Kobe Bryant – Le Black Mamba (Part 2)

LE COWBOY SOLITAIRE

Les choses vont passablement se dégrader pour Kobe durant l’été 2003 avec la fameuse affaire du Colorado.

Lui qui était d’une exemplarité hors-pair dans sa vie privée, avec une image très peu écornée hormis par son égoïsme sur les parquets, il va devoir affronter sa plus grande épreuve. Il est accusé d’agression sexuel par une jeune fille de 19 ans dans le Colorado. Il était à ce moment-là dans une clinique en attente de se faire opérer au genou droit (arthroscopie), sans en avoir piper mot aux Lakers. Il avouera une relation sexuelle consentante, faisant les choux gras de la presse people notamment. Son image en prend un sérieux coup, il n’y aura pas de jugement car la défense détruit le témoignage de la jeune fille, un arrangement financier au civil sera entériné après de sérieuses joutes oratoires. Son mariage, par contre, est gravement mis en péril par ces révélations.

Los Angeles Lakers basketball star Kobe Bryant (R) cries as he admits to adultery in front of his wife Vanessa, in response to today's news that Eagle County District Attorneys would press charges against him for one felony count of sexual assault, at a press conference in Los Angeles, July 18, 2003. Bryant was charged Friday with raping a 19-year-old hotel concierge at a Colorado mountain resort, in a case that has stunned fans and threatened to derail one of the most sensational careers in professional sports. REUTERS/Lucy Nicholson (UNITED STATES) Pictures of the Year 2003 SEE ALSO GM1E5A10PK701 LN/SV/AA - RTRMJ78

Cet évènement tombe très mal: Kobe a signé un contrat de 136M$ sur 6 ans avec les Lakers puis un contrat de 45M$ avec Nike, en plus de ses sponsoring avec Sprite et Spalding. L’affaire finira par s’estomper, les Lakers se focalisant sur le sportif en recrutant Karl Malone et Gary Payton pour chercher un nouveau titre. Mais une chose reste certaine: Kobe va dès lors devenir encore plus obsédé par le basket, encore plus féroce avec ses coéquipiers et adversaires.

La saison 2003/04 débute sur les chapeaux de roue – en dépit d’un état de forme peu glorieux de Kobe – et l’effectif nouvellement formé remporte 20 de ses 25 premiers matchs puis 14 de leurs 17 dernières rencontres. Le titre de la Division Pacifique est dans leur poche grâce à un dernier match contre Portland qui se termine en double OT: un tir de l’égalisation et un tir de la gagne pour le Black Mamba:




Sa saison offensive a pris un coup de l’été mouvementé et des aller-retour au Colorado, il ne tourne qu’à 24pts par match, pour 43% de réussite, 5.5rbds, 5.1ast et 1.7st. A sa décharge, il doit aussi partager le ballon avec Malone et Payton, deux joueurs qui ont l’habitude d’être au premier plan et qui acceptent de s’éclipser quelque peu pour un titre. Pour cela, il faut défaire les Rockets (4-1), les Spurs (4-2) avec le tir à 0.4sec de Derek Fisher et surtout les Wolves (4-2) survitaminés dont Kareem Rush détruit les rêves de Finals. Un parcours du combattant pour aller défier les Detroit Pistons de Larry Brown tous droit revenus au temps des Bad Boys.

Les Lakers remportent un match grâce à Larry Brown qui décide de ne pas faire faute sur cette dernière action:




Le reste de la série est dans les bras de Detroit, infiniment supérieur en matière d’exécution collective et défensive, annihilant tous les efforts du Shaq en le prenant en tenaille avec le duo Rasheed et Ben Wallace. Les trois matchs suivant sont remportés, Payton et Malone peuvent dire adieu à leur bague. C’est la deuxième année consécutive que les Lakers échouent de peu à ramener un titre, et Kobe commence à perdre patience, à en vouloir à Phil Jackson et surtout au Shaq. Il veut être le patron de l’équipe, il a déjà la confiance du propriétaire et du GM qui voient en lui le futur de la franchise. Ce dernier échec précipite les choses: Shaquille O’Neal est envoyé au Heat en échange de Lamar Odom, Caron Butler et Brian Grant.

Ayant une équipe de dévots à ses pieds, Kobe va passer la quatrième vitesse pour devenir l’Alpha et l’Oméga des Lakers. Les médias ne demandent que cela, et attendent avec impatience les retrouvailles avec le Shaq dont la langue s’est plusieurs fois déliée concernant le mépris mutuel que les deux joueurs se vouaient. L’histoire donnera raison au Big Daddy puisque les Lakers n’atteignent pas la barre des 50% en cette saison 2004/05 mais Kobe, lui, plante 27.6pts par match (43%) et 5.9rbds, 6ast, 1.3st. Des performances dans le vide, où il reste la tête dans le guidon à faire ce qu’il fait de mieux, scorer. Lors du traditionnel match de Noël, Kobe et Shaq se retrouvent. Le premier a beau planté 42pts, le Heat remporte le match en prolongation, tout un symbole, la saison finissant avec 48 défaites au compteur.

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Un mot de Phil Jackson dans son ouvrage « Onze titres NBA » sur ces choix:

Lorsque j’ai appris par des bruits de couloir que j’allais être éjecté, j’ai appelé Mitch [Kupchak] et lui ai dit que selon moi, le Dr Buss et lui commettaient une grave erreur. Je leur conseillais de poursuivre avec Shaq parce que Kobe était ingérable et j’ai ajouté « Tu peux répéter ça au propriétaire ».

Plus tard, sur Kobe Bryant et le triangle:

Quand il fit sienne l’attaque en triangle, Jordan sut instinctivement comment mettre les joueurs en place pour la faire fonctionner. Kobe avait un long chemin à parcourir avant de pouvoir formuler cette exigence. Il parlait un bon basket mais devait encore ressentir la froide vérité du leadership imprégner tout son être. Cela commencerait bientôt à changer.

C’est un cycle allant de la saison 2004/05 à 2006/07 incluse, où les coéquipiers de Bryant formeront un splendide supporting cast pour son One man show. On aura droit à du Chucky Atkins, Brian Cook, Devean George, Sasha Vujacic, Kwame Brown, Smush Parker, Aaron McKie, Von Wafer, Ronny Turiaf, Radmanovic, Medvedenko……On rappelle souvent les mots de Bryant à Smush Parker cette année-là, quand le jeune meneur vient pour discuter avec lui:

S.Parker: J’ai essayé de discuter un jour avec lui à l’entrainement, pour parler de football. Il m’a regardé, froid et sérieux pour me dire: « Tu n’as pas le droit de m’adresser la parole. Tu as besoin de te faire un palmarès avant de venir me dire quelque chose

Kobe Bryant était l’empereur, décisionnaire, discrétionnaire, et d’une exigence absolue. Cependant, on ne saura jamais le répéter assez: le basket est un sport collectif. Une couleuvre difficile à avaler pour le meilleur scoreur individuel, capable par exemple, contre Dallas de planter 62pts en seulement trois quart-temps:




Être fan des Lakers, durant cette période de purge, c’était accepter de voir un concerto de soliste tout en s’asseyant cordialement sur toute construction logique et pertinente de moyen-terme. Les Lakers n’ont pas d’avenir, même à court-terme, même si Phil Jackson annonce son retour en 2005/06 pour tenter de concilier le tandem Bryant-Odom sur le modèle Jordan-Pippen, idée tout à fait louable au demeurant. Il avait, pour l’anecdote, dit de Kobe qu’il était « incoachable » après son départ des Lakers, la situation est toujours délicieuse rétrospectivement parlant.

Cependant, deux joueurs ne font pas un effectif. Kobe Bryant s’en donne à cœur joie offensivement parlant: 35.4pts de moyenne à 45%, 5.3rbds, 4.5ast, 1.8st et plus fou, il rentre 12 tirs par match pour 27 tentés. Kobe va marquer l’histoire durant la saison 2005/06 lors d’une rencontre anodine contre les Toronto Raptors. Il va tutoyer le record mythique de Wilt Chamberlain en enquillant 81pts à 28/46 au shoot (60%), 18/20 aux lancers-francs, 6rbds, 2ast, 3st, 3to et un contre en 42 minutes:




Il réalise là son plein potentiel de scoreur, il est peu probable qu’un tel chiffre soit à nouveau atteint, la légende Kobe Bryant continue donc de s’écrire en grosses lettres alors que le destin de l’équipe s’étiole. Phil Jackson aura tout de même le mérite d’arriver à trouver des relais en Odom, Brown et même Smush Parker, menant les Lakers à un honorable 45-37, ahurissant vu le roster en place. L.A rencontre les Suns au premier tour où Raja Bell attend impatiemment son meilleur ennemi. La défaite est logiquement au bout du tunnel.

On passe rapidement sur les divers honneurs (All-Star, All-NBA First Team…) que Kobe engrange au fur et à mesure des années car la saison 2006/07 est une copie carbone de la précédente, Bryant engrangeant sa deuxième meilleure moyenne en carrière en attaque (31.6pts à 46%, 5.7rbds, 5.4ast, 1.4st). Il mène l’équipe aux points et aux passes décisives, il n’y a qu’Odom pour venir choper les rebonds en étant très constant. En février, une rumeur annonce la venue de Jason Kidd au club mais on demande Andrew Bynum en échange, un jeune pivot doté de mains extraordinaires et d’une grande puissance, rappelant le Shaq au management. Deal avorté, le GM Mitch Kupchak voit en son trio Bryant-Odom-Bynum le futur de la franchise. Kobe décide aussi de changer de numéro et passe de son historique numéro 8 – qu’il avait trouvé en compilant le chiffre 143 qu’il portait au camp Adidas avant de passer Pro – au 24.

LOS ANGELES, CA - NOVEMBER 3: Ronny Turiaf #21 of the Los Angeles Lakers encourages his teammates Lamar Odom #7, Andrew Bynum #17 and Kobe Bryant #24 before they enter the game against the Seattle Supersonics on November 3, 2006 at Staples Center in Los Angeles, California. NOTE TO USER: User expressly acknowledges and agrees that, by downloading and/or using this Photograph, user is consenting to the terms and conditions of the Getty Images License Agreement. Mandatory Copyright Notice: Copyright 2006 NBAE (Photo by Noah Graham/NBAE via Getty Images) *** Local Caption *** Ronny Turiaf;Lamar Odom;Andrew Bynum;Kobe Bryant

A titre individuel, Kobe marque encore de son empreinte la saison, cette fois au All-Star Game, où il défie un jeune prodige, Lebron James, et remporte son challenge en étant nommé MVP (31pts, 6ast, 6st, 5rbds). Un éclair dans un ciel nuageux, les Lakers finissant sur le fil du rasoir (42-40) la saison, le pire record en carrière de Phil Jackson, le tout pour se faire éliminer au premier tour des Playoffs par les Suns, une fois encore. La question se pose alors avec acuité: Bryant se satisfait-il de ses performances individuelles/individualistes? Il marque 65pts contre les Blazers, il enquille 50 dans la musette des Wolves ou encore 60pts dans la défense des Grizzlies. C’est fort, le seul Laker à scorer plus de 50pts dans trois matchs consécutifs n’était autre qu’Elgin Baylor en décembre 1962:




Il plante 50pts contre les Hornets, faisant de lui le deuxième joueur de l’Histoire à enregistrer plus de 50pts sur quatre matchs consécutifs, il termine la saison avec 10 matchs à plus de 50pts, encore une fois, seul Chamberlain a fait mieux. Il hérite naturellement de son deuxième titre de meilleur scoreur de la saison régulière.

Son attitude sur le terrain sera décriée de toutes parts, des fans comme des journalistes et observateurs. Kobe ira jusqu’à adopter un comportement délétère au court de la saison, en étant impliqué dans un grand nombre d’incidents avec son coude retrouvant, par maladresse, le visage de ses adversaires. Il sera suspendu pour son geste sur Ginobili, pareil contre Marko Jaric quelques semaines plus tard et même Kyle Korver en fin de saison.

Mais combien de temps va-t-il se satisfaire médiocrement de cet état de fait? C’est le meilleur attaquant de la ligue, tout le monde est forcé de le reconnaitre. Il est déjà triple-champion de NBA, ça aussi, on lui reconnait. A-t-il encore des challenges? Battre les 6 titres de Michael Jordan, son idole, soit. Néanmoins, c’est bien une affaire d’égo qui reste à régler: gagner un titre sans Shaquille O’Neal. Ce dernier ne se prive pas d’affirmer que les titres de L.A, c’est en grande partie grâce à lui – à raison. Des rumeurs de trade parlent d’un Kobe exaspéré par les défaites. Il était temps. Un deal va venir changer la donne: Pau Gasol vient dans la Cité des Anges en échange de Kwame Brown, Javaris Crittenton, Aaron McKie et les droits d’un jeune inconnu, Marc Gasol.

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Le move fait grand bruit, certains coachs comme Popovich n’hésitant pas à parler d’escroquerie car oui, Pau Gasol vaut 20.8pts, 9.8rbds, 3.4ast et 2.1blks la saison précédente, et il vient en tant qu’humble star contre des broutilles. L’avenir de Marc Gasol rendra cet échange bien plus facile à avaler. Au passage, Kobe et Shaq vont officiellement se réconcilier en se serrant la main devant un parterre de journalistes ravis de cette relation amour-haine chez ces deux grands bonhommes.


UN COLLECTIF UNI AUTOUR DE SA STAR

La saison des Lakers 2007/08 reste quelque peu tourmentée par divers clash radiophoniques, certaines affaires/rumeurs qui montrent que Kobe Bryant n’a pas été un ange avec l’organisation de L.A. Il a demandé à être tradé à plusieurs reprises, Phil Jackson le ramenant à la raison, et puis, il se fait enregistrer en certifiant que l’équipe aurait dû trader Bynum pour Kidd. Ouch. Sportivement parlant, Kobe devient à l’époque le plus jeune joueur à atteindre la barre des 20.000pts (Lebron James a cassé ce record depuis), alors qu’il joue blessé. Il est touché à l’auriculaire, plus précisément au ligament mais cela ne l’empêche pas de jouer les 82 matchs de la saison régulière:

Je préfèrerai retarder l’intervention chirurgicale. Ce sera après la saison des Lakers et les Jeux Olympiques, on gère ça au jour le jour en attendant.

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Il n’aura finalement pas d’opération pour la petite histoire. Les Lakers, quant à eux, ont retrouvé de leur superbe en comptant sur un Pau Gasol All-Star (18.9pts, 9.6rbds, 3.5ast) pour épauler un Kobe Bryant qui partage enfin le ballon (28.3pts, 6.3rbds, 5.4ast, 1.8st et un nombre raisonné de tickets shots). L’arrivée de l’espagnol est salvatrice, il a le talent, les fondamentaux et l’intelligence nécessaires pour adopter le triangle, mais surtout, il est Kobe-compatible. Le duo va devenir inséparable, deux travailleurs acharnés, l’un écoutant religieusement les conseils (souvent paternalistes) de Kobe, pour être LE lieutenant idéal.

L’équipe termine avec joli bilan (57-25), son leader, Kobe Bryant, arrivant à maturité pour mener l’escouade en Playoffs. Il aura d’ailleurs les honneurs de son premier titre de MVP de la saison régulière.

Jerry West: Kobe mérite ce trophée, il nous a encore porté avec une fabuleuse saison, ça ne me surprend pas le moins du monde

Preuve de sa maturation en tant que leader, cette anecdote de Phil Jackson:

Kobe a commencé à changer. Il a adopté l’équipe et ses coéquipiers, les appelant quand nous étions en déplacement. Il se connait plus positivement qu’avant. Si Luke [Walton] accusait le coup après trois tirs manqués, Kobe lui disait « Allez mec, ne te soucie pas de cette merde, je rate trois tirs de suite chaque putain de soir. Continue de shooter, le prochain va rentrer » . Quand votre leader vous dit ça au lieu de vous lancer un regard noir, cela rend le tir suivant plus facile à prendre.

Il intègre la All-NBA Team pour la troisième saison d’affilée et la sixième fois de sa carrière, tout en faisant partie de la All-NBA Defensive First Team. Bryant va porter ses guêtres de MVP en Playoffs également. Les Lakers sweepent les Nuggets au premier tour, Kobe ayant à coeur d’intervenir quand il le fallait, scorant par exemple dans le Game 1 18 de ses 32pts dans les 8 dernières minutes du match pour garder son équipe devant. Il score aussi 49pts dans le second match, et termine le boulot dans le Game 4 en claquant 14pts dans 5 dernières minutes. Il joue son meilleur basket, qu’on se le dise!

Le Jazz est l’adversaire suivant, rebelote: 38pts dans le Game 1, 33.5 dans la série pour aller affronter les Spurs en Finales de Conférence, l’ennemi de toujours, qui plie en 5 rencontres seulement. KB24 dégoûte les texans dans le premier match en scorant 25pts dans la seule seconde mi-temps:




Il réitère la perf’ dans le Game 5 en plantant 17pts dans le dernier quart-temps. C’est le leader, celui sur qui reposent tous les espoirs des Angelinos, et il a l’appui d’un supporting cast de qualité avec Odom, Gasol et Bynum notamment. Nous avons alors droit à un remake des plus belles années de la NBA avec l’affrontement des deux franchises les plus capées en titres de champion: Lakers vs Celtics. C’est la cinquième fois que Kobe atteint les Finals, la première sans le Shaq. Il doit s’élever contre le trio de superstars vétérans composé de Paul Pierce, Kevin Garnett et Ray Allen.

Néanmoins, l’échec sera au bout du chemin, en 6 matchs. Kobe aura pourtant essayé, il score 36pts dans le Game 3 pour l’emporter, se concentre comme un forcené sur la défense dans le Game 5 remporté par les Celtics….puis vint le match de la honte, le Game 6, où toute l’équipe a démissionné pour prendre un taquet mémorable (131-92). Il ne faut pas sous-estimer un moment pareil, car il restera dans l’esprit de Kobe, le torturant même durant les J.O de Pékin. Il ira jouer son rôle de leader et de patron avec brio au demeurant, pour cette nouvelle « Dream Team ». Il plantera 13pts dans le dernier quart-temps de la finale contre les espagnols afin de ramener la première médaille d’or depuis 2002 aux États-Unis.




Une victoire qui en appellera une autre, celle du titre de 2008/09. On entend moins parler de Kobe Bryant dans les médias, ce sont ses performances pures, ses intentions nobles et son leadership à la tête de ce collectif dirigé par Phil Jackson qui parlent. Le roster s’annonce solide: Trevor Ariza renforce un 5 majeur inamovible où se côtoient Derek Fisher, Kobe Bryant, Lamar Odom, Pau Gasol et Andrew Bynum. Aucun pépin physique ne vient gâcher une alchimie collective totale, Kobe ne manquera pas un seul match de la saison régulière et gagnera en efficacité (26.8pts à 46%, 5.2rbds, 4.9ast, 1.5st).

Les Lakers enquillent les victoires, Kobe est nommé joueur du mois en décembre et janvier et voilà l’équipe à 65 victoires sur la saison, troisième meilleur record de l’Histoire du club! On verra même le leader engranger ses premiers triple-double depuis 2005 et une perf’ mémorable de 61pts au Madison Square Garden. Nous sommes alors dans une période apaisée, très « Zen », où l’extra-sportif et l’immaturité n’ont plus place. Kobe et Shaq iront partager le titre de co-MVP du All-Star Game et seul Lebron James sera là pour voler le titre de MVP qui tendait les bras à Kobe, qui intègrera cependant la All-Defensive First Team pour la troisième saison d’affilée. Il faut à présent aller quérir ce titre-sans-le-Shaq si précieux.

Le premier tour est assez facile, contre le Jazz. Kobe est TOP scoreur de l’équipe dans les quatre victoires des Lakers. Puis viennent les Rockets de Yao Ming, Aaron Brooks et Ron Artest. Les texans forcent le Game 7 et c’est la défense des Angelinos (89-70) qui étouffe Houston, prouvant s’il le fallait encore, que Bryant est un féroce défenseur, éteignant Brooks. Les Finales de Conférence voient les Lakers affronter les Nuggets, Kobe claque 40pts dès le premier match, il en plante encore 41 dont le tir de la gagne dans le Game 3 pour permettre à son équipe de rouler sur le reste de la série:




On le sent inarrêtable, sa volonté de fer est communicative au sein de l’effectif. Il ne s’agit malheureusement pas de revanche contre les Celtics, c’est le Magic de Dwight Howard, Rashard Lewis, Turkoglu, Alston et Pietrus (oui oui) qui se présente en Finals. Une série que les Lakers de Kobe vont remporter haut la main, en 5 matchs, même si le Magic aurait pu l’emporter par deux fois, Pau Gasol se chargeant d’être décisif dans le Game 2 en OT. Puis c’est Derek Fisher qui envoie les Lakers sur orbite




Kobe Bryant se charge de l’addition, dans le Game 5. Il aura tourné à 32.4pts, 5.6rbds, 7.4ast, 1.4st et se voit logiquement décerner son premier titre de MVP des Finals. C’est le premier joueur de Jerry West en 1969 à tourner à haut moins 32pts-7.4ast de moyenne et le premier depuis Jordan à cumuler 30pts-5rbds-5ast pour un titre. Sa campagne de Playoff est au même niveau (30.2pts à 45%, 5.3rbds, 5.5ast, 1.7st).

Une fois de plus, les dieux du basket lui auront permis d’atteindre un titre (4ème), non sans l’apport de coéquipiers dévoués et d’une grande qualité. Ce faisant, Kobe vient avec la même hargne pour la saison 2009/10 afin de réaliser le back-to-back. Il a beau se fracturer le doigt en décembre, il joue pour la énième fois blessé (73 matchs sur 82), touché également au dos et au genou. Il peut manquer quelques matchs puisque L.A réussi à faire venir Ron Artest, libérant Kobe de sa frénésie défensive quand il le fallait.

Son jeu semble pour le coup arriver à maturation. Il n’en fait plus autant qu’avant en attaque, il décide d’impliquer ses coéquipiers, de passer le ballon, de laisser/déléguer ses responsabilités tout en étant l’élément le plus central du roster. Ses tirs clutchs, ou très compliqués, il continue de les mettre, ça fait alors plus de dix ans qu’il est dans la ligue. Il plante six tirs de la gagne en 2009/10 dont celui-ci sur la tête de Ray Allen:




Et celui-ci contre le Heat:




Il est quatrième meilleur scoreur de la NBA, derrière de jeunes bijoux comme Kevin Durant, ne jouant pas encore le titre. Il reste également solidement ancrée dans la All-NBA First Team et la All-NBA Defensive First Team. Les Lakers terminent à 57-25, premiers de la Conférence Ouest. L.A affronte le Thunder au premier tour et Pau Gasol sauve la série en reprenant le rebond sur un tir manqué de Kobe. La situation est plus facile contre le Jazz en demi, le sweep au bout de la série, le tandem Bryant-Gasol écrase tout sur son passage. Il faut alors affronter les Suns de Nash-Stoudemire-Grant Hill en Finales de conférence. Cette fois, c’est Ron Artest qui sauve la mise à Kobe Bryant.

Par deux fois, lors des moments les plus importants de ces matchs de Playoffs, les coéquipiers de Bryant étaient présents pour convertir son shoot, comme si la main du Black Mamba s’était constituée de ces fringuants lieutenants. Kobe attire à chaque fois la défense, souvent à 2 ou 3 joueurs sur le museau, et ses coéquipiers savent où se placer pour venir être le héros du jour. Quand Ron Artest termine avec un 10/16 au tir, dont 4 tirs à 3pts, c’est que quelque chose de spécial se passe. En fin de compte, Bryant n’est jamais aussi dangereux que lorsque ses soutiens adoptent la détermination qui est la sienne. Bryant claque 37pts dans le Game 6, en route vers les Finals pour retrouver les Celtics, le Game 6 de 2008 est encore dans tous les esprits.

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Sans surprise, la série se joue en 7 matchs. Après cinq rencontres, les Lakers sont menés 3-2 et doivent encore jouer les deux derniers matchs à domicile. Les spectateurs auront droit à une bataille défensive intense où les Lakers sortent gagnants. Le Game 7 est remporté 83-79 par un Bryant en manque au tir (6/24) mais compensant par une agressivité de tous les instants (23pts à 11/15 aux lancers, 15rbds, 4 fautes), scorant 10 de ses 23pts dans le quatrième quart-temps. L.A aura compté jusqu’à 13pts de retard dans le match avant de se réveiller et de jouer dur, Gasol et Artest convertissant les shoots que leur leader continuer de manquer. Comme a pu le faire Fisher dans le Game 3 d’ailleurs, éteignant par la même Ray Allen (0/13).

Le cinquième titre en poche, Kobe Bryant aura réussi son pari. Il est un Franchise-Player, un go-to-guy, terminant cette campagne avec 29.2pts (45%), 6rbds, 5.5ast et 1.3st de moyenne, élu, très logiquement, MVP des Finals pour la deuxième fois de sa carrière.


CATCHING THE LEGEND

Kobe signe avant la campagne de Playoffs 2010 une extension de contrat de 87M$ sur 3 ans. Il lui reste, en mire, le sixième titre le séparant du/de son dieu du basket: Michael Jordan. L’effectif bouge avec les arrivées de Steve Blake et Matt Barnes, Los Angeles remporte les 8 premiers matchs de la saison régulière. Au match suivant, Kobe Bryant devient le plus jeune joueur de l’Histoire à atteindre les 26.000pts puis 27.000 contre les Celtics fin janvier, sans oublier qu’il intègre début février 2011 le club des 7 joueurs compilant 25.000pts, 5000rbds et 5000assists en carrière.

Il trace le sillon de sa mythologie statistique en continuant à tenter au moins 20 shots par match tout en enregistrant sa quatrième saison en carrière avec 82 matchs débutés/joués. Cette régularité, c’est une grande force, il l’entretient par une hygiène de vie d’un professionnalisme rare, irréprochable, nous en parlions. Il sera d’ailleurs présent au All-Star Game 2011, et certainement pas pour plaisanter: 13ème sélection, leader aux votes et 37pts, 14rbds au final, égalant le record de Bob Pettit avec ce quatrième titre de MVP du All-Star.

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Cela fait partie des anecdotes qu’on retiendra concernant Kobe: le basket, au niveau professionnel, ce n’est pas une blague. Ce côté psycho-rigide qui l’habite lui a permis d’être un véritable stakhanoviste en terme de travail personnel, mais aussi, perclus d’une certaine fermeture d’esprit. Son entente avec Bynum a duré car il était entouré d’autres joueurs plus matures, celle avec Dwight Howard, plus tard, sera entachée par une divergence profonde de sérieux dans le même domaine. Il jouera à haut niveau, même à la supercherie de match de basket que forme aujourd’hui le All-Star Game, point final.

Sportivement parlant, l’équipe termine à 57-25, mais voit ses espoirs de titre totalement éradiqués par une équipe plus fournie et qualitativement mûre: les Dallas Mavericks. Les Texans seront champions cette année-là. Kobe n’aura pas brillé (22.8pts, 3.4rbds, 3.3ast) dans cette campagne de Playoffs, les Lakers arrivent très clairement à la fin d’un cycle. Cela est d’autant plus vrai que le Black Mamba se fait rattraper par l’âge. Il va en Allemagne pour suivre un traitement expérimental sur son genou et sa cheville, après que Phil Jackson ait annoncé officiellement sa retraite du coaching. Il est remplacé par un certain Mike Brown, une arrivée aussi surprenante qu’incompatible tant celui-ci n’a pas un jeu taillé pour Bryant et ses coéquipiers.

En effet, l’erreur de casting est totale. Brown vient auréolé de ses années de gestion de Lebron James, la bonne blague. La 16ème saison de Kobe en NBA débute par un lockout, mais surtout par une blessure lancinante au poignet qui ne l’empêchera pas de claquer 48 points contre les Suns début janvier, le plus gros carton offensif d’un joueur ayant passé les 15 années de basket au haut niveau. Son commentaire est plutôt laconique:

Pas mal pour le septième meilleur joueur de la ligue, non?

Il fait référence à un sempiternel classement d’ESPN sur les meilleurs joueurs NBA de l’époque:




Il claquera d’ailleurs une belle série de matchs à plus de 40pts: 40, 42 et 42 pour les trois matchs suivants. Il réalise pour la sixième fois en carrière une de série de 4 matchs ou plus à 40pts ou plus, et seul Chamberlain fait mieux dans l’Histoire de la NBA. Au All-Star Game, il n’a aucun mal à venir surpasser le nombre de points de Michael Jordan en claquant 27pts en dépit d’un nez cassé et d’une commotion suite à une faute de Dwyane Wade. Il termine la saison avec 27.9pts de moyenne, 5.4rbds, 4.6ast, deuxième meilleur scoreur de la ligue et prend sur lui de porter les siens lors de la campagne de Playoffs (41-25, nombre de match faible à cause du lockout).

Les Lakers passent difficilement l’obstacle Nuggets au premier tour (7 matchs quand même) pour s’effondrer face au Thunder de Westbrook/Durant, comme un passage de relai bien marqué. Kobe ne déroge pas à sa réputation, il est au four et au moulin avec 30pts de moyenne, 25 tirs tentés par match, 4.8rbds, 4.3ast, 1.3st, ses vieux démons le rattrapant lorsque le collectif ne parvient pas à faire la différence. Mike Brown n’est pas Phil Jackson, et il le sait. Ce qu’il adorait chez le Maitre Zen, c’est la responsabilisation des joueurs et tout le côté psychologique qui l’en délestait. Là, il doit probablement tout faire dans le vestiaire, rendant encore plus obsessive sa recherche d’un sixième titre. Ce sera pourtant sa dernière campagne de Playoffs en carrière…

Alors le GM va tenter de construire une équipe taillée pour le titre. Les Lakers acquièrent Dwight Howard et un vieillissant Steve Nash pour la saison 2012/13. Mike Brown est rapidement débarqué du paquebot Angelinos (1-4), avant de recevoir l’expérience de….Mike D’Antoni. L.A veut donc jouer avec un pivot star, réinstaller la relation Kobe-Shaq, soit soit….et recrute un coach adepte du Run-n-gun… Le joueur et le coach ont d’ailleurs un passif puisque D’Antoni connaissait Joe Bryant en Italie, le séjour à Team USA l’ayant par la suite rapproché de Kobe.

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L’échec à venir est pourtant palpable, l’équipe terminant à 40-32. Kobe continue d’écrire sa légende statistique, surpassant en novembre Magic Johnson en tant que leader historique des interceptions des Lakers; il devient le plus jeune joueur à casser la barre des 30.000pts en décembre pour rejoindre Chamberlain, Jordan, Abdul-Jabbar et Malone. Son habilité à scorer est définitivement sa marque de fabrique, il enchaine une série de dix matchs à plus de 30pts à 34 ans. D’Antoni choisit d’utiliser Bryant pour ses capacités défensives afin de donner des match-up favorables à Steve Nash (quand il n’est pas à l’infirmerie). Mais Kobe is Kobe, menant la NBA au scoring pour les 42 premiers matchs de la saison. Quelle preuve faut-il encore de la compétence de joueur à marquer? Aucune. Il n’empêche que l’objectif global semble s’éloigner au fur et à mesure que la saison avance, le management se concentrant plus pour gagner quelques matchs que d’avoir une équipe compétitive et complémentaire.

Les Lakers seront en bataille pour la dernière place qualificative des Playoffs, et le nombre de blessure commençant à s’empiler (Gasol, Nash), Kobe joue presque tous les derniers matchs complets soit 48 minutes! Il joue en fait les 7 derniers matchs à cette cadence frénétique dont une victoire mémorable contre les Blazers où il compile 47pts, 8rbds, 5ast, 4blks et 3st.

Le match suivant, il marque 34pts en 44 minutes mais son corps le lâche, il souffre d’une rupture du talon d’Achilles, soit une fin de saison automatique. Le corps n’est pas éternel, tout Kobe Bryant qu’il est, faire jouer un basketteur de 34 ans à un rythme si intense (38.6 minutes par match sur les six dernières années quand même), c’était le condamner à craquer physiquement. Seul Damian Lillard jouait plus sur la même période, ça en dit long. Il ne faut pas en vouloir uniquement au staff, Bryant a insisté pour jouer toutes ces minutes afin d’avoir une chance de jouer en Playoffs, en dépit des avertissements du GM Kupchak, il savait que l’alchimie collective brillait par son absence.

Voici le résultat de l’argumentaire précédent concernant D’Antoni ou Brown. Ils n’ont pas eu les mots suffisants pour calmer un Kobe aux abois, recherchant, quel qu’en soit le prix, la victoire de son équipe. Il n’a plus trois années à gâcher pour jouer le cowboy solitaire, il le sait. Il aura cependant fait tout ce qu’on lui demandait et même plus pour donner une chance à ce bric-à-brac que les Lakers appelait effectif. Il atteint par huit fois la barre des 40pts et dix fois la barre des 10 passes décisives, il termine avec son second plus grand nombre de passes décisives en carrière et son meilleur pourcentage au shoot depuis 2008/09 (27.3pts à 46%, 5.6rbds, 6ast, 1.4st). A 34 ans, répétons-le.


CAN’T STOP, WON’T STOP

Cette lourde blessure au tendon d’Achille signe le début d’une fin de carrière qui oscillera au grès des blessures pour Kobe Bryant. Il n’a pas à rougir, même un phénomène physique comme Karl Malone a pu craquer lors de sa dernière année dans la ligue. Les illusions d’un sixième titre s’envolent mais un autre challenge s’impose au Black Mamba, et il vient de la pression médiatique. Tout le monde le voit raccrocher ses crampons à l’intersaison. Il signe le 25 novembre une extension de contrat de 2 ans et 48.5M$, sorte de cadeau d’adieu des Lakers à un joueur qui leur aura été fidèle comme rares sont les superstars aujourd’hui.

Il deviendra par la suite le premier joueur NBA à avoir jouer 20 ans avec la même franchise, tout en étant le joueur le mieux payé. A savoir qu’il pouvait demander plus, il était éligible à un contrat de 32M$ par an. Honnêtement, vu l’opacité des finances de la NBA et des chiffres ahurissants qu’on peut glaner à droite à gauche, ce n’est pas du vol. Retour au sportif, puisque Kobe pose ses sneakers sur les parquets en décembre après avoir manqué 19 matchs, mais les soucis physiques ne le lâchent pas, il manquera encore six semaines touché au genou droit. Il n’aura donc joué que six matchs tandis que Nash, Blake et Farmar vont le rejoindre à l’infirmerie….

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Les Fans continuent de montrer que le All-Star n’est rien de plus qu’un concours de popularité et envoient Kobe Bryant au match. Celui-ci refuse de participer à ce qui pouvait être son 16ème match des étoiles car il ne le méritait pas. On parle d’hommage, de service rendu vis-à-vis de sa longue et fructueuse carrière mais il n’ira pas, son genou n’est pas guéri. Le 12 mars 2014, les Lakers annoncent que Bryant est out pour le reste de la saison. L’équipe termine à 27-55 et manque les Playoffs pour la première fois depuis 2005. Il s’agit de commencer une reconstruction dans la Cité des Anges mais le peuvent-ils tant que Kobe se sent prêt à défier ses détracteurs? Qu’il peut encore jouer?

Mike D’Antoni fait ses valises pour être remplacé par Byron Scott. Troisième choix, troisième mauvais choix. Mais Kobe Bryant, 36 ans, est proche de l’ancien Lakers et espère finir sur une bonne note, sentant qu’il avait encore du basket à donner. C’est le cas, il enregistre son 20ème triple-double en carrière contre les Raptors (31pts, 11rbds, 12ast) devenant le plus vieux joueur à enregistrer 30pts, 10rbds, 10ast dans un match:




On comprend bien que son objectif est de faire tomber quelques records, d’achever son cursus de 20 ans au sein de la même maison et de s’en aller avec les honneurs. Il profite de sa 19ème saison pour dépasser Michael Jordan au troisième rang de scoreur All-Time, il tourne quand même à 26.4pts par match en 35.4minutes de moyenne sur les 27 premiers matchs de la saison, tentant pas moins de 22.4 shots par match. Son compagnon de fortune, Pau Gasol, ayant fait ses valises, Kobe commence son tutorat de jeunes pousses (Julius Randle, Jeremy Lin, Jordan Clarkson etc.) tandis que le roster ne ressemble pas à grand chose de très compétitif.

Sa détermination reste intacte comme le prouve ce match hallucinant, perdu contre Sacramento et où il termine à 8/30 au shoot pour 9 ballons perdus, on retrouve notre soliste! Il se sent d’attaque, trois matchs à plus de 40 minutes jouées, Byron Scott n’ayant comme ses prédécesseurs à peu près aucune autorité/vision pour ménager la star. Kobe est en roue libre, il partage son expérience, son leadership mais cherche selon ses propres mots à simplement « profiter » du moment présent. Il enregistre son deuxième triple double contre Denver, devenant le troisième joueur de l’histoire à réaliser plusieurs triple-double à 36 ans ou plus. Une dernière blessure l’empêchera de terminer la saison sur les parquets, il finit avec panache en ayant marquer en moyenne 22.3pts mais à son pourcentage le plus risible en carrière (37%), agrémenté de 5.7rbds, 5.6ast et 1.3st.

Dec 22, 2015; Denver, CO, USA; Los Angeles Lakers forward Kobe Bryant (24) waves to the crowd as he exits the floor after the game against the Denver Nuggets at Pepsi Center. The Lakers won 111-107. Mandatory Credit: Chris Humphreys-USA TODAY Sports

Est-ce la fin? Non. Il jouera bel et bien sa 20ème saison sur le calendrier 2015/16. Quelque part, la NBA s’en réjouit et TOUTES les salles, TOUTES les équipes, TOUS les fans sont préparés à dire adieu à Kobe Bryant. Sa dernière saison n’est rien d’autre qu’une immense tournée d’adieux, où il se décale au poste d’ailier. Il surpasse avec cette dernière pige un certain John Stockton (19 ans avec le Jazz) et si l’épopée des Lakers n’intéresse personne – c’en est même ridicule – il est de notoriété commune que le staff attend la retraite de Kobe Bryant pour faire de grands chamboulements. En attendant, on profite des quelques célébrations faites pour dire au revoir à cette légende du scoring, les Sixers montrent l’exemple :




Alors oui, cette dernière saison est une parodie du côté des Lakers. On attend religieusement que Bryant vienne se lever devant les dizaines de caméras prêtes à faire les gros plans adéquats. Mais quitte à ce qu’il faille attendre avant de reconstruire, autant paver la sortie d’un joueur ayant rapporté 5 titres sur les frontons du Staples Center avec les plus belles intentions.


PARTIR LA TETE HAUTE

Il n’annonce que très tardivement (fin novembre 2015) qu’il prendra sa retraite à la fin de la saison, sous la forme d’un poème disponible ici:

Dear Basketball,


From the moment
I started rolling my dad’s tube socks
And shooting imaginary
Game-winning shots
In the Great Western Forum
I knew one thing was real:


I fell in love with you.


A love so deep I gave you my all —
From my mind & body
To my spirit & soul.


As a six-year-old boy
Deeply in love with you
I never saw the end of the tunnel.
I only saw myself
Running out of one.


And so I ran.
I ran up and down every court
After every loose ball for you.
You asked for my hustle
I gave you my heart
Because it came with so much more.


I played through the sweat and hurt
Not because challenge called me
But because YOU called me.
I did everything for YOU
Because that’s what you do
When someone makes you feel as
Alive as you’ve made me feel.


You gave a six-year-old boy his Laker dream
And I’ll always love you for it.
But I can’t love you obsessively for much longer.
This season is all I have left to give.
My heart can take the pounding
My mind can handle the grind
But my body knows it’s time to say goodbye.


And that’s OK.
I’m ready to let you go.
I want you to know now
So we both can savor every moment we have left together.
The good and the bad.
We have given each other
All that we have.


And we both know, no matter what I do next
I’ll always be that kid
With the rolled up socks
Garbage can in the corner
:05 seconds on the clock
Ball in my hands.
5 … 4 … 3 … 2 … 1


Love you always,
Kobe

On rentre dans le méta de l’au revoir à ce niveau. Il joue pourtant presque 31 minutes par match avec 16.4 tirs tentés par match pour seulement 16.9pts marqués et un piteux 35% de réussite. Encore une fois, cette tournée hommage ne le décourage pas le moins du monde dans ses choix, sa façon de jouer:

J’ai la chance de profiter encore un peu de tout ça, après 19 ans où je me suis complètement concentré et immergé dans le basket. Une année pour me relaxer et me sentir bien quel que soit mon jeu, tant que je fais ce que je peux, ça me va. Franchement, même si je joue comme une merde, je sais que j’ai travaillé très très dur pour ne pas le faire. Je fais toujours ce que je peux.

Kobe a d’ailleurs demandé à ce qu’aucune cérémonie particulière ne soit tenue lors de ses matchs à l’extérieur, et qu’il préfèrerait entendre des huées que des applaudissements. Même les Celtics et les Kings n’ont pas répondu à sa demande. Le public l’a d’ailleurs une fois de plus élu au All-Star Game, leader incontesté avec 1.9 millions de votes devant Steph Curry (1.6). Dans la parodie de basket qu’est ce All-Star, il termine avec 10pts, 6rbds et 7ast, quand bien même ses coéquipiers ont voulu lui passer le ballon pour qu’il remporte le titre de MVP. Le coach des Spurs a un mot pour ce dernier match des étoiles:

Gregg Popovich: Le voir partir, comme ça, c’est un vrai passage de témoin entre générations. Il a été une telle figure iconique, pendant si longtemps, il passe le témoin à tous ces jeunes joueurs qu’on a vu ce soir

Cette grande, longue et fructueuse épopée se termine avec panache. Il fallait régler son réveil sur 4h du matin dans la nuit du mercredi 13 avril 2016 afin de voir le dernier match de Kobe Bryant en NBA – et accessoirement, le record des Bulls en saison tomber dans l’escarcelle des Warriors 73-9. Que dire à part que le choix fut rudement malin! Le début du match donnait le ton: 17 points de Kobe dans le premier quart-temps, ses coéquipiers lui donnent TOUS les ballons. Il n’y a, en fait, que des joueurs pour faire de multiples écrans et lui permettre de se démarquer autant que possible.

Les Lakers sont menés à la mi-temps (52-42) par le Jazz, Kobe est à 22pts marqués pour 7/19 au shoot, on pense alors que le show sera rapidement bouclé. C’est sans compter sur la nature intrinsèquement compétitive de ce joueur. Il prend les choses en main dans le troisième quart, atteignant la barre des 32pts à 12/30 au shoot. Puis viennent les 35pts avec ce tir tellement signature-move de sa part.

Tous les fans veulent voir Kobe atteindre la barre des 40pts, il peut encore prendre un wagon de tirs si ça lui chante, on est là pour dire au revoir. Il reprend la confiance inébranlable qui est la sienne, remporte des one-on-one avec ses fadeaway jumpshots, il atteint la barre des 40pts à 15/38 au tir. L’ambiance est frénétique, il n’y en a que pour Kobe, il claque les 43pts puis les 45 à 17/44 au tir. Il reste 4:38 à jouer, on se dit que la barre des 50 est atteignable, il a déjà battu le record de points marqués sur un dernier match en carrière. On le voit suer à grosses gouttes, il a la machoire balante, les mains sur les genoux, des signes qui ne trompent personne, il est lessivé.

Byron Scott avait prévu de le sortir mais il refuse. Boom, il atteint 51pts puis 56 et ramène ses coéquipiers à un point du Jazz. What? Un record au scoring et une victoire, serait-ce possible? Oui, il veut partir sur une victoire, c’est son mantra qui le guide à cet unique constat, cet unique résultat possible. Puis…

Il aligne 58pts à 22/50 au tir, les Lakers sont devant avec 31.6 secondes à jouer! Utah est obligé de faire faute après un tir manqué, la balle est donné à Kobe qui va atteindre une barre symbolique, les 60pts, sans trembler aux lancers-francs, le sang-froid, encore, toujours! Techniquement, shooter à 44% en prenant 50 tirs dans un match, c’est quand même une prouesse. La dernière ligne de stats de Kobe Bryant: 60pts à 22/50 au shoot, 6/21 à 3pts, 10/12 aux lancers, 4rbds, 4ast, 1st, 1blk et 2To, perf’ à voir et à revoir:




Quatre joueurs dans l’Histoire de la NBA ont tenté au moins 50 tirs dans un match: Wilt Chamberlain (14 fois), Elgin Baylor (1), Rick Barry (1) et maintenant, Kobe Bryant. Le plus vieux joueur à planter un match à 60pts, c’était aussi Wilt Chamberlain à 32 ans. Il y aura maintenant Kobe Bryant, à 37 ans. Ce sont en réalité des performances d’un autre âge, d’une autre époque du basket que Kobe nous aura présenté.

Son speech, à la fin du match, reflète aussi le bonhomme: un amour pour les Lakers, pour la victoire et ce commentaire, cinglant, montrant qu’il est parfaitement conscient du rôle qu’il a pu joué auprès du grand public, de ses coachs, ses coéquipiers et ses détracteurs:

Le plus drôle ce soir, je vais vous dire ce que c’est: on m’a demandé pendant 20 ans de passer le ballon plus souvent à mes coéquipiers mais aujourd’hui, ce que tous les joueurs me disaient, c’était: NE PASSE PAS LE BALLON!

Ecrit par:

N.K

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