agglomérant une simple statistique, c’est édifiant: prenons le nombre de fautes par an et par équipe depuis 2002/03, le TOP 20 ne contient aucune équipe sur les 7-8 dernières années!

La première équipe proche de cette saison 2014/15 à réaliser un grand nombre de faute, ce sont les Nuggets (47ème) de 2013/14 avec 1890 fautes réalisées, loin des 2189 du Jazz en 2004/05. Fait à noter, le Jazz truste sous le coaching de Jerry Sloan 3 des 5 plus grandes perf’ dans le domaine avec des bilans contrastés, dont un 51-31 en 2006/07.

Déjà, en 1984, sur CBS, on posait la question : « A quelle point la NBA est-elle une ligue « physique »? « 

Ne nous méprenons pas: il existe encore des joueurs physiques, il faut juste regarder de l’autre côté du terrain pour les trouver. Les « attaquants » ont la part belle à cette évolution, le plus emblématique d’entre eux n’est autre que Lebron James, physiquement une sorte de Shaquille O’Neal des ailiers. Monstre de puissance, Lebron a mis du temps à acquérir un shoot potable et consistant, son début de carrière reposait entièrement sur sa propension à imposer son physique sur ses adversaires (quand il ne floppait pas). Un vétéran a récemment fait part de ses pensées sur le sujet, c’est Paul Pierce.

L’ancien Celtic’ cite les 5 joueurs les plus dur à affronter, dans l’ordre : Bryant – McGrady – Carter – Lebron – Carmelo. Jamaal Crawford le rejoint dans son jugement:

Bryant a été le joueur le plus dur à défendre tout au long de ma carrière et de loin.

Paul Pierce enchaine:

Aujourd’hui, la NBA est trustée par les meneurs de jeu. Il y a 5-6 ans, certains des plus talentueux joueurs physiques de l’Histoire de la ligue devaient me défendre et moi eux. Kobe Bryant a la mentalité d’un Serial-Killer, il viendra vous chercher de toutes les manières possibles et il ne s’arrêtera pas. C’est son modo, son instinct de tueur qui le sépare de tous les autres joueurs car une fois que Kobe sait qu’il vous domine, il vous écrase. Sa détermination n’a d’égal que celle de Jordan à l’époque; un jour, il a même tenté 47 shots sur ma pomme, je n’avais jamais vu cela!

Rares sont les joueurs qui appliquent ce type de détermination en défense de nos jours. Cela fait un peu « vintage » ou « vieux con » mais les années 90 nous ont servi les duels les plus riches autant offensivement que défensivement. Quelques fossiles dans cette ligue n’ont pas oublié ce que voulait dire « imposer une défense et jouer dur », l’exemple a été fait par Zach Randolph. Dans une scène surréaliste, lui et Kendrick Perkins (alors au Thunder) vont discuter avec l’arbitre pour mettre une chose au point: ils veulent jouer dur l’un contre l’autre, le contact, c’est leur jeu:

On sent une sorte de chevalerie, de noblesse dans ce combat et c’est tout à leur honneur.


Les Feuds disparaissent…?

Toujours dans le champ sémantique propre au « vieux con », il nous faut parler des « Feuds ». Les fans de Catch connaissent bien ce terme, il désigne les foires d’empoigne entre personnalités, ces rivalités entre grands joueurs, c’était le cas par exemple entre Kobe Bryant et le Shaq, ou Michael Jordan et Isiah Thomas…Certaines équipes ont même, par le passé, connu une retentissante notoriété en s’appuyant sur une mentalité très spécifique : énerver son adversaire. Il fallait donc jouer très physique, voire même réaliser quelques coups bas ou de vieux briscard, nous parlons évidemment des Bad Boys de Detroit:

Revoir de telles scènes de pugilat est simplement illusoire – tant mieux – cependant, c’était bien dans une défense compacte et dur sur l’Homme, menée par Laimbeer, que ces Pistons ont fait fureur. Actuellement, on assiste plus souvent à des bisbilles entre propriétaires et joueurs (Dan Gilbert des Cavs et Lebron) et autres altercations très mineurs qu’autre chose. Pourtant, dans ce sport très compétitif, Joakim Noah sort son épingle du jeu, regardez-le à l’œuvre pour sortir James de ses gonds, à le traiter de « Pussy » à tout-va:

Le français a d’ailleurs un long historique avec James, il le traitait déjà de noms d’oiseaux depuis plusieurs années. Et voici précisément le cœur du sujet: le jeu sur le terrain permet autant que faire se peut, un certain Trashtalk entre les joueurs, cette bataille des égos et des fiertés que se livrent quelques NBAers en étant très vocaux les uns envers les autres. Quelque part, ces attitudes rendent les athlètes lissent plus proches de leurs semblables, preuve que l’empathie des spectateurs varie encore plus avec la personnalité des acteurs sur le terrain que leurs performances intrinsèques. C’est ainsi que Rasheed Wallace reçoit toujours un capital sympathie énorme des Fans NBA de la première heure.

Le jeu physique en NBA, plus encore que des règles ou des histoires de « basketballistiquement-correct », c’est l’âme et l’engagement pur de ces sportifs sur le terrain. Les plongeons pour récupérer la balle, la lutte âpre au rebond, le mind-game constant entre attaquants et défenseurs, ce sont des signes extérieurs de « richesse » au sens immatériel du terme, pour la NBA. S’en priver, c’est donner aux fans un spectacle en manque de charme véritable. Adam Silver ne pourra rien contre l’humanité qui guide, parfois, ces joueurs, de la connerie au génie, où il n’y a effectivement qu’un pas et certains comme Charles Oakley nous l’ont prouvé, rendant sa prestation au comble du grotesque:

Ecrit par:

N.K

1 commentaire

  1. Ben -  14 avril 2015 - 11:21

    Il est clair que tout est fait pour favoriser l’attaque et ça ne met pas en valeur les défenseurs. Et surtout l’aseptisation de la league a mis à mal ces batailles qu’on pouvait voir notamment dans les années 90 voire début des années 2000. Les confrontations Heat-Knicks en playoffs avaient une intensité défensive qu’on ne retrouve plus. Marquer un panier devenait un vrai exploit et c’était pas ennuyeux ou moche à regarder, bien au contraire. Ca manque ces empoignades et ces vrais rivalités qui parfois allaient un peu loin mais ça faisait partie du folklore.

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